Chapitre 9: Trappeur et fourrure

227 17 0
                                    

- Partez tout de suite, vous êtes sur le territoire du Clan Rubis, dit Zack d'une voix autoritaire.

- Ça j'le sais, gamin. Sauf que vois-tu, je n'aime pas revenir les mains vides.

- Et moi je n'aime pas que des étrangers s'aventurent sur mon territoire.

Le trappeur crache à côté de lui, et Zack bondit à une vitesse folle, se transformant dans son élan. Une assourdissante détonation retentit dans toute la forêt, je pousse un cri et tombe sur les fesses dans ma panique. Le lion plante ses crocs dans le bras du trappeur qui hurle aussitôt, appuyant à nouveau sur la gâchette. Cette fois je me carapate derrière un grand tronc, priant pour que notre futur Alpha ne se blesse pas, voire pire. L'homme lui assène un bon coup de crosse dans la tempe. Le lion pousse un grognement plaintif, mais resserre son emprise et déboîte l'épaule de l'inconnu dans un sinistre craquement et hurlement. Ce dernier sort un poignard de sa taille et le plante en plein dans sa crinière fournie. Le lion grogne de douleur et arrache violemment le bras du trappeur, comme l'on arracherait la feuille d'un arbre. L'homme s'appuie lourdement contre la balustrade, son bras, ou plutôt ce qu'il en reste, dégoulinant de sang. Et c'est le visage contracté par l'agonie qu'il se munit d'un vieux revolver accroché à sa ceinture pour le pointer sur Zack. Ce dernier, une dague emmitouflée dans une crinière ensanglantée, s'empresse de lui sauter à la gorge. Seulement, le trappeur a beau être grièvement blessé, il n'en reste pas moins un trappeur, et tire trois coups sur le lion. Toutefois, l'animal semble ignorer les balles et plante ses crocs, déjà rouge de sang, dans le cou du type. Ce coup-ci, le trappeur lâche toutes ses armes tandis que sa tête bascule en arrière, les yeux exorbités. Le lion l'amène au sol et lui lacère le torse jusqu'à la chair, jusqu'aux muscles, jusqu'aux organes. Puis d'une grosse patte écarlate sur le cadavre en lambeau, il reprend sa prise sur sa gorge et tire d'un coup sec. La tête saute comme un bouchon de champagne, le sang coule, peignant de rouge une grande partie du lion.

Je pousse un atroce hurlement, et le lion tourne alors sa tête dans ma direction. Du sang recouvre tout son visage, sa crinière, et ses pattes, coulant à grosses gouttes. Des morceaux de chair sont coincés entre ses crocs acérés, dont quelques-uns tombent sur le sol à chacune de ses lourdes respirations. Le félin délaisse le cadavre pour s'approcher de moi. Je recule aussitôt mais trébuche sur une racine pour me retrouver les fesses au sol. Le lion s'arrête à quelques centimètres de moi, son visage près du mien, et la gueule dégageant une odeur fétide. Je sens quelques gouttes de sang me tomber dessus, mais aussi quelques morceaux de chair. Un frisson me parcourt et un haut-le-coeur monte en moi.

C'est alors que le lion rapetisse, se tasse, se meut bizarrement, pour finalement se transformer en humain. La dague plantée dans sa nuque de félin tombe à côté de moi, me ratant de justesse, tandis que je le fixe avec effroi. L'entièreté de son visage est couvert de sueur, de boue, et de sang, tout comme ses mains. De son cou, s'en déverse une quantité anormale, tandis que sa chemise complètement imbibée goutte sur mes jambes. Il lève lentement sa main sinistrement trempée, et la pose sur ma joue. Je me fige.

- Pourquoi tu as peur ? Je te l'ai dit, je ne vais pas te faire de mal.

- Ce... Ce sang... bablutiai-je

- Tu te répètes, tu ne trouves pas ?

Pardon...

Avec un sourire en coin, Zack passe son pouce sur mes lèvres. Une chaleur liquide les caresse, en même temps qu'un goût métallique se dissipe dans ma bouche. Cette fois, je ne peux me retenir et me penche sur le côté pour vomir. Zack se redresse dans un rire, et part s'appuyer contre la balustrade pour enlever les balles remontées à la surface de son abdomen lors de sa transformation. Je crache l'arrière-goût qui s'éternise dans ma bouche, et me lève, les jambes flageolantes, pour m'effondrer près du cours d'eau. Je prends de l'eau dans mes mains en coupe et la porte à ma bouche, perdant la moitié en chemin à cause de mes tremblements. Je finis par complètement me mouiller le visage, et nettoyer toutes traces de sang se trouvant sur ma peau.

Sans PrétentionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant