La Marcheuse de rêves - TOME 1

XIV- Pile ou face (réécrit)

(Photo : Mendrac)

Danaël appuya un peu plus sur l'accélérateur et entendit le moteur vrombir. Il n'arrivait pas à le croire. Il aurait dû comprendre que c'était un piège, une diversion pour le séparer d'Elena et s'en prendre à elle. S'il lui arrivait quelque chose il ne pourrait pas se le pardonner. Helder était lui aussi en chemin et Danaël avait perçu son inquiétude inhabituelle au téléphone. Il pria pour ne pas arriver trop tard puis tourna brusquement à gauche et pénétra à 60km/h dans la rue de la jeune fille avant de piler devant sa maison. Sans prendre le temps de retirer la clé du contact, il se rua vers la porte entre-ouverte. Son horrible pressentiment s'intensifia à la vue des objets renversés et une odeur métallique parvint à ses narines.

Terrifié à l'idée qu'Elena pût avoir été blessé, il se précipita vers la deuxième entrée et découvrit Amanda étendue sur le sol, gravement blessée. La stupeur s'empara de ses sens et il observa le sang imbibant sa robe verte pale et créant une énorme tache rouge au niveau de son abdomen. Une fois la stupéfaction passée, Danaël s'agenouilla auprès d'elle et vérifia si elle respirait encore. Avec un immense soulagement, il sentit un faible souffle contre sa joue malgré son état critique. Mais au moment où il pensait ces mots, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se remit immédiatement sur ses pieds, prêt à se défendre. Avec un autre soulagement, Danaël baissa sa garde lorsqu'il vit apparaître Helder jetant des regards alarmés partout autour de lui.

- Bon sang ! Qu'est-ce qui s'est passé ? S'écria-t-il en se précipitant vers Amanda.

Danaël passa une main sur son visage en se remémorant ces dernières heures. Il aurait dû le voir venir.

- On s'est fait avoir. Déclara-t-il. Elena n'est pas ici, ils l'ont donc enlevé et emmené à Aragon.

Puis il s'accroupit à nouveau aux côtés d'Amanda et ajouta :

- Elle est vivante mais il faut vite appeler une ambulance sinon nous allons la perdre.

- Pousse toi. Répliqua Helder en prenant la place de son coéquipier.

Il saisit le poignet de la jeune fille et prit son pouls de plus en plus faible.

- Elle ne tiendra pas jusque là. Annonça-t-il d'une voix grave. Donne moi ton tee-shirt on va devoir l'emmener nous-même.

*

Mon visage me faisait atrocement souffrir. Mes doigts me picotaient comme si j'avais les mains ligotées de manière trop serrée et lorsque je parvins à ouvrir les yeux, je ne vis que l'obscurité. Peu à peu consciente de la situation, je compris que j'avais également les pieds attachés et que je me trouvais allongée sur un sol dur et froid s'apparentant à de la pierre. J'étais donc ligotée et loin de chez moi. Le froid me rongeait les os à mesure que les minutes s'écoulaient et que je tentais par tous les moyens de défaire mes liens. Comment diable faisaient-ils dans les films ?

Je tâtonnai dans le noir à la recherche d'un instrument pouvant m'aider à me libérer, sans succès. Tout ce que je parvenais à attraper c'était de la poussière recouvrant le sol gelé. Peut-être me trouvais-je dans une cave. Il n'y avait aucune lumière, aucun brise prouvant que l'extérieur et la liberté n'étaient pas bien loin. Rien. Rien que moi et mon visage enflé. Un chien aurait senti la peur se dégageant de moi à des centaines de mètres.

Interrompant mes pensées, une porte s'ouvrit derrière moi et la lumière pénétra enfin dans la pièce. J'entendis des pas se rapprocher puis quelqu'un me saisit les bras pour me mettre aisément debout. Cette personne dénoua mes chevilles puis me tourna vers elle sans pour autant faire de même avec mes poignets. Je pus enfin voir le visage de mon geôlier. Ou plutôt de ma geôlière. C'était une fille me dépassant de dix bons centimètres avec des cheveux roux très frisés. Mais le seul regard qu'elle me jeta, d'un vert froid et perçant, me dissuada de lui adresser le moindre mot. Elle portait également une sorte d'uniforme gris ainsi qu'une épée rangée dans son fourreau et accrochée à sa taille. Un épée ?