15. Sa disparition

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Jack Goldberg

Tic Tac.

Tic Tac.

Tic Tac.

Le temps passe, l'enquête n'avance pas. Nous sommes le 14 septembre et je suis toujours au point de départ. Il n'a pas eu un nouveau cas.

Le temps fil, les jours sont comptés mais rien.

Rien de sa part.

Tic Tac.

Tic Tac.

Tic Tac.

Assis dans mon bureau, je n'ai que cette affaire en tête. Il est actuellement trois heures cinquante-sept du matin et je suis encore au boulot.

Je ne comprends pas comment il est possible qu'un homme, comme lui, nous laisse autant de preuves. Ce n'est pas son genre... Il n'y avait qu'à le voir quand il était encore sous les verrous. A chaque fois qu'un autre type mourrait, tout le monde savait que c'était lui mais aucune preuve ne permettait de le relié. Il y en a des centaines d'exemples comme cela, alors pourquoi nous laisserait-il des traces maintenant ?

Tous mes dossiers sur lui sont éparpillés sur mon bureau. Sa technique opératoire, la façon dont les corps sont retrouvés sont similaires mais jamais il n'a laissé de message comme celui-là. C'est la première fois...

Je sors mon portable et regarde la photo que j'ai prise sur la scène. Son message est limpide comme de l'eau de roche mais pourquoi l'avoir laissé. Toujours cette même question me revient en esprit. Jamais je ne trouve une réponse qui me plaît.

Au loin, le bruit de la clochette de la gendarmerie me parvient jusqu'aux oreilles.. Je suis seule à cette heure et il n'y a jamais foule non plus. Je prends mon arme sur moi et me dirige vers l'entrée.

Quand j'y arrive, je vois une femme. Assez mince, de grands cheveux noir corbeau. Elle a les yeux bouffis et rouge. Son mascara a coulé et je comprends qu'elle a pleuré. Je viens lui tendre la boîte de mouchoirs présente sur le comptoir.

— Bonjour, en quoi puis-je aider Madame ?

Elle relève la tête vers moi. Cette femme a l'air complètement déboussolée. Elle renifle plusieurs fois avant d'arriver à se calmer. Une fois prête, elle se lance.

— Levy, monsieur l'agent... elle a.... elle a disparu... on devait se voir ce soir... elle n'est pas venue, et ça fait une semaine que je n'ai plus de nouvelle d'elle, ça ne lui ressemble pas...

Elle tremble, sa voix est apeurée. Elle a du mal à contenir ses émotions qui ne demande qu'à sortir.

— Suivez-moi.

J'avance en premier, elle me suit. Je nous dirige vers mon bureau. Quand nous y arrivons, je lui indique une chaise sur laquelle elle peut s'asseoir. Je ferme précautionneusement la porte.

— Pourriez-vous m'en dire plus ? Dis-je en m'installant à mon bureau avant de ne commencer à prendre en note son récit.

— Elle, elle s'appelle Levy. Levy Gray, balbutie-t-elle. Elle a les yeux noirs, elle est fine, de taille moyenne... Je vous en prie, retrouver la !

Son regard est totalement désemparé. Les tremblements ont pris possession de son corps.

— Bien, dis-je tout en notant sa description. Depuis combien de temps vous n'avez plus de nouvelle d'elle ?

Elle pose ses yeux sur moi, me fixe un instant avant d'ouvrir et de refermer la bouche.

—... une semaine...

Son regard se pose sur ses pieds.

Une semaine.

— Où habite-t-elle ?

— Ici ! Répond-elle du tac au tac.

Je reste pendant un instant sans voix. Elle vit ici, cela fait une semaine qu'elle n'a plus de nouvelles...

— Que pouvez-vous me dire d'autre ? Je ne sais pas, des passe- temps favoris, des nouveaux amis...

— Non non, Lévy n'est pas assez sociable pour se faire de nouveaux amis. Sa vie est ici, elle connaît deux-trois personnes grand maximum...

Des larmes viennent couler le long de ses joues. Cette femme est vraiment au fond du gouffre...

— Mais... Lévy, à cause de ses problèmes, notamment pour sa sociabilité, elle m'a dit qu'elle voyait quelqu'un...

— Un psychologue ?

— Oui, monsieur Guiz si je me souviens bien. Pourquoi cela ?

Les informations dites avant se forment dans ma tête. Tout vient se bousculer dans mon cerveau et je comprends. Je comprends la scène de ce jour-là. Letcher n'était pas seul. Il n'y avait pas que le docteur avec lui. Elle était là. Elle a sûrement vu tout ce qui s'est passé. Mais pourquoi n'avons-nous pas encore trouvé le corps ? Est-ce encore un de ses tours ?

— Je crains que votre fille soit en danger madame...

Son visage perd toute couleur, s'il en était encore composé. Ses yeux deviennent plus embrumés qu'avant et ses tremblements reprennent.

— Madame, je sais que dans ces moments nous n'avons qu'une envie, se retrouver seule mais il faut que je puisse vous contacter lors de notre enquête. Pouvez-vous me communiquer votre numéro de téléphone ?

Elle relève les yeux vers moi. Je lui tends un papier accompagné d'un stylo. Sans perdre plus de temps elle me note son numéro.

— Merci

Elle ne dit toujours pas un mot. Son regard est perdu dans le vide. Elle finit par se lever et se dirige vers la sortie. De là où je suis, je peux voir qu'elle quitte bel et bien le poste de police.

Je prends une grande inspiration et pousse un long soupir. Ce genre de situation ne m'était pas arrivé depuis... depuis que cette pourriture est enfermée.

Mais comment est-il sorti ?

Voilà la seule question que la prison refuse de répondre. Sont-ils au courant de quelque chose ou bien même eux ne savent pas ?

Il faut que je retourne là- bas. Il faut que je sache comment il a fait.

Voilà ce que je dois faire. Demain. Je regarde une dernière fois le dossier. Il est fort Letcher, il est très fort. Mais je t'ai eu une fois, je t'aurais une deuxième fois aussi.

Sur ces mots, je quitte moi aussi le bureau. Je fais un dernier tour pour éteindre les quelques lumières allumées puis part en direction de ma voiture.

Quand j'arrive à la maison, tout le monde dort. Mes enfants se retrouvent, comme chaque soir maintenant, dans notre lit. Ils dorment tous ensemble, encerclés par les bras de leur mère. Ils ont l'air tellement paisible à les voir ainsi.

Je ne sais pas depuis combien de temps ils ne m'ont pas vu mais cela fait déjà un bon moment maintenant...

Je finis par moi aussi, aller me coucher.

LEVYWhere stories live. Discover now