18. Plus Jamais

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AARON

Les cheveux mouillés, les gouttes d'eau viennent chatouiller ma mâchoire tandis que j'essaie désespérément de mettre mon t-shirt. Pendant notre entraînement, Jayden n'y est vraiment pas allé de main morte, alors je me retrouve avec quelques marques de sa brutalité. Je sais qu'il en avait besoin, alors je ne me suis pas vraiment défendu. Observant les alentours, je constate que la moitié des joueurs ont déjà quitté la pièce, prêts à rentrer chez eux alors que je suis résigné à essayer de m'habiller correctement à cause de mes futurs bleus. C'était bien un mal nécessaire, mais ça ne signifie pas pour autant que ça fait du bien – je dirais même que c'est tout le contraire. Notre entraînement a été plutôt productif et j'ai pu me défouler comme je le voulais face à la frustration que j'ai en moi. Bien sûr, elle est toujours là. J'ignore si elle pourra un jour s'en aller mais, pour le moment, elle persiste au fond de mon cœur.

À côté de moi, Jayden passe avec un sourire, satisfait de la torture qu'il m'a offerte. Tapotant doucement mon épaule, il me salue avant de quitter les vestiaires à son tour. De mon côté, je referme finalement mon casier après m'être entièrement vêtu, me dirigeant vers la sortie. Je salue les derniers qui restent derrière avant d'enfin me retrouver dans le couloir, le téléphone dans les mains. Je prends le temps de vérifier mes derniers messages ; aucun ne vient de ma mère. Mon cœur se replie sur lui-même, profondément blessé. Depuis qu'elle est partie, elle ne me répond plus. Aucun message. Aucun appel. Elle m'ignore complètement. Ni mon père ni moi ne savons où elle se trouve et c'est probablement ce qui me torture le plus. J'espère qu'elle est restée à Seattle, mais il y a toujours cette possibilité qu'elle soit retournée en France. Je n'aime pas la savoir aussi loin et comprendre à quel point elle me déteste. Wesley, lui, est retourné à Los Angeles après que notre père l'a aidé à réintégrer l'école de commerce. Il a dû mal galéré, mais il y est parvenu et je n'ai plus aucune nouvelle de lui non plus.

La résidence est donc vide ; ce n'est plus que mon père et moi, à présent. Et cette absence de tous ceux à qui je tiens me brise de l'intérieur ; je ne peux rien y faire.

Me secouant la tête, j'ouvre le dernier message qui apparaît :

CAMERON :

Alison est revenue de L.A. J'ai passé les derniers jours à l'aider à aller mieux.

Elle va bien, maintenant.

Je suis d'abord étonné que Cameron ait toujours mon numéro, même après ces mois où nous avons cessé de nous parler. Néanmoins, cette surprise s'efface rapidement pour en former une autre. Après deux lectures attentives, quatre mots restent dans ma tête : Alison est de retour. J'ai du mal à réaliser ce que ça signifie, au début. Je suis même obligé de froncer les sourcils parce que cette phrase-là ne parvient pas à s'imprimer dans mon esprit ; je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle signifie. J'ignore aussi ce qu'il veut dire par « aller mieux ». Est-ce qu'il l'a aidé à décuver ? Est-ce que ça a fonctionné ? Vient-elle juste de rentrer ou est-elle de retour depuis un moment, déjà ? Il y a tellement d'informations contradictoires dans ma tête que je peine à tout mettre en ordre. Ça fait bien trop longtemps que je n'ai pas revu Alison. Je pense constamment à elle, mais elle n'est plus là. Qu'il m'indique qu'elle se trouve en effet à Seattle, je ne peux pas le croire.

Ou peut-être que si.

Peut-être que j'y crois parce que c'est à ce point que je suis désespéré.

Les yeux rivés sur le contact de Cameron, j'hésite à l'appeler. D'après son message, je peux présumer qu'elle est avec lui. Est-ce qu'il acceptera de me la passer ? Voudra-t-elle-même me parler ? Si elle est sobre, désormais, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a de nouveau les idées en place. Que maintenant qu'elle voit la situation comme elle est réellement, elle m'en voudra. Elle me haïra. Juste comme ma mère, elle me fuira. Suis-je assez fort pour supporter deux haines envers moi ? Suis-je assez fort pour décevoir une deuxième personne ? Je ne pense pas que je pourrais en être aussi affecté que pour ma mère, mais la superposition des deux me serait insoutenable, je le sais. Que faire, alors ? Est-ce raisonnable d'essayer ? J'ai l'impression que je ne ferai que me faire mal inutilement. À quoi je pense ? Qu'elle me déteste n'est pas une supposition, c'est un fait. Elle a dû se réveiller à cette révélation.

Sensitive Love II : SubmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant