42 - Premier rendez-vous

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Debout sous l'horloge de la gare, Chiyo consulta l'heure sur son téléphone pour la troisième fois en cinq minutes.

Je suis en avance... Je suis beaucoup trop en avance...

Elle trépigna d'un pied sur l'autre, son sac à la main et les yeux au sol pour éviter le regard des passants.

La veille, Wakasa l'avait attendue à la fin des cours près du portail du lycée. Lorsqu'elle l'avait vu, Chiyo avait senti ses joues s'empourprer et elle s'était figée sur place. Depuis leur tête-à-tête sur le pont deux jours plus tôt, ils ne s'étaient plus retrouvés seuls tous les deux et Chiyo appréhendait le moment où ça allait arriver. Mai l'avait aperçu à son tour et elle avait poussé Chiyo vers lui d'un coup de coude dans les reins avant de s'éclipser avec un sourire. Chiyo avait bien essayé de la foudroyer du regard, mais Mai avait déjà disparu dans un groupe d'élèves plus loin.

Wakasa s'était redressé en la voyant venir vers lui.

– Salut Chi.

– Salut.

La gêne s'était immédiatement installée entre eux. Même Wakasa semblait ne pas savoir quoi dire. Après un instant, il avait repris.

– Je me demandais... si ça te dirait qu'on passe l'après-midi ensemble demain, comme c'est samedi...

Il avait bafouillé et cela, plus que le reste, avait étonné Chiyo.

Il est vraiment... intimidé ?

Le garçon qui se trouvait devant elle ressemblait si peu à celui qui l'avait emmenée faire un tour il y a des mois de cela, qu'elle en était restée bouche bée.

– Oui... Avait-elle dit. Oui... Ça me ferait plaisir.

Devant l'entrée de la gare, Chiyo jeta une nouvelle fois un œil à son téléphone. Il était encore trop tôt.

Qu'est-ce que je fais ? Se demanda-t-elle en regardant autour d'elle. Je vais faire un tour et je reviens dans un quart d'heure ? Ça vaut peut-être mieux...

Cela faisait dix minutes qu'elle se tenait là, sous la grande horloge où ils s'étaient donnés rendez-vous, et sa présence commençait à attirer l'attention.

Elle se sermonna en silence.

Qu'est-ce qui m'a pris de venir si tôt ?

La vérité, c'est que ce matin elle était tellement nerveuse, qu'elle avait quitté l'entraînement avant la fin et elle s'était retrouvée sur le chemin de la gare bien plus tôt que prévu après être rentrée chez elle prendre une douche et se changer.

Depuis l'instant où Wakasa l'avait invitée, son cœur refusait de se calmer. Il lui semblait même que plus les heures passaient, plus il tambourinait à un rythme endiablé. Elle ne voulait pas imaginer ce que ça serait quand il serait là.

Chiyo était encore en train de se demander si elle devait attendre là ou aller se balader dans le quartier jusqu'à l'heure du rendez-vous, lorsque la voix de Wakasa la fit sursauter.

– Tu es en avance toi aussi ?

Son cœur lui parut jaillir de sa poitrine. Elle leva la tête et croisa son regard améthyste. Il souriait, vit-elle, mais pas ce sourire sûr de lui – presque arrogant – qu'elle lui connaissait. Non. Un sourire chaleureux. Chiyo se sentit sourire en retour et elle eut l'impression qu'une couverture chaude venait de l'envelopper.

– Oui, dit-elle à mi-voix. Je pensais qu'il y aurait plus de monde dans le train.

– Je comprends. Si tu veux je viendrais te chercher en moto la prochaine fois, ça t'évitera de prendre le train.

Chiyo se raidit inconsciemment et Waka se mordit la langue. Il reprit.

– Uniquement si tu veux, la rassura-t-il, on fait comme tu veux, il n'y a pas de problème.

Un sourire un peu forcé cette fois se posa sur les lèvres de Chiyo.

– Oui, on verra, éluda-t-elle.

Il lui désigna la rue du menton.

– On y va ?

Elle hocha la tête et elle le suivit. Tous les deux se dirigèrent vers le quartier voisin et ses avenues piétonnes bondées de monde. Ils marchaient en silence, le malaise était de retour entre eux. Un passant qui se serait retourné sur leur passage, aurait juré voir deux étrangers qui se seraient retrouvés côte à côte par hasard.

Chiyo baissa les yeux sur ses pieds.

Mais qu'est-ce que je fais là ? Se demanda-t-elle mal à l'aise. Je n'aurais jamais dû accepter de venir. D'ailleurs je n'aurais jamais dû accepter de sortir avec lui. On n'a rien à faire ensemble lui et moi. Qu'est-ce qui m'a pris...?

Un bruit de papier la tira de ses réflexions. Elle leva la tête et vit Wakasa sortir une sucette de son emballage. Il fourra le papier dans sa poche et mit la sucette dans sa bouche.

Il fronçait les sourcils remarqua-t-elle, mais cela n'enlevait rien à son charme. Au contraire.

Chiyo avait beau réfléchir, jamais un garçon lui avait fait ne serait-ce que la moitié de l'effet que Wakasa Imaushi avait sur elle. C'était presque incontrôlable. Elle avait l'impression que sa vie se mettait à tourner autour de lui dès qu'il était dans les parages.

C'est ça être amoureux ?

À côté d'elle, Wakasa avait le regard perdu dans le vide. Lui aussi était embarrassé. Tout cela était nouveau pour lui, il n'était pas sûr de savoir comment se comporter et il craignait à chaque instant de faire un faux pas. Séduire une fille pour la mettre dans son lit, ça n'avait rien à voir avec se faire apprécier de la fille qu'on aime. Wakasa prenait un peu plus conscience de la différence à chaque pas.

Comme toujours lorsqu'il était stressé, il ressentait le besoin de fumer. Heureusement l'idée de Chiyo fonctionnait toujours à merveille et il ne sortait désormais plus de chez lui sans une sucette dans la poche ou au moins le bâtonnet qu'il pouvait garder durant des heures dans la bouche.

Finalement elle avait raison, j'ai besoin d'avoir quelque chose dans la bouche en permanence, rit-il pour lui-même.

Son front se détendit et il sourit en silence.

– Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demanda-t-elle en remarquant son changement d'expression.

– Je me disais juste que tu avais raison, répondit-il. J'ai besoin d'avoir tout le temps quelque chose dans la bouche, comme un gosse !

Cette idée le fit rire tout haut et Chiyo l'imita.

– Ça n'était pas très gentil de ma part de dire ça, reprit-elle un instant plus tard.

– C'est la vérité, je ne t'en veux pas. Et puis, j'aime bien l'idée que tu te soucies de moi.

Il lui retourna un sourire qui lui fit manquer un battement de cœur et Chiyo rougit furieusement.

Il lui prit la main.

– On va manger un morceau ? Dit-il.

– On va manger un morceau ? Dit-il

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Bad boy [Wakasa x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant