Sensitive Love II : Submersion

44. Une Dernière Fois

ALISON

La voix est fragile, elle se brise sous l'emprise de l'inclination. Dans la salle, chacun de nous cesse de respirer. Nous sommes silencieux, mais les bruits qui l'entourent se rapprochent un peu plus dangereusement au fil des minutes, comprimant l'atmosphère. Mon cœur se serre. Il se réduit et éclate. J'enfonce mes ongles dans ma paume en fermant les yeux, tentant de d'apaiser la course effrénée de mon organe. Tous ces cris de peur et de panique qui recouvrent les couloirs deviennent de plus en plus forts et de plus en plus puissants. Je peine à respirer. Je peine à comprendre ce que tout ça signifie. Ce n'est qu'au bout d'une éternité que tout se stoppe, laissant place à un silence interminable. Autour de moi, seules les respirations saccadées des autres comblent cette torture. Mais je demeure incapable de respirer. La gorge nouée, j'ai l'impression d'être étouffée à mains nues. L'oxygène tente désespérément de se frayer un chemin jusqu'à mes poumons, mais la crainte qui s'est immiscé en moi l'en empêche.

L'impuissance me reprend d'assaut.

— Les secours sont sur leur chemin, nous murmure Garza dans une voix tellement faible que je manque de ne pas l'entendre. Prévenez vos proches de la situation, mais veillez à rester le plus silencieux possible. Tout se passera bien.

Tout va bien se passer...

Tout va bien se passer ?

La phrase dans laquelle j'étais plongée s'atténue peu à peu dès que je comprends les mots de notre professeur. Et alors que je vois déjà tous les élèves sur leur téléphone en train de taper des messages à leurs proches, j'entends un jurement presque inaudible derrière moi. Aaron. Je tourne légèrement la tête vers lui et remarque qu'il a les yeux dirigés vers son téléphone qui a l'écran éteint. Je devine rapidement qu'il n'a plus de batterie. Je récupère alors le mien pour prévenir sa mère. Je ne sais pas trop ce que je pourrais lui dire, mais la prévenir est la moindre des choses. Je sais qu'il veut la rassurer, si jamais elle est courant de ce qui est en train de se passer. Déverrouillant mon téléphone, je cherche immédiatement l'application Message jusqu'à ce que j'aperçois que je viens de recevoir un message. Il vient de Leyla et, pour me rassurer, je l'ouvre.

Mais je me retrouve bien loin du soulagement.

LEYLA :

Cameron vient de sortir.

Une seule phrase, rien d'autre.

Mon corps réagit au quart de tour. Cameron vient de sortir. Il est dehors, en plein danger et sans rien pour s'en protéger. Qu'est-ce qu'il est en train de faire ? À quoi pense-t-il ? Je n'ai pas le temps de me poser des questions parce que, tout de suite, Cameron est en danger. Il est face à quelque chose qu'il ne peut pas contrôler. Aussi instinctif que ça, je me lève d'un coup et me dirige vers la porte de derrière. Je sais que l'on refermera derrière moi, alors je ne perds pas de temps pour tourner la poignée.

— Alison ! chuchote Aaron, à quelques mètres de moi. Qu'est-ce que tu fais ?

J'entends également notre prof me demander de me rasseoir, mais je l'ignore. Je ne peux pas me permettre de rester ici sans rien faire quand mon ami un en danger. C'est impensable pour moi. Inimaginable.

— Cameron a besoin de moi, lui dis-je tandis qu'il se tient derrière moi. Il est sorti.

— Tu ne peux pas y aller, me rejoint-il alors en se plaçant devant la porte. C'est trop dangereux.

On nous demande de faire moins de bruit. De nous rassoir. D'arrêter de faire n'importe quoi et de rester à nos places. Je ne peux rien faire de tout ça. J'ai un mauvais pressentiment. Ce n'est pas une peur naïve, mais un réel sentiment que si je n'interviens pas, tout va mal se passer. Peut-être que je devrais la police faire son travail et attendre qu'ils arrivent, mais le temps n'est pas quelque chose que j'ai. Pas quand Cameron est en danger. Pas quand cette personne que je considère aussi grandement est dehors. Peut-être que c'est stupide. Peut-être que c'est dangereux. Peut-être que je réaliserai l'erreur que j'ai faite une fois sortie. Mais je dois tenter ma chance. Je dois me dire que je peux faire quelque chose pour lui. Parce qu'il y a forcément pour laquelle il est sorti. Il n'est pas du style à faire des choses stupides. Non, il doit forcément y avoir une raison.