Chapitre 15: Cicatrices

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Face au miroir, je me fige, les mains crispées sur le lavabo. Ce n'est pas mon reflet, je ne me reconnais pas. Une très fine entaille barre mon visage et de petits cicatrices marquent mon cou. L'entaille aura disparu d'ici demain, les cicatrices peut-être d'ici quelques jours, mais ça... Non, ça, ça ne disparaîtra jamais puisque ce n'était pas ainsi hier. Je me penche vers le reflet, fixant ses yeux; l'un coloré de brun, l'autre tristement grisonnant. Je porte ma main à la paupière, cachant l'oeil pâle, et la presse. Rien, aucune douleur, mais... Je couvre mon autre oeil, dévoilant alors un reflet flou. Je grince des dents et baisse la tête dans un soupire, tout en serrant le rebord du lavabo. Pourquoi cela m'arrive-t-il ? Qu'ai-je donc bien pu faire pour mériter cette marque indélébile ? Maman, petit frère, Marraine, Père, que penseront-ils en voyant cette blessure ? Et qu'en pensera Zack ?

Je sors de la salle de bain pour chercher un pull à capuche, avant de descendre les escaliers à pas feutrés, tête couverte. Plus le bois craque sous mes pas, plus j'essaie d'être discrète. Je ne compte pas partir en douce, mais je ne souhaite pas déranger, je ne suis pas chez moi.

- Salut, Elisabeth. Te voilà enfin réveillée.

Je me stop net dans ma descente, et aperçois Gabin me sourire depuis la cuisine. Je lui souris faiblement en retour et baisse les yeux sur les marches.

Je rejoins sa tignasse blonde dans la cuisine, et il élargit son sourire.

- Alors tes blessures sont guéries ?

Pour toute réponse, j'hoche la tête. Le coin des lèvres de Gabin se soulève en une expression amusée.

- T'es pas trop loquace, toi. Bon ça ne fait rien, je te comprends. Est-ce que tu veux manger quelque chose ?

Au mot « manger » mon ventre grogne, et Gabin explose d'un rire franc.

- Heureusement qu'il y en a un qui parle pour toi. Qu'est-ce que tu aimerais manger ? J'ai plein de trucs, mais je peux aussi demander aux autres si tu veux quelque chose de spécial.

- Oh non non, je vais prendre ce que vous avez... le rassurai-je timidement.

- Dans ce cas, j'ai du pain, de la confiture, des céréales, du lait, des oeufs, du fromage, du jambon, du beurre, du saumon, du—

- Me... Merci beaucoup, je me contenterai de céréales et de lait.

- Ça marche !

Il m'indique une place à la table de bar, puis fouille ses placards pour en sortir un bol, une cuillère, un verre, un paquet de céréales, et une bouteille de lait.

- Tu veux boire quelque chose ? Thé, café, chocolat, jus de fruit ?

- Du jus fruit est suffisant, merci beaucoup...

Gabin me sourit et pose une bouteille de jus devant moi, avant de s'appuyer contre le comptoir de la cuisine pour croquer dans une tartine de beurre. Timidement, je me serre quelques céréales et du lait, ainsi qu'un peu de jus de fruit.

- Je vous remercie sincèrement pour votre hospitalité.

- On n'allait pas te laisser croupir au bord de la berge, et sur notre territoire qui plus est. Ne le prends pas mal, mais parce que nous ne te connaissons pas, nous t'avons aussi invité à passer la nuit au Clan pour te surveiller.

Sans PrétentionWhere stories live. Discover now