Chapitre 16: Rencontres

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Nous quittons le chalet dans lequel j'ai passé la nuit, et je suis Gabin le long du lac azure dans lequel se reflètent de nombreux arbres. Tout le long du chemin, nous croisons les membres du Clan. La plupart déjeunent tranquillement sur les tables de pique-nique disposées dehors, devant les chalets en bois. Des femmes mangent joyeusement, des hommes parlent sereinement, et des enfants se courent après en rigolant. Un homme s'accroupit lorsqu'un enfant arrive vers lui, puis il lui tend ses bras pour le saisir et le lever dans les airs. Le gamin éclate de rire comme un bienheureux, avant que l'homme ne le serre dans ses bras pour embrasser sa tempe. Une femme arrive vers eux, toute souriante, puis se colle à l'homme en tendant un bout de croissant à l'enfant. C'est alors qu'un deuxième gamin, un peu plus vieux que le premier, accourt pour s'accrocher aux jambes de l'homme comme un petit singe.

- Papa !

L'homme repose l'enfant qu'il tient dans ses bras, et le second se réfugie contre lui. Celui qui doit donc être le petit frère ne s'en accommode pas et se fait, lui aussi, une place dans les bras de l'homme. La femme rigole, et pose une main sur l'épaule de ce dernier.

- Penses-tu raisonnable que je sois un peu jalouse de toi, chéri ?

L'homme redresse la tête vers la femme et lui sourit, une étincelle brillant dans son regard. Puis il se lève sous les protestations des enfants et embrasse la femme avec amour.

- Ils sont amoureux ! Ils sont amoureux !

Et telles de petites tornades, les enfants partent rejoindre ce qui semble être leur groupe d'amis.

- Elisabeth ? Tu viens ?

Sans m'en rendre compte, je m'étais arrêtée pour contempler cette étrange scène. Je me retourne vers Gabin et le rattrape en trottinant, quelque peu déboussolée.

- Je suis désolée...

- Il n'y a pas de mal. Mais tu semblais tellement absorbée par ce couple et leurs enfants que je n'ai pas osé intervenir plus tôt. Ne t'en fais pas, dit-il en souriant, tu retrouveras bientôt ta famille.

Je lui rends son sourire avec timidité, et me contente de garder les yeux rivés sur le sol durant tout le reste du trajet. De l'herbe, des graviers, encore de l'herbe, des dalles en pierre, beaucoup de dalles en pierre. Puis nous nous arrêtons. Je relève la tête et remarque que ce lieu est plus concentré que les autres. Il y a de grandes tables en bois, presque toutes remplies de personnes de tout âge, bien que la majorité tire sur la jeunesse. A notre droite se trouve le sublime lac, et à notre gauche: des chalets qui laissent entrevoir une forêt.

Gabin m'invite à avancer à travers les grandes tables de pique-nique, toutes recouvertes de différentes sortes de nourriture: pain, brioche, croissants, pains au chocolat, pains aux raisins, confitures, beurre, pâte à tartiner, jambon, pommes de terre, bacon, oeufs brouillés, champignons, fromage, thé, café, chocolat.

- Evan est là-bas, suis-moi.

Je m'exécute, et nous traversons les tables animées pour finalement arriver devant l'une à laquelle sont assises les personnes que j'ai rencontrées hier. Au bout de la table se trouve le mec disant aux cheveux bruns et aux yeux luisants de vert. A côté de lui se tient la fille étrange à la coupe de cheveux spéciale, au style vestimentaire inhabituel, et aux tatouages recouvrant une grande partie de sa peau visible. En face d'elle, la fille qui était à la berge me fixe de ses yeux brun foncé protégés par ses lunettes de vue sur lesquelles tombent quelques mèches platine. En revanche, je ne connais pas le reste de la tablée se composant d'une fille qui dessine avec application, d'un mec au style vraiment très étrange, et d'un autre mec plus « normal » comparé aux autres ici présents.

Gabin m'invite à m'asseoir à côté de Miss Platine, ce que je fais sans négocier, posant mes habits de la veille sur mes jambes. Car oui, je suis bien décidée à partir. Le corps maigre et affiné de Gabin s'installe à mes côtés, en face de Monsieur Distant. Qu'on me pardonne si j'ai oublié leurs prénoms, j'ai suffisamment honte de moi après tout ce qu'ils ont fait pour ma personne.

- Elisabeth ? m'interpella la personne assise en face de moi.

Ok, j'ai encore plus honte... Timidement, je relève la tête vers Monsieur Distant, et croise son regard aussi attentif qu'il est vert.

- Je suis Evan, l'Alpha du Clan Saphir. J'espère que Gabin s'est bien occupé de toi.

- Oh oui oui, c'était parfait ! répondis-je prestement.

Faut que je me calme là, non ? Mais j'ai paniqué ! Faut me comprendre, à part Père et Zack, jamais je n'ai rencontré d'autres Alphas. C'est une première pour moi, et bien que je tente de me remémorer toutes les consignes données par Maman et Marraine, les mots se mélangent dans ma tête sous l'appréhension. Faire honneur à l'Alpha. Etre toujours polie envers les inconnus. Etre aimable avec tous. Faire honneur au Clan. Faire honneur aux inconnus. Etre aimable au Clan. Faire polie envers l'Alpha.

- Tant mieux.

A mon plus grand soulagement, la voix de l'Alpha me ramène à la réalité. Toutefois, voyant qu'il ne continue pas de parler, je prends une grande inspiration et me lance.

- Je... Heu... Je vais repartir. Je ne veux pas... vous importuner plus longtemps.

- Ne t'en fais pas, me rassura l'Alpha, pour l'instant tu te conduis très bien envers nous, nous n'allons pas te jeter dehors.

- Me... Merci...

-  Comment vont tes blessures ?

Toujours plus gênée par l'attention que ce Clan me porte, je baisse la tête à la question de l'Alpha.

- Oh heu... Ça va. Mais... je voudrais vous remercier. Demandez-moi ce que vous voulez...

-  Que veux-tu que je te demande, Elisabeth ? Et puis tu ne nous dois rien, c'est normal de t'avoir aidé.

- Non, je veux vous remercier... Je... Heu...

Mes mains se crispent sur mes habits et je me mords l'intérieur de la joue. Faire honneur et faire preuve de reconnaissance, c'est ce que maman et Marraine m'ont toujours appris.

- Vous... Vous êtes l'Alpha, alors... je me donne à vous avant de repartir.

Toute la tablée pousse un petit hoquet de surprise, avant de se muer dans le silence. C'est alors qu'une personne en face se lève, les pas font le tour de la table, et une main se pose sur mon épaule. Je tressaille à ce contact, mais garde la tête baissée.

- Viens avec moi, gamine, faut qu'on parle toi et moi, déclara Miss Bizarre.

Je me fige, arrêtant même de déglutir. Peut-être suis-je tombée sur la favorite de l'Alpha ? La main sur mon épaule se resserre.

- Aller, viens.

A contrecoeur, je me dégage du banc, y laissant mes habits.

- On revient, accorde-nous juste quelques minutes, Evan.

Puis Miss Bizarre m'entraîne au loin, près de la rive du grand lac azure.

Sans PrétentionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant