XII- Que tu le veuilles ou non (réécrit)

610 84 60
                                    

J'observai le lycée à travers la vitre de la voiture, la boule au ventre. Je n'arrivais pas à m'en défaire depuis mon réveil et je n'avais rien pu avaler au petit-déjeuner. C'était comme avoir l'impression de passer un oral ultra important en deux fois pire. Je n'aurais sûrement pas pu me lever pour venir en cours si ma mère n'avait pas insisté pour m'amener. J'étais fatiguée. Épuisée.

- Tu vas bien chérie ?

Je tournai la tête vers ma mère, les mains posées sur le volant et me détaillant d'un regard inquiet. Je sentais mes paupières peser lourd et menacer de se refermer. Je fis cependant un effort pour paraître réveillée et totalement normale. Tout sauf à la ramasse. Tout sauf folle.

- Très bien. Répondis-je avec un sourire. On se voit ce soir ?

Elle acquiesça et déposa un bisou sur ma joue avant d'ajouter :

- Fait attention à ton bras et ménage-toi, d'accord ?

- Tu me connais !

Puis je sortis de la voiture et pris une profonde inspiration en claquant la portière. Ma mère démarra et ne tarda pas à disparaître de mon champ de vision. L'air était frais et une légère buée se formait quand j'expirais. Le jour était levé et le ciel parsemé de rouge et de rose. Prenant mon courage à deux mains, je me dirigeai finalement vers l'entrée du lycée.

- Elena !

À l'instant où Amanda m'aperçut et se jeta dans mes bras, mon anxiété diminua un peu. Je resserrai notre étreinte avec mon bras valide et souris. Elle sentait le shampoing à la pomme et semblait en bien meilleure forme que moi. Elle finit par se détacher et grimaça.

- Toi, tu as une mine affreuse.

Je laissai échapper un petit rire.

- Tu sais toujours me remonter le moral Amanda. Ça fait plaisir, vraiment.

Elle sourit également.

- Je suis là pour ça ! Rétorqua-t-elle avec un clin d'œil complice. Bon, je sais pas toi, mais je sens que cette journée va être très looongue. Vivement le week-end.

- Je ne te le fais pas dire. Soupirai-je.

Mon regard se perdit momentanément dans le vide et Amanda dut claquer des doigts pour me ramener à la réalité. À présent elle fronçait les sourcils et me regardait de manière préoccupée.

- Dis moi... tu es sûre que ça va ? On peut sécher la première heure sinon.

J'avais du mal à rester concentrée sur ce qu'elle me disait mais son inquiétude me réveilla d'un seul coup.

- Non je vais bien, je t'assure. Pas besoin de sécher.

Amanda fit la moue.

- J'espérais que tu dirais le contraire. Mais bon comme tu insistes...

J'éclatai de rire et saisis le bras qu'elle me tendit.

- ... Allons-y dans ce cas ! Ajouta-elle d'une fausse voix enjouée.

Et sur ces mots, nous nous dirigeâmes vers notre premier cours de la journée. Les deux heures de philosophie furent un calvaire. Pas à cause du prof ni même du thème abordé -ironiquement l'inconscient et les rêves par Freud- mais à cause de mon mal de crâne grandissant. Je n'osais pas demander à aller à l'infirmerie en pensant que ça finirait bien par passer. J'essayais de penser à autre chose qu'à l'accident et aux paroles de Danaël, sans succès. Ajouté à cela, les images de mon rêve de la nuit dernière revenaient me hanter. Ces créatures légendaires, cette violence, ces cadavres, le feu, la reine Tatiana et le roi Stephen. Leur enfant. Comment aurais-je pu imaginer tout ça avec une telle impression de réalité ?

La Marcheuse de rêves - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant