LEVY

10. Escapade nocturne I

Lévy

Allongée sur ce lit, mes pleurs s'intensifient avec le temps. Je ne suis plus maître de mes émotions. Malgré qu'il m'ait raccompagné, ma boule au ventre n'a pas disparu. Je sais que mon agresseur doit venir me chercher demain, là-bas. S'il voit que je n'y suis plus, je ne sais pas ce qu'il va m'arriver. Letcher n'était pas censé être au courant de son acte, maintenant, il le sait. Il m'a vue, nue.

Depuis ma descente aux enfers, mon corps a été épargné. Hors, à partir de cet instant, il ne l'a plus. Je suis souillée. J'aurais dû fuir dès que j'ai senti que quelqu'un m'a suivi. Au lieu de cela, j'ai continué, j'ai avancé. C'est ma faute. C'est moi qui me suis retrouvée entre ses griffes, c'est moi qui l'ai provoqué à ce dîner. Ai-je pour autant mérité ce traitement ? Peut-être.

Mon corps est lourd, fatigué. Mais je ne peux pas rester ici plus longtemps. Il faut que je parte, je retrouve la civilisation. Que je me reconstruise une vie. Quand je suis rentrée dans la chambre, je n'ai pas entendu de serrure se fermer. Seulement des pas s'éloignent un peu plus à chaque fois. Il faut que j'essaye !

Je sors enfin du lit et m'avance vers cette porte. J'avais raison, elle n'est pas fermée. Je l'ouvre en évitant de faire du bruit. Ma respiration est toujours saccadée mais je fais en sorte de me calmer. Et ce, le plus possible.

Je sais que la porte d'entrée est vers le sous-sol. Mon esprit se souvient du chemin qu'il doit prendre, mais est-elle ouverte ? Et pour la caméra. Fonctionnent-elles ? Si oui, je ne pourrais pas m'en sortir mais si je n'essaye pas, je ne saurais jamais si à ce moment j'avais la possibilité de partir. De retrouver enfin une vie "normale".

Je tente donc le tout pour tout. Au mieux, il me tuera, au pire... Je prends la direction de l'entrée. Quand les lumières sont tamisées comme en ce moment, l'endroit paraît vraiment glauque. On dirait qu'à chaque porte, un nouveau fou va y sortir et va nous poursuivre jusqu'à nous tuer. Et cela recommence encore et encore. Aucun bruit ne se fait entendre. Tout le monde dort ? Peut-être, je n'ai pas pris le temps de regarder l'heure.

En moins de temps qu'il n'en faut, je me retrouve devant cette immense porte. Il n'y a l'air d'y avoir personne. Je n'arrive pas à voir où sont les poignées de porte je me décide d'y aller alors à tâtons. Au premier toucher, il n'y a pas l'aire d'en avoir. Ce sont plus des boutons ronds qu'il faut tourner pour ouvrir la porte.

A ce moment, le doute prend possession de mon corps. Si la porte s'ouvre, va-t-elle faire du vacarme ? De quel côté va-t-elle s'ouvrir ? N'y a-t-il pas de garde ou autres dehors ? N'est-ce pas un piège de sa part ? Et encore plein d'autres questions me viennent en tête. Tout ce que je sais, c'est qu'il faut que j'agisse, je ne peux plus rester là. Quand il va revenir demain, il ne va pas me voir.

Je tente alors. J'aurai dû m'en douter, la porte est fermée. Seul un bruit de serrure qui bloque raisonne dans la grande salle.

Planque-toi.

Après cette pensée, des bruits de pas, des pas qui arrivent vite s'approchent de l'endroit. Je dois trouver un endroit où me planquer. Tout ce qu'il y a est une plante verte. Si la lumière s'allume, la personne me verra mais je n'ai pas d'autres options. Je cours vers elle et me colle le plus possible au coin. J'espère vraiment qu'elle ne me verra pas.

Elle entre par la gauche dans la pièce. Sa démarche est assurée. Il se tient parfaitement droit et son visage aborde une expression curieuse mélangée à de l'énervement. Il s'approche de la porte et fait le tour du regard de la pièce. A ce moment, je coupe ma respiration, me recroqueville le plus possible sur moi tout en me collant au mur un maximum. Mon stresse monte mais quand il détache son regard de la pièce, un sentiment d'apaisement m'envahit. Sur la droite de la porte, elle décale le rideau qui laisse apercevoir une gigantesque fenêtre. Dehors, il fait nuit noir. Voilà pourquoi personne n'est dans les couloirs. Hormis lui, et moi.