33. Retour à Rozan : Shiryu

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Dédicace : Pour la choupinette de Clina, avec retard joyeux anniversaire. En espérant que tu apprécies.

Correctrice : Clina

Crédit image : lepetitprince22 sur Tumblr

Personnage : Dragon Shiryû, Shunrei

Mention de : Balance Dokho, Cygne Hyoga

Ship : aucun (enfin si Shiryu et Shunrei sous-entendu)

Type d'écrit : introspection

Arc temporel : après Hadès

Lieu : Rozan ou les Cinq Pics

Nombre de mots : 1407

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C'était toujours impressionnant de revenir dans ces contrées. Un calme serein l'envahissait à chaque fois que ses pieds foulaient le sol rocheux des montagnes protégeant Rozan et ses chutes d'eau. Shiryu se sentait chez lui dès qu'il commençait à gravir le petit sentier quasiment invisible qui serpentait dans la montagne. Il fallait connaître le chemin pour arriver au Cinq Pics. Le Dragon savait qu'il fallait être dans le secret pour arriver là où il avait grandi, ce qui devait expliquer que ses amis ne s'y risquaient pas très souvent. Il était sûrement plus simple de trouver l'isba de Hyoga dans les plaines désertiques sibériennes que la cascade de Rozan. C'était son petit coin de paradis depuis qu'il avait posé les pieds ici pour la première fois, il y avait bien des années de cela... C'était étrange de se souvenir de ce moment qui avait marqué le début réel de son entraînement de Saint d'Athéna. Shiryu inspira l'air pur ambiant et il ferma les yeux un instant. Malgré le poids de sa Pandora Box renfermant l'Armure Sacrée de Bronze du Dragon, il se sentait tout à coup très léger.

Le vent, qui soufflait dans les arbres et sur les sommets montagneux, était pour lui une mélodie apaisante. Il replongea dans le souvenir de son arrivée ici, bien des années avant, quand il était un enfant de sept ans. En quittant l'orphelinat de la Fondation Graad, après le tirage au sort de leur lieu d'entraînement, Shiryu ne savait pas trop à quoi s'attendre. La Chine était un pays étranger dans sa tête d'enfant, dont il ne connaissait pas grand-chose et dont il ne parlait pas la langue. Ils avaient appris le japonais bien sûr, mais aussi l'anglais et le grec, puisqu'ils allaient servir une Déité grecque. Il semblait logique d'apprendre la langue du pays d'origine de la Déesse Athéna. Il s'était demandé longuement durant le trajet pour arriver à Rozan ce qui l'attendait ici. Quel genre de Maître aurait-il ? Serait-il seul ou y aurait-il d'autres apprentis ? Il partait à nouveau pour l'inconnu laissant derrière lui des amis devenus comme des frères, avec qui il avait grandi pendant quelques années. Il ne pouvait qu'espérer qu'ils gagneraient eux aussi leur Armure et qu'ils reviendraient. Il ne pouvait qu'espérer pour le moment. Mais avant tout il devait se concentrer sur son entraînement personnel.

Et Shiryu avait eu de la chance. Le vieux Maître était quelqu'un de sage et profondément bienveillant, qui avait à cœur de bien éduquer son disciple. Il était juste, bien que stricte. Il lui avait enseigné ses techniques de combat ainsi que les codes de vie des Saints d'Athéna. Maître Dokho avait favorisé son esprit d'analyse et de réflexion, lui avait appris à observer et comprendre les autres et chaque situation pour faire le meilleur choix. Il lui avait enseigné le mandarin bien sûr et la philosophie. Dokho avait un grand savoir, ce qui au vu de sa très longue vie n'avait rien d'étonnant. Il avait donc formé autant le corps que l'esprit de Shiryu. Il avait fait son disciple probablement à son image et selon ses principes à lui. De plus il connaissait beaucoup de mythes et d'histoires, il lui avait aussi parlé des autres Sanctuaires et des anciennes Guerres Saintes. Oui, le Dragon avait eu un bon Maître, il avait grandi dans un environnement paisible et favorisé. Surtout s'il comparait avec ce qu'avaient vécu certains de ses frères pour gagner leur Armure Sacrée.

Puis il avait eu la chance de rencontrer et de grandir avec Shunrei. La jeune fille était un élément des plus positifs dans sa vie depuis leur rencontre. Elle était la fille adoptive de Dokho et elle avait toujours pris soin d'eux. Excellente cuisinière, elle veillait sur les repas et la tenue de la maison. Elle le soignait aussi quand les entraînements avaient laissé des traces ou qu'il était malade. Shunrei était parfaite dans la tête de Shiryu. Et elle participait à certaines leçons elle aussi, apprenant les langues, les mathématiques et l'Histoire avec lui. C'était son petit rayon de soleil. Elle lui rappelait souvent pourquoi il devait réussir son entraînement. Et elle l'encourageait tout le temps. Au départ, elle avait écouté le Dragon quand il parlait de ses amis, de leur absence qui lui pesait quand même. Avec les années, ce poids avait diminué et il s'était de plus en plus attaché à son amie, présence réconfortante et positive s'il en était. Après la Galaxian War, Shiryu avait compris la chance qu'il avait eue d'être le seul disciple de Dokho et de vivre aux côtés de Shunrei. Il avait été plus chanceux que certains de ses frères d'armes.

Quand il rouvrit les yeux pour les poser sur le paysage sauvage et montagneux, Shiryu avait un sourire. Il prenait toujours son temps pour rentrer chez lui. Il laissait ses réminiscences lui revenir lentement, hanter son esprit et apaiser son âme parfois tourmentée par les combats. Ici, il arrivait à se ressourcer. Et cela lui demandait juste de profiter de la solitude et de la nature autour de lui. Il préférait revenir avec le sourire auprès de Shunrei, pour apaiser ses craintes à son sujet. Alors il laissa ses yeux se balader sur tout ce qu'il pouvait voir : le torrent descendant des montagnes, les pics enneigés en arrière-plan, les arbres et autres plantes de hautes montagnes brodant le chemin de terre qu'il devinait plus qu'il ne le voyait. Son sourire se fit plus grand. Et toute la tension, qui avait dû tendre tous ses muscles depuis qu'il avait quitté le Sanctuaire pour revenir chez lui, le quitta d'un seul coup. Ce lieu avait en général un immense pouvoir sur lui. Et il le savourait comme à chaque fois.

Shiryu inspira profondément l'air froid et pur de la montagne. Les odeurs, qui chatouillaient son nez, lui rappelaient la maison. Chaque chose avait le pouvoir ici de raviver un souvenir agréable dans son esprit. Le Dragon avait vraiment besoin de cette pause et de ce retour chez lui. Après un dernier regard pour le paysage, Shiryu reprit sa marche. Il réajusta les sangles de l'urne de son coffre d'Armure sur ses épaules. Il n'en ressentait plus le poids depuis qu'il était arrivé à Rozan. Et il accéléra le pas d'un seul coup, il était pressé d'arriver à la petite maison surplombant les chutes de Rozan. Les Cinq Pics étaient un endroit merveilleux et très serein. Puis il avait hâte de revoir Shunrei, de l'enlacer et de lui dire qu'il allait bien, qu'il était revenu. Et il espérait que cette fois-ci il ne repartirait pas trop vite pour d'autres combats. Le Dragon suivit le sentier qui serpentait vers les hauteurs. Il aurait pu utiliser la vitesse du son ou de la lumière. Mais il avait aussi ce besoin de prendre son temps, de revenir à rythme humain chez lui.

Ce fut avec un sourire encore plus grand qu'il arriva près de la maisonnette. Il embrassa de son regard l'ensemble d'un décor bien familier. Et il éprouva à nouveau le réconfort que se sentir chez soi avait sur son âme. Il eut un sourire léger et il soupira de bien-être. Lentement, il déposa sa Pandora Box au sol. Agenouillé face à elle, il posa une main sur le dessus de la boite. Shiryu eut une pensée pour l'Armure Sacrée du Dragon qui y reposait. Il la remercia à nouveau de sa protection et de son aide, conscient qu'il devait beaucoup à sa constellation protectrice et à son Armure Sacrée. Il entendit des bruits de pas venir dans sa direction. Lentement, il se remit debout et il fit volte-face. Il lui offrit son plus beau sourire. Shunrei avait glapi en le voyant et elle avait porté ses mains à sa bouche de surprise. Elle ne savait jamais vraiment quand il revenait de toute manière. Après quelques secondes, la jeune fille se précipita sur le Dragon. Shiryu referma ses bras autour du corps fin et il cacha son nez dans les longues mèches noires. Il caressa son dos avec douceur alors qu'il devinait les larmes qui perlaient à ses paupières.

« Tu es revenu. », murmura Shunrei en relevant la tête pour l'observer.

« Comme toujours. Et je reste cette fois-ci. », promit-il alors qu'il la libérait de son étreinte pour essuyer ses joues humides de larmes. Oui, il se sentait enfin chez lui, il avait retrouvé son petit paradis hors du temps et du monde.



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