Sensitive Love II : Submersion

09. Remède Magique

ALISON

Les yeux fermés, je tapote mon doigt contre mon verre au rythme de la chanson. Je reconnais la voix de Rihanna dans les haut-parleurs qui parvient à me bercer. J'aime cet état où je me retrouve tout juste après avoir pris une gorgée d'alcool ; je me sens tout de suite mieux.

Et peu importe si ça sonne stupide ou non, j'aime ce que ça me procure. Je m'en nourris comme si c'était la dernière chose que je pouvais éprouver. Je me coupe d'absolument tout, laissant le mal derrière moi.

Ce soir, j'autorise seulement le bon en moi, et c'est ce qui me convient. Dans cette totale plénitude, je prends alors une autre gorgée d'alcool quand une aura familière me rejoint. Ça n'a pas d'importance combien de temps s'écoule ; je saurai toujours la reconnaître.

En ouvrant les paupières, je tourne la tête vers un Aaron visiblement frustré et probablement incompréhensif face à mon comportement. Je ne sais pas quel genre de questions il a, mais au vu de son expression, il en a énormément.

— Rebonsoir, Aaron.

Face à la l'impassibilité de son visage, je hausse les épaules et me contente de le saluer de mon verre.

— T'as pris combien de verres, exactement ?

Je glousse à sa question absurde.

— J'en sais rien. Quatre, cinq, dix... J'ai arrêté de compter.

Son regard s'assombrit.

— Et comment tu vas payer tout ça ?

— Ton père m'a donné ça en dédommagement, lui expliqué-je en levant fièrement la carte bancaire comme un trophée. Je crois qu'il y a pas mal d'argent dedans.

Je range la carte à sa place en ne lâchant plus mon air joyeux tandis que le brun à côté de moi soupire en se passant la main dans les cheveux. Ses traits de visage sont fermés et je sens qu'il se retient de dire quelque chose.

Je penche la tête sur le côté, la posant sur mon poing en me mettant à le contempler. Je suis intriguée par lui et son comportement que je ne parviens pas à discerner. Je ne comprends pas très bien la montée de chaleur qui arrive en moi, si elle vient de l'alcool ou quelque chose d'autre. 

e veux me dire qu'Aaron en est à l'origine. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce qu'il est là. Je ne peux pas nier la solitude que je ressens ; l'avoir ici, ça me fait du bien. Je sais qu'Aria et Cameron sont là pour moi, mais j'ai l'impression d'être un poids pour eux.

Je n'ai pas ce sentiment avec Aaron. Jamais. Alors j'aime qu'il soit là ; j'aime sa présence à mes côtés.

— Tu veux goûter ? lui demandé-je en glissant mon verre contre le comptoir.

Il scanne le cocktail rouge que je lui tends d'un mauvais œil, apparemment pas très fan de Bloody Mary.

Face à son refus, je hausse simplement les épaules avant de m'en saisir. Ce n'est qu'une fois à quelques centimètres de mes lèvres qu'il me le prend des mains et qu'il le vide d'un coup. Je ne le vois même pas le vider : en un clignement, mon verre est vide.

Il reste quelques instants sans rien faire avant de se mettre à tousser, sur le point de s'étouffer, ce qui me fait éclater de rire.

— Pas un fan de vodka ?

Sans même qu'il n'ait à demander quoi que ce soit, le serveur lui offre un verre de soda, qu'il boit en plusieurs fois. Je le laisse à sa récupération et m'éloigne afin de changer la musique du bar. Toutefois, une vibration dans mon pantalon m'arrête.