Chapitre 14

162 23 2
                                    

Alors que mon dessin commence enfin à ressembler à quelque chose, je vois du coin de l'œil que quelqu'un s'accoude à la rambarde à côté de moi. Je ne me tourne pas vers lui, trop concentrée sur mon carnet, et sur ce dessin que je dois finir.

Cependant, j'entends la personne parler.

— C'est toi la nouvelle en div quatre ?

Sa voix est grave, et elle vient de haut. En même temps je ne fais qu'un mètre soixante-deux. Mais le mec à côté de moi doit bien faire vingt centimètres de plus que moi !

— A ton avis.

Je pense que depuis que je suis arrivée, tout le monde sait qui je suis. Sauf peut-être les paumés de service, dont je fais partie habituellement.

— Ne te fâche pas, c'est juste que sinon tu n'as rien à faire ici. Et je ne connais pas tout le monde ici, donc ma question est légitime.

— Oui c'est moi. Et toi, t'es qui ?

— Personne pour l'instant. Je ne préfère pas te dire qui je suis. Tu le sauras si jamais t'as un gros problème.

Je me tourne vers lui. Un gros problème ? Est-ce qu'il sera avec ou contre moi à ce moment-là ? Parce que vu comment il est bien bâti, comme tout le monde ici je sais, mais lui plus que les autres... je n'ai pas vraiment envie d'être son ennemie. Pourtant, c'est ce que je suis ici, pour tout le monde. D'ailleurs, s'il est là... C'est qu'il est au minimum en div quatre. Et je ne l'ai pas vu ce matin à la salle d'entraînement. S'il y avait été, je suis sûre que je ne l'aurais pas raté. Une bombe comme ça...

— Je sais que mon corps te plaît, tu es comme toutes les filles, tu baves devant. Mais je pourrais avoir ton prénom ?

Je rougis de m'être fait prendre. Je me concentre sur mon dessin et lui répond gênée :

— Adilya.

— Mouais... Tu voudrais pas que je te trouve un surnom ? Parce que Adilya, c'est long.

— Si tu veux.

Personne ne m'a jamais donné de surnom. Sauf ma mère, mais ça c'était avant, au sein de l'Union. Peut-être qu'ici est un nouveau commencement, et qu'un surnom ne me ferait pas de mal.

— J'hésite... Tu penses quoi de Lya ? Ou de Adi ?

-Adi, sans hésitation.

— n'allais pas l'autoriser à m'appeler Lya. Ça aurait été aller à l'encontre de ce que je venais de me dire intérieurement à l'instant.

— Va pour Adi. Bon, je te laisse, c'est l'heure de bouffer, et je compte bien me trouver une bonne table pour ne pas attendre d'être servi. Et au fait, ton dessin est pas mal du tout !

Je le remercie tandis qu'il descend les trois étages successivement. Je me dépêche de retourner dans ma chambre déposer mon carnet et mon crayon avant d'emprunter le même chemin que lui, en même temps il n'y en a qu'un, pour aller manger.

Je vois Elden qui me fait de grands signes depuis l'entrée des cuisines. Je le rejoins difficilement, car je dois passer entre plein de tables pleines à craquer de gens. J'arrive essoufflée à ses côtés, et vois bien qu'il se retient pour ne pas se moquer de moi.

— Si tu veux bien m'aider à distribuer des plateaux pour deux personnes à chaque table, tu auras le droit à un supplément du chef quand tu prendras ton repas.

J'accepte sans hésiter. Nous sommes une dizaine de personnes à déambuler dans le foyer pour distribuer des plateaux à qui mieux mieux. Je fais mon possible pour éviter les gens de ma division, et vu qu'ils mangent ensemble, ça ne pose pas trop de problème. Par contre, je suis déçue de ne pas retrouver le gars de tout-à-l'heure. Pourtant avec sa carrure, ses cheveux noirs à la coupe militaire et ses yeux bleus, il ne devrait pas être si difficile à repérer !

A un moment j'aperçois ma mère, et je lui fais un geste de la main. Elle est déjà servie, et beaucoup trop inaccessible pour que je puisse aller lui parler, je la croiserai à un autre moment, de toute façon...

L'Union FéminineWhere stories live. Discover now