38. Soirée Redoutée

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AARON

Attachant les derniers boutons de ma chemise, je pose mon regard exaspéré sur le miroir en face de moi, complètement épuisé par les derniers jours. Enchaînant devoirs sur devoirs, les profs ne nous ont vraiment pas manqué cette dernière semaine. Bien que la fin du lycée approche à grands pas, ils ne semblent pas décidés à nous laisser tranquilles à cause de la Ditch Day. D'après ce que j'en ai entendu, l'établissement était complètement vide lundi ; aucun élève ne s'y est rendu – pas même les non-dernières années. Mais tout ça m'est passé au-dessus de la tête hier, après notre victoire. Nous avons été félicités par les organisateurs et par un invité très spécial – Tony Jones Jr., le running back des Seahawks. Jayden tout comme moi étions impressionnés par sa venue. Aucun joueur n'avait jamais été invité lors du tournoi. Ce mec a joué à Notre Dame ; son parcours est une inspiration pour moi. Qu'il nous félicite, ça m'a seulement envie d'aller plus loin.

Je vise les étoiles, désormais.

Une fois mon haut boutonné, je pousse un long soupir en détaillant la tenue que j'ai été contraint de mettre aujourd'hui. Dans ce costume trois pièces, je me sens comme un clown, mais je ne peux pas non plus m'opposer à la volonté de l'Ancêtre. Posée sur la commande à côté de moi, j'attrape la cravate noire et l'enfile par-dessus mes épaules, prêt à l'attacher. Au même moment, je suis interrompu par la porte de ma chambre qui vient de s'ouvrir : c'est ma mère. D'un œil bienveillant, elle me détaille, un sourire fier ornant ses lèvres. Immédiatement, mon cœur se réchauffe. La voir dans la même pièce que moi n'a jamais été aussi réconfortant. Elle m'avait manqué. Elle m'avait vraiment manqué. Plus jamais je ne veux risquer de la décevoir comme je l'ai fait ; plus jamais je ne veux revivre la torture qu'elle a laissé.

Hier, après avoir longuement discuté avec elle, les choses ont fini par rentrer dans l'ordre – en quelque sorte. Ma mère tient toujours mon père responsable et ne veut toujours rien avoir affaire avec lui. Revenir à la résidence est loin de ses plans. Passant ses journées au travail, elle garde ses pensées occupées par les différents dossiers sur lesquels elle travail pour éviter de penser à tout ce qui a pu se produire ces dernières semaines. Mon père, lui, est parti en voyage d'affaire, laissant la maison vide derrière lui. Ma mère m'a donc proposé de venir vivre avec elle, dans cet hôtel dans lequel elle séjourne sous un faux nom. Tout semble doucement revenir à la normale, même si rien n'est idéal. Toutefois, je dois avouer que je ne me suis jamais senti aussi bien qu'hier. Retrouver ma mère après tout ce temps, ça a ce dont de me faire pousser des ailes.

— Laisse-moi faire, me glisse-t-elle en s'approchant de moi.

Je me retiens de lever les yeux au ciel lorsqu'elle attrape le col de ma chemise pour la remonter, avant d'y enfiler la cravate.

— Maman, j'ai plus cinq ans, grogné-je. Je peux m'habiller tout seul.

— Peu importe ton âge, t'auras toujours besoin de ta mère, Aaron.

Je ne la contredis pas là-dessus parce que c'est vrai. Une fois ma cravate enfilée, elle me tapote l'épaule et se recule afin de m'observer une nouvelle fois.

— Allez, viens. On va devoir y aller.

Me gratifiant d'un sourire, elle attrape ma veste et me la lance. Je la rattrape de justesse tandis qu'elle a déjà quitté ma chambre. Je l'examine la veste noire, me disant que je n'ai pas d'autre choix, avant de l'enfiler. Je redresse mes boutons de manchette puis me sens enfin prêt – plus physiquement que mentalement, tout du moins. Sur mon téléphone, je remarque de nouveaux messages de Jay qui m'apporte son soutien concernant ce qui m'attend ce soir. Je ne serai jamais prêt pour ça.

Sensitive Love II : SubmersionWhere stories live. Discover now