29. Totale Divulgation

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ALISON

Ce matin, je me suis réveillée plus déterminée que jamais. À présent douchée et habillée, je descends les escaliers et me hâte à la cuisine pour préparer un petit-déjeuner. À cette heure-là, aucun des employés des Collins n'est encore présent, ce qui me laisse tout le temps du monde pour cuisiner moi-même. Chez les Davis, je savais toujours quoi faire, mais ici, c'est différent. Je dois improviser certaines choses. Mes écouteurs dans les oreilles, je m'enferme ainsi dans cette bulle où plus rien autour n'importe. Je reste calme et sereine, ne laissant pas les doutes m'engloutir. Et aussi facilement que ça, j'y parviens. Je ne pense à rien d'autre que ce que je suis en train de préparer. Aujourd'hui est un autre jour ; un jour où je ne suis pas aussi affectée par la possibilité de tout perdre. En restant suffisamment concentrée, je parviendrai sans aucun doute à affronter cette nouvelle épreuve qui se dresse sur mon chemin.

Au bout de quelques minutes, je termine de préparer autant de pancakes que possible parce que, qui n'aime pas ça ? Je récupère ensuite mon téléphone et ne rencontre aucun message. Ce n'est pas étonnant. Je me serais attendu à des nouvelles de Cameron, mais ça fait un moment qu'il est distant. Je le suspecte de ne plus pouvoir se passer de Leyla. Il ne m'a rien expliqué, mais je peux deviner qu'ils sont ensemble, tous les deux. Ça fait un moment que ça dure déjà et tous les deux n'arrivent même plus à camoufler leurs sourires. Ça fait du bien de les voir aussi heureux, d'autant plus que Victoria semble aller mieux. Lorsque j'étais chez Cameron pour ce « décuvage intensif », elle avait l'air d'être en pleine forme – bien que n'importe qui me le paraissait en comparaison à mon piètre état. Penser à tout ça, ça me fait juste sourire et je me retrouve incapable de faire autrement.

Il est la preuve que tout peut aller mieux avec un peu de foi.

Les pancakes en main, je dépose l'assiette sur la table de la cuisine au même moment où des pas se rapprochent. Souriant déjà, je m'empare du sirop d'érable et le lève en l'air en saluant Aria avec enthousiasme. Elle est surprise.

Et elle n'est pas seule.

— Oh, salut, Jayden. Je...

Je me râcle la gorge.

— Je ne pensais pas que tu serais là.

— Salut, Alison, dit-il, gêné.

J'abaisse mon bras et m'approche de la table que j'ai préparée.

— J'ai fait des pancakes. Il y en a assez pour tout le monde.

— Je suis désolée, Alison. Je n'y avais pas vraiment réfléchi. On a juste été pris par le moment et–

— Oh, t'en fais pas pour ça. Ce n'est pas grave. C'est ta maison, après tout.

Aria lève la tête vers Jayden avant de me regarder.

— À propos de ça...

Je déglutis, prenant sur moi pour ne rien laisser transparaître.

— Tu veux que je m'en aille ? deviné-je. Je m'en doutais un peu. Je... Je vais faire mes affaires.

Baissant les yeux, je les contourne pour me diriger vers les escaliers. Seulement, je me fais arrêter à la dernière seconde. En me retournant, Aria est en train de froncer les sourcils.

— Je n'ai jamais dit ça, lâche-t-elle. Je voulais juste dire que Jayden, euh... risquait de passer plusieurs fois.

Mes yeux rejoignent ceux du brun.

— Oh...

— Bien sûr que tu peux rester ! enchaîne-t-elle. Allez, mangeons ces pancakes !

Je reste sur place, attendant qu'elle me dise que ce n'est qu'une blague de sa part. Si jamais ça venait à arriver, je crois que j'en finirais dévastée. Cependant, ce n'est pas le cas. Aria se sert et tend l'assiette à Jayden avec pas mal de pancakes dessus puis fait la même chose avec moi avant d'en terminer avec elle-même. Même si cette situation-là me rassure, elle n'est pas suffisante pour éloigner tout doute en moi. Je reste sur mes gardes parce qu'il est impossible qu'ils soient aussi calmes avec ce qu'ils ont vus. Damien m'a déjà montré la vidéo ; il avait pour habitude de me menacer avec lorsqu'il sentait que j'allais craquer. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait. Il aurait dû sortir cette vidéo et j'aurais dû finir en taule pour ce que j'ai fait. C'est ce qu'ils doivent se dire, tous les deux. Peut-être même qu'ils préparent un plan pour me dénoncer à la police. Je ne peux pas croire qu'ils soient aussi relaxés.

Sensitive Love II : SubmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant