23. À l'Abri des Regards

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AARON

Je suis dans le doute le plus complet.

Je continue de fixer Alison sans pouvoir m'en empêcher, complètement hypnotisé par ce qu'elle vient de dire. Je ne suis pas certain de comprendre ce que ça signifie. Ce que je sais, c'est qu'Alison n'est pas du genre à laisser entendre ce qu'elle ressent. Alors, qu'elle me dise qu'elle s'inquiète pour moi, j'ai du mal à le prendre comme si ce n'était rien. Tout ce que je voulais ce soir, c'était passer du temps avec elle ; je ne voulais pas le faire avec n'importe qui, seulement avec elle. Parce que si tout est encore compliqué avec ma mère, je sais qu'être auprès d'Alison me fait oublier pourquoi je suis aussi mal. Elle l'a remarqué, elle aussi. Jayden a été le premier à me questionner là-dessus et tout ce que j'ai pu lui répondre, c'est que je suis stressé par la fin d'année. Il sait à quel point j'en suis affecté, alors il ne m'en a pas demandé davantage ­– et c'était à moitié vrai, donc je n'ai pas vraiment menti. Néanmoins, je ne serais pas capable de faire la même chose avec Alison. Je ne veux pas lui donner des demi­-mensonges, pas après ce que j'ai fait.

Plus jamais je ne veux lui mentir.

Alors qu'elle s'est rapprochée de moi, je garde la bouche entrouverte, incapable de prononcer le moindre mot. Mes yeux restent aimantés aux siens comme si m'en détachant était contre-nature. Quelque chose a changé au milieu de cette pièce ; l'ambiance n'est plus la même depuis qu'elle a avoué ça. Je reste donc immobile ; je suis incapable d'effectuer le moindre geste face à l'explosion qui surgit dans mon cerveau. Face à elle, face à ces yeux, je suis incapable. Je n'ai aucune chance. Tout ce que je peux faire, c'est craquer. Prisonnier de sa beauté, je ne peux pas détourner le regard, je ne peux pas réaliser le moindre mouvement, je ne peux pas laisser la moindre parole. Je suis totalement incapable de quoi que ce soit, face à elle. Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour m'en sortir. Sans pouvoir la contrôler, ma respiration devient fébrile. Je ne sais absolument pas ce qui est en train de se passer.

— Alison...

Son prénom m'a échappé de la bouche ; ça semble l'étonner autant que moi. Les yeux droits dans les miens, je sens une étrange sensation dans ma cage thoracique, comme si quelque chose allait exploser. Un sentiment plane autour de nous, une certaine impatience. Inconsciemment, mon regard tombe sur ses lèvres. Je ne les ai jamais vues d'aussi près. Sans pouvoir y faire quoi que ce soit, je me mets à imaginer quelle saveur elles pourraient avoir si j'osais les goûter. J'essaie de deviner à quel point je pourrais en devenir addict. Cette pensée, toutefois, je la regrette presque automatiquement. Il faut que je vois les choses en face : elle est l'ex de mon frère et se remet tout juste de la révélation. Je ne peux tout simplement pas me permettre de penser comme ça. Seulement, je n'arrive pas à contrer ces pensées. Je ne parviens pas à retenir cette envie de la toucher, d'avoir mes mains partout sur elle et de l'entendre gémir mon nom. Putain de merde, je suis en train de péter un câble.

— Alison, je...

Battement après battement, je sens la pression monter en moi. J'entends sa respiration auprès de moi ; elle est en train de s'accélérer. Sous la lumière de la chambre, la lueur de ses yeux se transforme ; quelque chose apparaît. Ma gorge se noue sous ma nervosité. J'ai l'impression qu'à tout moment, je peux tout gâcher entre nous. Mais sans plus pouvoir y réfléchir, quelque chose se stoppe.

Le temps s'arrête.

Un.

Deux.

Trois secondes.

Je peine à respirer lorsque, l'instant d'après, mes lèvres et les siennes se retrouvent. Je n'ignore lequel de nous a engagé le mouvement, mais Alison se retrouve désormais sur mes genoux tandis que je me surprends à lui serrer les hanches. Sa bouche contre la mienne se retrouve au cœur de mon désir qui est incapable de s'arrêter ; je l'embrasse comme s'il n'y avait plus de lendemain. Alison pose ses mains derrière mon cou et les remonte doucement dans mes cheveux tout en s'efforçant de garder ses lèvres sur moi. Mes mains remontent son corps et l'agrippent un peu plus fermement en la faisant basculer sur le lit avec moi. Désormais au-dessus de son corps, je me détache d'elle et recule ma tête pour reprendre ma respiration. Elle fait la même chose de son côté, me détaillant également de la même façon que je le fais. Mes yeux parcourent son visage comme s'il était une œuvre d'art à la beauté époustouflante.

Sensitive Love II : SubmersionWhere stories live. Discover now