40. Dîner en Famille

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ALISON

Lorsque Madame Davis m'a invitée à un dîner en famille, je m'étais loin de m'imaginer ce qui m'attendrait. Alors que nous nous trouvons chacun autour de la table avec de nombreux plats face à nous, chacun discute de son côté. Je me trouve tout juste à côté d'Aaron et j'en suis reconnaissante parce qu'en dehors de sa mère, il est mon seul repère ici. Tous les deux, nous restons muets. Je ne sais pas vraiment comment je suis supposée me comporter avec lui. J'ai l'impression que quelque chose s'est arrangé, mais ne peux pas encore déterminer à quel point. Je ne veux pas risquer de le brusquer, même s'il affirme que je n'ai rien à voir avec cette personne qu'il a vu sur cet vidéo. Pour ma part, je ne crois pas en être si différente. Je ne crois pas qu'il faille beaucoup pour que je retourne à cet état-là. J'ai fait tout ça sous le coup de la drogue, je l'ai fait pour la drogue. Mais combien de pouvoir avait-elle réellement ? N'étais-je pas celle au contrôle ?

J'ai dû mal à répondre à ces questions, dernièrement.

— Aaron, dis-moi, intervient soudainement son grand-père depuis l'autre bout de la table. Comment se passe le lycée ? Et le football ? J'ai entendu dire que le tournoi s'était bien déroulé.

Ayant à peine touché à ce qui a été mis dans mon assiette, je tourne la tête vers Aaron qui, lui, a la bouche pleine. Il prend le temps de tout avaler avant de répondre :

— Ça se passe bien, oui. On a gagné le tournoi.

— Je n'en attendais pas moins de toi. Ton plan, c'est toujours Notre Dame, c'est ça ?

Mon attention s'accentue sur le brun en entendant le nom de cette université. Notre Dame. Il veut dire dans l'Indiana ? Aaron et moi n'avons jamais vraiment abordé le thème de nos études et je ne lui ai jamais demandé s'il avait été accepté dans ses choix, mais maintenant que je suis confronté à cette révélation, j'en viens à douter. J'en viens à réaliser. J'en viens à comprendre que l'année prochaine, Aaron sera à l'autre bout du pays.

— C'est le plan, oui.

— Tu sais, je pense toujours que tu devrais laisser de côté de football. Ce n'est pas un avenir. Ça n'a rien de stable. On peut le voir à tous ces joueurs qui en perdre le cerveau. C'est vraiment ce que tu veux devenir ?

Je suis attentive au moindre mouvement d'Aaron.

— Oui, répond-il calmement, bien que je puisse percevoir sa colère. C'est bien ce que je veux, oui. C'est ma passion.

— Une passion, oui. Pas un avenir. Écoute, c'était la même chose pour Wesley avec son obsession au basket. Peu importe combien tu es fort, ça n'a aucun réel futur. Tu es intelligent. Tu peux viser bien plus loin que le football.

Aaron n'aime pas ces remarques et il en boue.

— J'y repenserai.

Je crois qu'il dit surtout ça pour ne pas s'emporter. Aaron m'a parlé de la place du football dans sa vie. Ce n'est pas qu'un simple passe-temps, c'est un véritable mode de vie pour lui. La crainte de son grand-père pourrait être justifiée s'ils n'avaient pas d'argent et qu'Aaron n'était pas si bon. Mais ce n'est pas le cas. Aaron a le privilège de pouvoir poursuivre sa passion sans que la pression soit sur lui et il a surtout le talent. Je n'y connais pas grand-chose au football, mais celui que j'ai vu hier soir n'était pas un amateur, mais un meneur. Aaron est né pour jouer, il est né pour ce sport. J'en suis persuadée. Et j'imagine qu'Aaron l'est autant. Il est confiant parce qu'il a conscience de ses attributs. Il sait à quel point il peut aller loin et c'est tout ce qui compte.

— Et toi, Alison ? Qu'en est-il de toi ?

Quand son regard croise le mien, je ressens des palpitations.

Sensitive Love II : SubmersionWhere stories live. Discover now