22. Mes peurs

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Qu'est-ce que vous en pensez d'un chapitre à l'improviste ? 👀

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Eric

Après avoir quitté rapidement la chambre de Levy, mon corps encore bouillant face à la façon dont elle a osé me parler, je décide d'aller prendre un bol d'air. J'en ai besoin, je dois respirer cet air pur dehors avant qu'elles ne me fassent faire une nouvelle crise.

Putain Levy, pourquoi faut-il que tu ne saches pas fermer ta gueule à certain moment ?!

Le terrain du manoir est assez grand pour nous balader à l'intérieur, mais la forêt qu'il l'entoure est le meilleur endroit. Elle nous garantit une intimité indéniable au vu de la faible circulation sur la route juste à côté.

Mes jambes me guident jusqu'à mon endroit préféré : le lac. Ce paysage est juste magnifique au printemps. Les oiseaux y chantent, le vent qui nous fouette les pommettes, les cygnes arrivent et font leur nid en prévision de leurs futurs petits.

Moi aussi, j'aimerais bien être père.

— Tu ne le seras jamais. Tu n'as pas le cran.

Peut-être qu'il a raison. Probablement que mon père m'a toujours dit la vérité. Sûrement que d'avoir des enfants comme moi, c'est compliqué à gérer.

Tu aurais dû le brûler dès que tu en avais eu l'occasion. Nous t'aurions aidé. Nous sommes tes amis Eric.

Certainement qu'elles aussi ont raison. Je me demande s'il est fier de moi de là où il est. S'il est fier de ce que son fils est devenu. Et maman, est-elle, elle aussi, fière de moi ? Est-elle encore avec ce type, George ? Est-elle heureuse avec lui ? Toutes ces questions sont sans réponse, et ce, depuis un long moment déjà..

Tu ne devrais pas te soucier d'elle. Elle t'a abandonné dès qu'elle a su pour toi, pour nous.

Ça reste ma mère. Je ne peux pas la renier de la sorte.

Si, et plus vite, tu le feras, plus vite, tu agiras comme nous, comme Victor, celui que tu admires tant.

Elles ont raison. Je dois la renier, ce sentiment d'abandon ne m'a jamais quitté, mais elle si. Elle a très bien réussi à reconstruire sa vie sans moi, sans papa, à ravoir des enfants sans se soucier de comment je vivais, dans quelle condition nous vivions... Papa, quant à lui, n'a pas accepté son départ. Après la perte de ma mère, j'ai dû survivre, seul, au décès de mon père. J'ai enchaîné foyer sur foyer. Mais elle, elle vivait dans son château avec ce George. Avec cet homme qu'elle a épousé moins d'un mois après le divorce avec mon père, moins d'un mois après mon abandon.

Je perçois au loin le lac. Ce magnifique lac. Le vent frais me fouette le visage. La pluie a cessé de tomber et de marteler le sol. Le pont en bois qui nous sert à traverser la petite rivière, qui donne l'eau à celui-ci, est trempé par la pluie qu'il y a eue hier. Le sol pleureur, qui se trouve juste au-dessus, goûte encore par moment. Ce spectacle est incroyable.

L'eau est paisible, il n'y a pas une légère vague, pas une seule vibration perturbant son calme naturel. J'aimerais être comme elle en est en ce moment, paisible moi aussi et laisser mes démons partir. Les laisser me quitter, me retrouver seul, moi et mes pensées. Mais ce n'est pas possible, et je le sais.

Je traverse le pont tout en prêtant garde à ne pas glisser et m'approche de l'eau. Je m'assois juste à côté et mon regard se perd sur ce lieu paradisiaque. Si seulement je n'étais pas si compliqué, peut-être qu'une femme m'aurait accepté, en commençant par maman. J'aimerais tellement être différent.

LEVYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant