92 - Introspection

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Chiyo ne parvint pas dormir cette nuit-là.

En rentrant un peu plus tôt, elle était allée trouver son père dans le salon. Bunji était assis devant la télévision et il regardait l'écran sans paraître le voir. Il était toujours aussi sombre.

– Papa, avait-elle commencé, je voudrais m'excuser pour tout à l'heure. Je n'aurais pas dû te parler comme ça.

Durant une seconde, il avait semblé ne pas vouloir répondre, puis il lui avait dit :

– Tu es amoureuse de ce garçon, pas vrai Chiyo ?

Chiyo s'était sentie rougir. Elle n'aurait jamais cru parler un jour de ça avec son père.

– Oui, avait-elle finalement reconnu.

Bunji avait grommelé.

– D'accord, avait-il finalement dit. Je veux bien que tu le fréquentes.

Chiyo avait ouvert des yeux abasourdis. Un instant, elle avait pensé éclater de rire et lui demander s'il pensait vraiment avoir le choix, mais avant qu'elle ait ouvert la bouche, elle s'était souvenue des paroles de sa mère.

De temps en temps, ils ressentent le besoin de montrer les crocs, de marquer leur territoire... Il vaut mieux les laisser faire.

Debout derrière le canapé, Chiyo était restée silencieuse. Puis elle s'était penchée pour prendre son père dans ses bras.

– Merci papa, avait-elle dit.

Bunji lui avait tapoté le bras, gêné.

– C'est bon, c'est bon, avait-il dit, allez ça va comme ça. Je crois... que ça n'est pas un mauvais garçon au fond. Même si cette boucle d'oreille lui donne un mauvais genre...




Quelques heures plus tard, étendue dans son lit, Chiyo contemplait le plafond, les yeux grands ouverts, sans parvenir à trouver le sommeil. Cette soirée lui avait donné à réfléchir et tout un tas de pensées se bousculaient dans sa tête.

La réaction de ses parents d'abord l'avait surprise. Autant celle de sa mère que celle de son père d'ailleurs.

J'étais vraiment à côté de la plaque, se dit-elle. Même Waka avait prévu comment ça allait se passer. Il n'y a que moi qui n'ai rien vu venir.

Tu n'y vois pas plus loin que le bout de ton nez, avait dit Ayumi et Chiyo devait reconnaître que sur ce point, elle avait raison.

Elle se laissa rouler sur le côté, un bras derrière la tête.

Je devrais peut-être écouter un peu plus souvent ce qu'on me dit, se dit-elle. Apparemment tout le monde sait mieux que moi ce qui se passe...

Elle se souvint que Mai avait prédit longtemps à l'avance les déboires qu'elle avait connus au début avec Wakasa et ce constat la mortifia.

Je ne vois jamais rien venir. Je suis une vraie cruche ma parole !

Finalement, incapable de rester plus longtemps couchée, elle repoussa sa couverture et elle se leva.




Elle alla s'asseoir dans la cuisine, un verre de lait posé devant elle.

La phrase qui l'avait le plus remuée ce soir, c'était en vérité celle que Waka avait prononcée avant de partir.

Si on a une fille...

Bad boy [Wakasa x OC]Where stories live. Discover now