Chapitre 39: Les aveux

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Je finis par me lever et enfiler un gros sweat à capuche qui est posé sur une chaise, avant de sortir de ma chambre pour descendre dans la cuisine. A travers la grande baie vitrée, j'aperçois le soleil se coucher sur le village paisible. Mon ventre grogne, et je pose une main dessus, honteuse. Malheureusement, Gabin a dû l'entendre et apparait du salon, un grand sourire sur le visage.

- Elisabeth, tu descends enfin. Tu te sens mieux ?

J'hoche la tête en essayant d'être convaincante, bien que mon corps me fasse souffrir.

- Tu dois surement avoir faim, je te prépare quelque chose ! s'exclama-t-il avec entrain.

- Ne t'inquiètes pas... C'est gentil, mais... je vais juste manger un petit truc.

- Tu es sûre ?

- Tu... Tu as du pain ? demandai-je après avoir acquiesce.

- Oui, bien sûr !

Il me sort immédiatement une baguette du comptoir de la cuisine.

- Tu veux quoi d'autre ?

- Oh c'est parfait comme ça. Merci beaucoup...

Je coupe un bout de la baguette et commence à entamer le morceau sous le regard ébahi de Gabin.

- Tu ne manges que ça ?

- Je n'ai pas très faim... Et... je dois aller faire quelque chose.

- Tu m'inquiètes à si peu manger, ce n'est pas bon pour ta santé, tu le sais ?

- Je mangerai demain.

- C'est pas avec ce misérable bout de pain que tu vas battre une armée, alors ne t'aventure pas trop s'il te plait, dit-il avec un triste sourire.

- Ne t'en fais pas, je reste dans le coin.

- Très bien, dans ce cas...

Il prend un air qui se veut sérieux, et lève son index en l'air.

- Tu as la permission de minuit, mais pas plus tard.

- Merci beaucoup... Gabin.

- Fais attention à toi, conclut-il en souriant.

Je tente un sourire, et quitte le chalet avec mon bout de pain. Un calme apaisant règne dans le village, seulement interrompu par les quelques Métamorphes qui se promènent dans les allées. Le soleil couchant projette de jolis rayons orangés sur le lac adjacent, ainsi que sur tous les arbres de la forêt.

Lorsque j'arrive devant le chalet que je visais, je n'ai plus de bout de pain et peut-être plus autant de courage. Mais... je ne dois pas renoncer maintenant. Je m'avance et monte les trois marches du perron. Ce que je fais et m'apprête à faire... ils ne l'accepteraient pas, ils ne l'accepteront surement pas. Mais... je veux ressentir cette sensation qui habite Maël. Alors je prends une grande inspiration, bien qu'un peu tremblotante, et... Non, je n'arrive pas à toquer. Je baisse la tête sur le plancher, et entoure mes bras lancinants. Je devais me faire pardonner... J'ai trahi leur confiance, une fois de plus. Je ne mérite rien, et pourtant... je m'apprête à demander. Une seule et unique larme coule sur ma joue. Non, je ne mérite rien, je ne fais qu'empêcher les autres de progresser et d'être heureux. Je ne veux pas infliger ça de nouveau. Alors je renifle et tourne le dos à la porte de ce chalet. Je descends les marches du perron, les lèvres pincées et essuyant la larme sur ma joue d'un revers de manche.

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