La Marcheuse de rêves - TOME 1

XL - Le fardeau

L'aurore était toute proche. On voyait déjà les couleurs floues d'un lever de soleil à travers les fenêtres de la salle du trône où nous nous tenions. Nous étions rassemblés mes généraux, moi et mes deux protecteurs ainsi que nos amis, autour d'une grande table où reposait une carte représentant le vaste royaume d'Aragon. L'armée de Mendrac avançait rapidement et la nôtre peinait à l'empêcher d'atteindre le palais. Néanmoins nous devions y arriver coûte que coûte, sinon tout serait perdu.

- Majesté, leur armée approche et nous avons beau être plus nombreux, nos hommes se font massacrer ! S'exclama le général en chef de mon armée en pointant du doigt un endroit non loin de notre emplacement sur la carte.

Je tachais de garder mon sang froid et de trouver une solution. Nous avions les meilleurs guerriers et la meilleure armée, alors pourquoi celle-ci était-elle en déroute ? Quel cadeau empoisonné Mendrac nous avait-il préparé ?!

- Des nouvelles du royaume de Zeldarr ? Ont-ils acceptés de nous venir en aide ? Demandai-je avec espoir.

Ce dernier secoua la tête négativement.

- Nous attendons toujours une réponse de leur part mais une décision comme celle-là prend du temps Majesté.

Je me mordis la lèvre de frustration en jetant un coup d'œil à Danaël à côté de moi. Il paraissait très soucieux et fixait la carte avec concentration.

- Malheureusement c'est un temps que nous n'avons pas, Général, déclarai-je d'une voix grave. Ce sont nos hommes qui se font massacrer dehors et ceux de Mendrac n'attendront pas pour continuer. Et si tout ceci continue, même les nôtres n'auront plus le courage ni la force de se battre... Je ne vois qu'une solution.

Helder, accoudé à un des piliers de la pièce leva le regard vers moi, semblant me demander ce que je mijotais. Je soutins son regard avant d'être interrompu par Amanda posté à ma gauche à côté d'Azilyn.

- Quelle solution, Elena ?

Je pris une grande inspiration, sachant que ce que j'allais dire risquait de causer certaines réticences auxquelles j'aurais préféré ne pas devoir faire face.

- Je dois y aller.

Pour mon plus grand étonnement, la première réaction fut celle d'Helder. Il pouffa de rire en me lançant un regard moqueur.

- Très bonne idée, votre Majesté ! Ironisa-t-il en se mettant à marcher dans ma direction. C'est le meilleur moyen de vous faire tuer ! Encore.

Je bouillonnais de colère. S'il me pensait idiote à ce point alors c'est qu'il ne me connaissait pas du tout. Je le défiai du regard avant de répliquer :

- Ils ont besoin de me voir. Ils ont besoin de savoir qu'ils ne sont pas seuls face à tout ça. Nous devons attaquer brutalement avec toute notre force et vite, et je dois diriger l'attaque.

- C'est trop dangereux, déclara Danaël en me lançant un regard rempli de sous-entendus.

Mais j'y lus surtout de la détresse. Il avait peur de ce qu'il pourrait arriver et je le comprenais. Il m'avait déjà perdu une fois et il ne survivrait pas une deuxième. Cependant il fallait que j'y aille, j'étais persuadée que c'était ce qu'il fallait faire.

- Après tout ce qu'il t'ai arrivé, commença Pandore en posant sur moi des yeux bienveillants, c'est plus sûr que tu reste au Palais, Elena. Tu ne peux pas te permettre de te mettre en danger maintenant, Aragon a besoin de toi.

Je comprenais ce qu'ils ressentaient mais eux ne comprenaient pas pourquoi c'était important pour moi d'être présente. Cela faisait plusieurs semaines que je me trouvais enfermée dans ce palais et je ne comptais pas rester ici alors qu'une guerre faisait rage à mes portes.