19. Souvenirs souvenirs...

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Levy

Après ce que Letcher m'a dit ce soir-là, je ne suis plus sortie de ma chambre. Sans que l'on m'aperçoive, j'ai réussi à piquer une chaise que je positionne systématiquement sous la poignée de ma porte afin que personne ne vienne de nouveau dans ma chambre sans mon autorisation.

Ce qui s'est passé à ce moment-là me hante encore, nuit et jour. Je n'arrive pas à comprendre comment quelqu'un a pu rentrer dans ma chambre alors que celle-ci était fermée à clé et qui plus est, de l'intérieur.

Depuis que je me suis enfermée ici, j'ai pu compter les jours. J'en suis au septième jour. Je suis restée sept jours enfermée. Eric a eu la gentillesse de m'apporter deux fois par jour à manger. La plupart du temps, c'est du chocolat, mon préféré. Je ne sais pas comment il a fait pour savoir que j'allais l'apprécier, mais il a su. Hormis lui, je n'ai eu aucun autre contact.

Alors que mes pensées divaguent, je vois la poignée de porte s'abaisser et se relever brusquement, ce qui provoque des bruits sourds dans la chaise juste en dessous. Oui, cette chaise me sert d'arme.

Ça fait sept putains de jours qu'Eric te ramène à bouffer. A partir de maintenant, si tu veux manger, c'est en bas, avec Eric et moi. Tu sors de cette foutue piaule ou j'te jure que je viendrai te chercher par mes propres moyens. Ai-je été suffisamment clair Levy ? Hurle Letcher de l'autre côté de ma porte.

Non. Dis-je pour unique réponse.

Non?! s'écrit-il.

Ses coups deviennent alors plus forts. Je ne suis pas sûre que la porte va tenir encore longtemps malgré le bois qui l'a créée.

Stop, c'est bon. Je sors. dis-je vaincue

Je n'ai pas d'autres choix de toute façon. Soit, je lui obéis et je garde quelque chose qui peut empêcher cet individu mystère de revenir et par conséquent rester en sécurité. Soit, Letcher défonce cette porte et à partir de ce moment, je dis au revoir à ma protection.

Une fois qu'il a fini de faire joujou avec la poignée, je viens retirer la chaise et la déposer dans un coin de la pièce. A peine ses quatre pieds touchent le sol que la porte vole en éclat contre le mur juste derrière.

Il va finir par faire des putains de trous ! Voilà les mots que j'ai pensés, que j'ai pensés bien trop fort, ce qui a fait qu'ils sont sortis de ma bouche sans mon accord.

En quelques pas, Letcher se retrouve proche de moi — j'aime cette proximité. Il n'a pas l'air d'avoir relevé mes mots qui sont sortis si précipitamment de ma bouche et tant mieux !

Alors que je m'attendais à un de ces scandales, il ne dit rien, mais sa poigne parle pour lui. Il n'attend pas de savoir si mon corps est mis en route, qu'il m'emboite le pas. Il avance à grandes enjambées si bien que je dois courir derrière lui pour ne pas finir traînée au sol.

Dans un laps de temps record, nous arrivons dans la salle à manger. Je n'y avais pas remis les pieds depuis cette nuit-là. Entre-temps, quelque chose a changé. Ce n'est pas la disposition de la pièce, non, elle est restée la même, c'est autre chose, quelque chose que je n'arrive pas à savoir.

Mes yeux cherchent encore ce qui peut bien avoir changé quand une chevelure ébouriffée blonde fait son apparition dans le fond de la pièce. Je n'avais pas remarqué, avant de me mettre à courir vers lui, que Letcher se tenait juste à côté de moi et m'avait finalement lâché mon poignet.

En arrivant proche d'Eric, je viens lui sauter dans les bras. Ces sept derniers jours où je suis restée enfermée m'ont permis de me rapprocher considérablement de lui. Nous passions tous nos après-midis ensemble. J'ai découvert certains de ces secrets, certains les plus sombres comme ceux sur ses parents... De son côté, il en a aussi appris un peu plus sur moi, notamment sur comment je me sentais ici et ce qui s'est passé avec le vase cassé.

LEVYWhere stories live. Discover now