9 - Boxing

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Il fallut pas loin de deux mois à Chiyo pour parvenir à boucler le parcours en vingt minutes comme le lui avait imposé Takamura. La première fois qu'elle réussit, elle repoussa la porte du gymnase avec un air victorieux, avant de devoir abandonner l'entrée, la main sur la bouche, pour aller vomir sous les rires des boxeurs.

Durant ces deux mois, elle n'avait pas manqué de payer consciencieusement l'abonnement de la salle, toujours avec son argent de poche.

– Tu n'es pas obligée, lui avait dit le vieux coach alors qu'elle lui tendait l'argent du mois. Tu ne fais que courir pour le moment. Garde tes sous pour plus tard.

Mais Chiyo avait insisté, une expression bornée sur les traits.

– Si je ne fais que courir, lui avait-elle dit, c'est de ma faute, vous n'y êtes pour rien. Alors je ne vois pas pourquoi vous devriez y perdre. Et puis ça me fait une motivation supplémentaire.

La motivation, Chiyo n'en manquait pas. Depuis le premier jour, elle enfilait son jogging et ses baskets chaque matin et elle allait courir le long de la rivière sous le regard stupéfait de sa mère. Il lui semblait que ce défi lancé à elle-même était une sorte d'épreuve destinée à se prouver qu'elle avait changé.

Fini la petite gourde naïve qui tombe en pâmoison devant un chef de gang débile ! Terminé la fille qui bave devant un stupide gang de motards ! Se répétait-elle en courant. Fini tout ça !

Quand elle triompha enfin, il lui semblait que c'était l'ancienne elle qu'elle venait de vaincre.

À partir d'aujourd'hui, je serai une autre personne ! Se promit-elle.

Sur un point en tout cas, elle avait raison. Deux mois à courir cinq kilomètres matin et soir avait modifié son physique. De petite et rondelette, Chiyo était devenue fine et svelte et ses lignes, maintenant presque athlétiques, faisaient envie à plus d'une, même si elle ne s'en rendait pas compte.

À peine Chiyo était-elle rentrée de son jogging, que le vieux Gojō demanda à Tatsuya Kimura, un des boxeurs présent, de lui montrer comment mettre les gants et les bandes de protection.

– Les bandes servent à protéger tes mains à l'intérieur des gants, lui expliqua Kimura en lui montrant comment les enrouler. Alors que les gants eux, sont là pour éviter des blessures à ton adversaire.

Il finit de lacer les gants sur ses poignets et Chiyo s'étonna.

– C'est plus lourd que ce que je croyais, dit-elle.

– C'est parce que ce sont des gants d'entraînement, lui dit Kimura. Les gants de compétition sont plus légers, mais moins rembourrés.

C'est logique, se dit-elle. Si on veut mettre K.O. un adversaire, mieux vaut éviter les gants trop mous.

Elle rejoignit le vieux boxeur sur le ring et regarda autour d'elle. C'était la première fois qu'elle montait sur la plateforme. Le sol y était différent de celui de la salle, plus élastique. Sans doute était-ce prévu pour amortir les chocs en cas de chute.

Le vieux coach lui demanda :

– Tu te rappelles du coup que je t'ai montré le premier jour ?

Il avait enfilé des pattes d'ours – cibles rembourrées qui se tenaient à la main – et il l'attendait au milieu du ring. Chiyo hocha la tête.

– Oui, dit-elle, Le pouce à l'extérieur pour ne pas se blesser et le coude dans le prolongement du bras pour encaisser l'impact.

Le vieux parut satisfait. La vérité, c'est que Chiyo s'était entraînée à reproduire ce mouvement un nombre incalculable de fois en cachette dans sa chambre. Il lui tardait de retrouver le sentiment qu'elle avait éprouvé la première fois qu'elle avait frappé un sac de sable. Le vieux Gojō leva une patte d'ours.

Bad boy [Wakasa x OC]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz