Chapitre 40: Le médecin du Clan

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Les larmes se déversent tant sur mes joues que celles-ci se mettent à me piquer. Mes bras, ainsi que mon cou, me lancent horriblement. Je m'empresse donc d'enlever le gros pull qui couvrait mes blessures jusque-là, et dévoile ce que je ne voulais pas voir. Le sang a traversé certains endroits de mon bandage improvisé, alors je le défais d'une main tremblante. A chaque tour, le sang pulse plus fort dans mes bras et me fait grimacer. Et lorsque ces derniers sont enfin à nu... je contemple la réalité en face. Les blessures sont tellement nombreuses et la grande majorité se sont rouvertes, si bien que mon bras est presque complètement immaculé, allant même jusqu'à cacher les bleus qui étaient pourtant bien visibles.

Dans un gémissement douloureux, je prends appui sur mes mains, ce qui attise les horribles lancements qui courent sur ma peau. Mais je dépasse la douleur, et me lève pour aller m'effondrer trois mètres plus loin, au bord du lac. D'une main tremblante, je prends un peu d'eau afin de rincer mes bras couverts de sang. Cependant, à chaque fois que l'eau entre en contact avec mes plaies, je ne peux retenir un gémissement.

Puis soudain, je m'incline sur le côté comme si j'allais vomir. Toutefois, je ne vomis pas mais tousse à m'en brûler la gorge. Jusqu'à ce que mon oeil m'élance violemment. Je me penche immédiatement en avant, pressant mon oeil de ma paume, et essayant de retenir les gémissements plaintifs qui veulent de m'échapper. Mon oeil pulse, il me brûle, me tape, et me tourne. J'ai l'impression qu'on essaie de me l'arracher à main nue. Puis doucement... quelque chose de plus épais et plus chaud que des larmes, coule sur ma joue.

- Non... gémis-je. Non... Non.

Ma nuque me pique brusquement, et j'y porte aussitôt une main. Mes ongles se plantent dans une plaie ouverte et m'arrachent un cri empli de souffrance et de désespoir.

- Faut que ça s'arrête... Je veux que ça s'arrête.

Une nouvelle vague de souffrance comprime tout mon corps, et je me replie sur moi-même en gémissant. Mon front touche le bord du lac, rafraichissant mon être, ce qui me permet de retrouver mon calme. Je prends de profondes inspirations, tout en essayant de me concentrer sur autre chose: les oiseaux qui chantent par exemple, le son blanc de l'eau, ou encore les discussions au loin. Toutefois, ça ne marche absolument pas, au contraire, ça ne fait qu'empirer mon état. Ses yeux, son sourire, ses mots, ses caresses, ses baisers. C'est trop. Il est partout, il m'étouffe. J'étouffe, je me noie. Tout ce sang, c'est lui qui l'a fait couler. Tous ces animaux, c'est lui qui les a tués. Toutes ces femmes...

- Elisabeth ? m'interrompit une voix quelque peu incertaine.

Je relève brusquement la tête et me retourne tout aussi vivement. Cependant, c'était la chose à ne pas faire. Ma tête m'élance violemment, pulsant derrière mon oeil blessé. Les entailles me brulent, et les bleus me tapent. Mais... je parviens à porter mon regard sur l'arrivant, sur l'Alpha du Clan Saphir. Bien que ma vision chancelle et se brouille, je distingue sa silhouette qui se rapproche.

- Elisabeth ?

Puis sa silhouette se transforme, prend la forme d'un autre. Il a ses yeux, il a son sourire... Son regard, il m'effraie.

- Elisabeth, c'est moi, déclara la silhouette.

J'ai un mouvement de recul avant de finir les mains dans l'eau. Il est là, devant moi, avec ce même regard.

- Va-t'en !!

Ma voix se brise misérablement, et tout mon être se retrouve assailli par des milliers de sensations à la fois. Je pousse un gémissement plaintif, et sens mon corps chuter en avant sans que je n'aie aucun contrôle dessus.

Sans PrétentionWhere stories live. Discover now