Chapitre 51: Retour au calme

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Finalement, le conducteur arrête la voiture à la pompe à essence et descend du véhicule pour ouvrir la portière de Maël. Ce dernier descend à son tour, sans un mot, et l'Alpha pose une main sur son épaule avant de s'adresser à lui avec bienveillance :

- Est-ce que tu peux aller nous acheter à manger, s'il te plait ? Elisabeth a besoin de manger pour cicatriser, prend lui n'importe quoi qui lui ferait plaisir. Je vais mettre de l'essence en attendant. Ça te va ?

Mon petit frère hoche la tête puis s'en va en direction du magasin de la station service, la démarche tendue. De l'autre côté de la vitre teintée, je vois l'Alpha remettre de l'essence en observant discrètement à droite et à gauche. Après plusieurs secondes pendant lesquelles son environnement semble plus intéressant que remettre de l'essence, il finit par ranger la pompe pour s'asseoir de biais à la place de Maël, face aux autres pompes à essence. Il ne dit rien, mais quelque chose a l'air le contrarier. J'ai un pincement au coeur lorsque l'idée que j'en sois la cause me traverse l'esprit, alors je baisse la tête afin de fixer le sol feutré à mes pieds.

- Sache que l'essence est un puissant inhibiteur de l'odorat, déclara-t-il d'une voix basse à mon intention. Mais j'ai cru percevoir l'odeur de trappeurs. Et... il se trouve que les passagers de la camionnette grise semblent parler de l'attaque à l'entrepôt.

Intriguée, je relève la tête pour regarder la camionnette en question. Je vois deux femmes en train de discuter, ainsi qu'un homme vêtu de noir faisant le plein. La seule chose que je sens est la forte odeur d'essence, et la seule chose que j'entends est le trafic à grande vitesse sur l'autoroute. Néanmoins, je reconnais une des femmes.

- Celle avec la jupe crayon était à l'entrepôt, finis-je par déclarer timidement. Elle venait me voir avant que...

Je ne finis pas ma phrase, mais l'Alpha ne m'en tient pas rigueur et reprend la suite:

- Ils sont en train de parler du fait qu'ils ont perdu tous les Métamorphes et beaucoup d'hommes. La femme que tu as vue m'a l'air assez haut placée. Tachons de faire profil bas.

A cet instant, Maël revient avec un sac en papier qui semble bien rempli. Il a l'air de s'être détendu, mais des résidus de colère restent accrochés à ses traits.

- Voilà, Evan.

- Merci beaucoup, nous pouvons y aller. Et veille à ne pas nous encastrer dans la bannière de sécurité, le prévient-il avec une pointe d'amusement.

Ce dernier parvient à arracher un léger sourire mon petit frère, puis celui-ci dépose le sac au pied du siège arrière avant d'ouvrir la portière côté conducteur.

- C'est une belle voiture que vous avez là, déclara une voix enjôleuse que je n'aurais jamais pu associer au visage de la femme à la jupe crayon sans la voir s'adresser à l'Alpha.

- Merci, j'ai travaillé dur afin de me l'acheter. Maintenant, si cela ne vous dérange pas, il nous reste de la route et nous sommes attendus.

- La famille, je présume.

Ses minauderies forcées m'impressionnent, encore plus lorsqu'elle pose sa main manucurée sur l'avant-bras de l'Alpha. A cet instant, je vois les sourcils de mon petit frère se froncer tandis que ses muscles se bandent sous la tension.

- Vous ne présumez que trop bien. Mais vous comprendrez donc nos obligations...

- Oh oui, je comprends les liens qui vous unissent tous, laissa-t-elle trainer en glissant sa main jusqu'au poignet de l'Alpha autour duquel se tient un bracelet en cuir tressé orné d'une pierre bleue. C'est douloureux ? D'en perdre un, je veux dire.

Sans PrétentionWhere stories live. Discover now