Chapitre 56

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Quand le décompte arrive à zéro, on entend à travers la ville des coups de feu éclater, et des sirènes se mettre en marche. Aussitôt, un boucan pas possible se fait entendre à travers la ville. J'ai peur de ce que va mettre en place l'Union pour stopper la résistance. Si elles décident d'utiliser la puce donnée aux membres de l'Union après quatre ans de mariage, celle qui permet de ne pas être affecté par un bruit strident qui est utilisé comme une arme, je ne sais pas qui va y résister... Les résistants qui ont reçu la puce, ça c'est sûr, mais ils ne sont pas beaucoup. Et les membres de l'Union qui n'ont pas encore reçu cette puce ?

Trop de questions. Je jette un coup d'œil aux différents duos qui gardent les portes et sur qui j'ai vue. Ils ont apparemment tiré quelques coups de semonce pour dissuader les gens présents dans le bâtiment de sortir.

Les six personnes postées à l'entrée principale sont elles aussi en position d'attaque. J'attends toujours de savoir comment vont réagir les dirigeantes face à notre attaque. Normalement l'espion n'a pas eu le temps de les prévenir, nous avons donc avec nous l'effet de surprise, qui peut faire pencher la balance en notre faveur.

Soudain, j'entends autour de nous les radios, télés, et tous autres moyens de communication s'allumer, et la voix de la porte-parole des dirigeantes s'exprimer :

— Membres de l'Union, l'heure est grave. Le groupuscule de rebelles que nous combattons depuis tant d'années a ce soir décidé de nous attaquer. Nous, l'Union Féminine, n'avons rien fait de mal pour subir une attaque menée ainsi pour «le bien des hommes». Nous vous demandons donc de rester barricadés chez vous, ou de venir vous battre aux côtés de nos soldats. Sachez que ces rebelles seront matés avant la fin de la nuit, et qu'il est donc inutile de les rejoindre, dans l'espoir d'une quelconque victoire de leur part. Je vous rappelle également que la...

Soudain le discours se coupe, et à la place, j'entends distinctement la voix du général :

— Mes amis, c'est le général de la résistance qui vous parle. Sachez que nous avons une forte chance de gagner cette bataille, que nous préparons secrètement depuis plusieurs années, pour libérer les hommes et leur donner autant de droit qu'aux femmes. Nous voulons prendre le pouvoir certes, mais aucun mal ne sera fait aux innocents. Nous n'attaquerons pas ceux qui resteront chez eux. Mais tous ceux qui seront dehors, auront le choix entre mourir et rejoindre nos rangs. Je suis désolé de vous annoncer cela, chers citoyens, mais la ville est en guerre !

Aussitôt à la fin de son discours, j'entends à travers la ville se propager une acclamation collective. Je crie également quelques secondes pour montrer que la résistance est partout en ville, puis me tais, de peur d'être repérée.

Alors que je me retourne pour regarder autour de nous, je vois la porte d'un immeuble à deux cents mètres derrière nous s'ouvrir. En sortent deux jeunes hommes, les mains en l'air, qui semblent chercher quelque chose.

Je les signale à Gwënaël qui les met en joue, avant de me lever, et de faire des signes de main à leur encontre. Ils me voient, et se dirigent tout de suite vers moi. Ils n'ont pas vu que je n'étais pas seule, et ne se savent pas en danger de mort, car sinon ils ne seraient pas aussi tranquilles. Cependant, cela ne les empêche pas de me dire :

— Nous voulons rejoindre la résistance.

Je souris. Je m'attendais à ce que des jeunes de l'Union se révoltent. Je ne dois cependant pas tomber dans un piège.

— Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes sérieux ?

— Rien, juste notre parole, mais sache qu'on en a marre d'être sous le joug de l'Union, et qu'on veut vivre. Vraiment. Et être libres !

Je hoche la tête, et questionne rapidement Gwënaël du regard sans qu'ils s'en aperçoivent. Ce dernier acquiesce à me requête silencieuse, et je me tourne vers les deux jeunes hommes.

— D'accord, vous pouvez rejoindre nos rangs. Vous n'auriez pas par hasard des armes ?

— Si.

Le plus grand des deux sort de derrière son dos deux pistolets. Ils auraient largement pu me tuer s'ils avaient voulu. Mais ils ne l'ont pas fait.

— Ok. Alors, si vous êtes décidés, vous n'avez plus qu'à rester ici, et à tirer sur quiconque essaye de sortir du bâtiment pas les arbres. Essayez de ne pas les tuer, juste blesser pour qu'ils ne puissent pas s'enfuir.

Ils hochent la tête, et se mettent en position. Ils ne savent toujours pas que Gwënaël est à deux mètres d'eux. Mais je ne compte pas le leur dire. Et lui, vu qu'il ne s'est pas trahi, je suppose que c'est parce qu'il veut les avoir à l'œil. Alors, fière de mon stratagème, je leur dis :

— Je vous laisse là, je vais parcourir la ville au cas où il y aurait d'autres personnes comme vous qui voudraient rejoindre la résistance. Et au fait, déchirez une manche de votre T-shirt, comme ça vous serez reconnaissables. Ce n'est pas facultatif.

Et tandis que les deux gars font ce que je leur ai dit, et que Gwënaël me maudit intérieurement, je pars à travers la ville, munie seulement de deux pistolets et d'une cinquantaine de balles.

L'Union FéminineWhere stories live. Discover now