V- Journée de deuil (réécrit)

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Je me réveillai la première mais compris rapidement que le matin était encore loin de pointer le bout de son nez. La chambre était plongée dans la pénombre mais je distinguai tout de même Amanda allongée sur un matelas au pied de mon lit. Sa poitrine se soulevait régulièrement au rythme de sa respiration et son visage semblait détendu et serein. Cela me soulagea de la voir enfin comme ça après la journée de folie que l'on venait de passer. Mon père avait parlé aux policiers postés devant le lycée mais n'avait pas pu gagner beaucoup d'informations sur ce qu'il s'était passé. La seule chose qu'on pouvait faire c'était attendre. Alors nous avions attendu chez moi.

Ma mère avait failli quitter son boulot pour nous rejoindre à la maison mais mon père l'en avait dissuadé, lui garantissant qu'il resterait avec nous toute la journée. Pendant ce temps je m'étais évertuée à réconforter Amanda mais cela s'était avéré plus difficile que je ne le pensais. Marc comptait beaucoup à ses yeux et sa perte l'avait touchée, bien plus encore que ce qu'elle ne laissait paraître. Nous avions donc parlé de lui, de ce qui aurait pu se passer si rien n'était arrivé, de ses rêves et de ceux d'Amanda. À la fin de la journée elle était épuisée, tout son maquillage avait coulé et avait laissé des traces noires sur ses joues et autour des ses yeux humides.

Je l'avais conduite dans la salle de bain et lui avais nettoyé le visage avec un coton. C'est là qu'elle m'avait posé la question.

- Elena... qui a bien pu faire une chose pareille ?

J'avais suspendu mon geste et avais rencontré son regard dans la glace. Les battements de mon cœur s'étaient accélérés et le visage du meurtrier s'était imprimé devant mes yeux, son souvenir aussi vivace que la présence d'Amanda devant moi. J'avais dégluti puis détourné le regard avant de reprendre là où j'en étais.

- Je n'en sais rien... Avais-je dit dans un souffle de voix.

Après ça mon père nous avait apporté quelque chose à manger dans la chambre et demandé comment nous allions. Je l'avais remercié et lui avait avoué que ce n'était pas la forme mais que ça irait mieux demain. Une dizaine de minutes plus tard c'est ma mère qui était venue prendre de nos nouvelles et serrer Amanda dans ses bras.

- Tes parents sont toujours aussi adorables. Avait-elle dit une fois seules et après avoir reniflé.

Je lui avait tendu un énième mouchoir puis m'étais allongée sur le dos.

- C'est vrai. Mais ils s'inquiètent. Tu es sûre que tu ne veux pas rappeler ta mère ?

Elle avait posé sa tête contre mes jambes et avait soupiré.

- Je n'est pas vraiment envie de lui parler dans cet état. Et puis elle me forcerait à rentrer et là tout de suite j'ai juste envie de rester seule avec toi. Elle ne comprendrait pas.

Je l'avais dévisagé.

- Je comprends. Lui avais-je dit. Moi non plus je n'ai pas envie de rester seule.

J'avais reporté mon regard sur le plafond et mon cœur s'était serré si fort que j'avais cru que j'allais vomir.

À présent je ressentais l'exacte même sensation. Je m'assis dans le noir et fixai la porte devant moi. Le lycée avait envoyé un mail hier en milieu d'après-midi. Le proviseur nous avait officiellement confirmé la mort de Marc Déhais et nous priait de venir au lycée le lendemain afin de lui rendre hommage et de répondre aux questions des policiers. Cette dernière information me terrorisait. Qu'allais-je leur dire ? En tout cas pas que j'avais vu qui avait tué Marc dans un rêve. C'était sûrement la plus mauvaise idée. De plus, personne ne me croirait. J'avais déjà moi-même du mal à comprendre comment une chose pareille était possible. Tout s'embrouillait dans ma tête jusqu'à m'en donner des migraines.

La Marcheuse de rêves - TOME 1Where stories live. Discover now