89 - S'affirmer

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Chiyo appela le notaire le lendemain, juste après avoir annoncé la nouvelle à ses parents.

Très bien, lui dit-il, je m'occupe des papiers et je vous fais parvenir l'acte de propriété dans les prochains jours.

En raccrochant, Chiyo avait du mal à faire taire les battements effrayés de son cœur.

Ça va bien se passer, se répéta-t-elle, tout va bien se passer.

L'idée que Wakasa allait affronter ce nouveau défi avec elle la rassurait.

On n'y connaît rien en gestion ni lui ni moi, mais au moins je ne serai pas toute seule.

Son père l'avait immédiatement rassurée.

– Si tu as besoin de conseils, lui avait-il dit, n'hésite pas à me demander. Je n'ai pas toutes les réponses, mais j'ai pas mal de contacts dans mon travail et je trouverai bien quelqu'un qui saura. Et puis n'oublie pas que tu t'es chargée de cette salle toute seule pendant trois mois. Je suis sûr que ça va bien se passer.

Une semaine plus tard, le club Gojō rouvrit ses portes, sa nouvelle propriétaire à sa tête et Wakasa Imaushi à ses côtés.

– Tu vas garder le nom de la salle Chi ou tu vas le changer ? Lui demanda-t-il le jour de la réouverture.

Chiyo y avait réfléchi.

– Je crois que je vais le laisser tel quel, répondit-elle. Ce club restera toujours celui du vieux Gojō au fond et je n'ai pas envie de le voir autrement.

Wakasa prit sa main et serra ses doigts.

– Je suis content que tu m'aies demandé de t'aider Chi, lui dit-il. Travailler avec toi, c'est le truc le plus cool que je pouvais imaginer.

Son anniversaire approchait et, comme il l'avait déclaré à Shinichiro, Wakasa ne s'était absolument pas soucié de son avenir professionnel avant l'heure fatidique. La proposition de Chiyo tombait donc à point.

– Ne t'attends pas à un salaire mirobolant, lui répliqua-t-elle en riant reprenant les mots que le vieux lui avait adressés lorsqu'il l'avait embauchée. Je ne suis pas riche !




Tous les deux prirent peu à peu leurs marques au gymnase et les journées s'enchaînèrent les unes aux autres sans heurt. Le matin, c'était généralement Chiyo qui faisait l'ouverture et Wakasa la rejoignait une heure ou deux plus tard. Il avait toujours du mal à se lever le matin. Lui se chargeait essentiellement de coacher les adhérents. Dans ce domaine, son passé de voyou lui servait de recommandation. Rien de tel que d'être conseillé par un ancien chef de gang quand on voulait être respecté dans la rue. Chiyo, pour sa part, s'occupait plutôt des boxeurs qui recherchaient son expertise. Personne n'avait oublié que le vieux Gojō l'avait conduite aux portes de la gloire internationale et que seule une blessure l'avait contrainte à raccrocher ses gants.

Elle passait chaque jour plusieurs heures sur le ring, à tenir le lourd bouclier de frappe ou les pattes d'ours, pour montrer à tel ou tel sportif comment placer ses coups pour venir à bout d'un adversaire dans un match officiel. Wakasa n'était pas en reste, même si les techniques de combat qu'il enseignait n'avaient rien d'académiques et auraient fait grincer des dents le vieux boxeur.

Tous les deux finissaient souvent leurs journées épuisées, mais ils devaient encore ranger la salle et s'occuper de son entretien.

Senju et Inupi continuaient de venir, même si l'enthousiasme de Senju s'était étrangement terni cet été-là. La petite fille folâtre et exubérante avait cédé la place à une enfant grave et presque silencieuse. Wakasa en avait expliqué la raison à Chiyo, le petit frère de Shin, Mikey, avait tabassé Haruchiyo, le grand frère de Senju, au point de le défigurer et la fillette avait assisté à la scène.

Chiyo avait été abasourdie. Elle n'arrivait pas à imaginer ce petit gamin souriant à quatre pattes au milieu de ses legos en train de perdre le contrôle de lui-même au point d'envoyer un de ses amis à l'hôpital.

Je comprends qu'elle ait été choquée... Avait-elle songé.

– Qu'est-ce qui lui a pris, à Manjirō je veux dire ? avait-elle demandé.

– Aucune idée, avait reconnu Wakasa, j'ai juste entendu dire que c'était une histoire de jouet cassé, mais Shin n'a rien voulu me dire de plus.

C'était la première fois que Shin éludait ainsi une question que Wakasa lui posait et cela l'avait étonné. Waka avait le sentiment que Shin lui cachait quelque chose, comme s'il ployait désormais sous le poids d'un lourd secret dont il ne pouvait s'ouvrir à quiconque.

Wakasa refusa de s'avouer vaincu cependant. Shin était son meilleur ami et il comptait bien réussir à découvrir ce qui le tourmentait.

Chiyo et Wakasa terminaient habituellement leur journée chez lui et Chiyo ne partait généralement qu'à une heure avancée de la nuit. Jusqu'à récemment, c'était Wakasa qui la raccompagnait chez elle en moto, mais quand le temps avait commencé à se rafraîchir, Chiyo avait préféré prendre le train. Elle se souvenait trop bien à quel point on pouvait avoir froid en moto.




Un soir de décembre, Wakasa attrapa Chiyo par la taille pour l'empêcher de sortir du lit.

– Reste Chi... S'il te plaît... Dors ici... Dit-il en nichant son nez contre sa taille.

Chiyo se rassit à demi-nue et elle passa les doigts dans ses cheveux blancs.

– Tu sais bien que je ne peux pas, dit-elle. Mes parents m'attendent. Ils vont s'inquiéter si je ne rentre pas.

– Alors pourquoi tu ne viens pas vivre ici ? On serait bien tous les deux...

Le silence qui lui répondit était lourd de sens.

Wakasa finit par lâcher prise et il se retourna, face à la fenêtre. Chiyo n'avait jamais parlé de lui à ses parents, il le savait. Encore aujourd'hui, elle pensait qu'ils n'approuveraient pas leur relation et elle préférait la leur cacher.

– Waka... Soupira-t-elle.

– C'est bon, lui dit-il, t'en fais pas, c'est pas grave. Rentre bien. On se voit demain.

Pendant un moment, Chiyo sentit son cœur se serrer. Elle resta assise en silence sur le bord du lit.

Elle tendit la main et recommença à caresser ses cheveux tout en réfléchissant.

Après tout, se dit-elle, pourquoi pas ? Je l'aime et je sais que je peux compter sur lui. Il me l'a prouvé plus d'une fois. Il est loin le temps où je ne le lui faisais pas confiance...

Elle inspira.

– Waka, reprit-elle, est-ce que... ça te dirait de venir dîner à la maison, pour rencontrer mes parents ?

Elle avait le cœur qui battait à la volée dans sa poitrine et Wakasa se redressa à demi, surpris.

– Rencontrer tes parents ? Dit-il. Pour de vrai ?

Chiyo sourit et elle hocha la tête.

– Oui, dit-elle, maman va sûrement faire une syncope en te voyant, mais on s'en fout, non ?

– Oui, dit-elle, maman va sûrement faire une syncope en te voyant, mais on s'en fout, non ?

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Bad boy [Wakasa x OC]Where stories live. Discover now