78 - Gouffre

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Le lendemain, Chiyo quitta l'appartement à l'aube, à l'heure où elle avait l'habitude d'aller faire son jogging.

Mais au moment du petit déjeuner, elle n'était toujours pas rentrée.

Assis à la table de la cuisine, ses parents se regardaient sans savoir quoi faire.

Finalement, Bunji soupira.

– Laisse-lui un peu de temps Ayu, dit-il. Elle a sûrement besoin d'être seule. Ça n'est pas rien ce qu'elle traverse.

Ayumi pinça les lèvres, mais elle ne dit rien. Tout cela ne lui plaisait pas. Depuis le début, elle savait que cette histoire de boxe professionnelle était une mauvaise idée. Et voilà maintenant que Chiyo disparaissait sans un mot.

Chiyo mon bébé... Reviens à la maison... Maman est là...

Mais elle ne pouvait rien faire à part se tordre les mains.

Bunji se leva pour se préparer à aller travailler.

– Et si... elle ne revient pas ? Murmura Ayumi.

Son mari la regarda. Il souffla à nouveau.

– Chiyo n'est plus la petite fille qui faisait un caprice quand tu ne lui faisais pas les couettes qu'elle t'avait demandées Ayu, lui dit-il. Elle est beaucoup plus forte que ça. Je le sais, je l'ai vue. Laisse-lui un peu de temps.

Bunji avait beau dire, Ayumi ne se sentait pas rassurée. Sa petite fille était en ce moment toute seule dehors, blessée, et on lui demandait de ne rien faire.

Chiyo... Rentre à la maison... On ira faire les boutiques toutes les deux, entre filles, on achètera tout ce qui te fait envie... Ça te changera les idées et tu oublieras bien vite cette histoire...

Mais elle savait qu'elle se mentait. Ça ne fonctionnerait pas.

La veille, lorsque Chiyo avait fondu en larmes dans les bras de son père alors qu'elle était restée muette avec elle, Ayumi avait ressenti une pointe de jalousie. Ces deux-là partageaient une passion, ils vivaient dans un monde dont elle était exclue, elle le savait même si ça lui coûtait de le reconnaître. Pourtant elle aurait aimé que Chiyo se tourne vers elle, qu'elle cherche du réconfort dans sa présence, que toutes les deux resserrent leurs liens mère fille dans cette épreuve. Mais c'était vers son père que Chiyo s'était tournée, comme elle le faisait depuis des mois.

Je ne sais pas quoi faire... Je ne sais pas comment aider ma petite fille...

Jamais Ayumi ne s'était sentie aussi impuissante qu'en cet instant.

Bunji se rendit compte de sa détresse.

– Ça va aller Ayu, lui dit-il. Fais-lui confiance, ça va aller.




En sortant quelques heures plus tôt, Chiyo avait machinalement commencé à suivre le parcours qu'elle faisait tous les matins. Mais rapidement, la vue des mêmes bâtiments, des mêmes endroits la rendit malade et elle bifurqua pour commencer à longer la rivière dans l'autre sens. Elle continua à descendre son cours en silence, se contentant de mettre un pied devant l'autre, regardant le sol pour ne penser à rien.

Vers midi, elle s'arrêta enfin et s'assit sur la pente herbeuse, au bord de l'eau.

Elle n'avait pas pris ses cachets ce matin et la douleur était de retour dans son épaule. Cela lui était égal.

C'est fini... C'est vraiment fini...

Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et ses larmes se remirent à couler sans qu'elle arrive à les arrêter.

Bad boy [Wakasa x OC]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora