X- La magie ça n'existe pas (réécrit)

589 78 29
                                    


Cette nuit fut l'une des rares fois où aucun songe ne vint perturber mon sommeil. Je fus réveillée par une douleur lancinante dans le bras gauche et mes muscles endoloris. J'entre-ouvris lentement les yeux, un bruit agaçant parvenant à mes oreilles. J'eus l'impression de ne pas les avoir ouvert pendant une semaine tellement l'effort que je dus fournir me parut énorme. Un simple plafond blanc me fis face et je sentis ma gorge sèche comme après un marathon. La lumière qui baignait la pièce était aveuglante et je fus forcée de battre des paupières pendant plusieurs secondes afin de m'y habituer. Une fois adaptée à la luminosité, je tournai la tête dans tous les sens pour découvrir où j'étais. Je me trouvais dans une chambre simple aux murs blancs immaculés, allongée sur un lit qui n'était pas le mien. Deux étagères plaquées bois étaient disposées dans un coin de la pièce et un pupitre émettant un bip par intermittence se dressait à ma droite. Une unique fenêtre m'indiqua qu'il faisait jour.

Il fallut à mon cerveau un petit temps pour comprendre qu'il s'agissait d'une chambre d'hôpital. L'angoisse afflua dans mes veines. Que s'était-il passé ? Soudain, une voix inquiète et familière se fit entendre à ma gauche et je faillis sursauter.

- Elena ! Oh mon dieu ma chérie tu es réveillée !

Mon regard se porta sur ma mère, assise sur un fauteuil juste à côté de moi et que je n'avais même pas remarqué. Son visage s'illumina malgré ses traces évidentes de fatigue et d'inquiétude et elle se précipita pour me saisir la main.

- Maman ? Qu'est-ce que je fais là ?

Mon angoisse de tout à l'heure s'apaisa grâce à sa présence mais mon trou de mémoire n'en restait pas moins présent. Je n'avais que des images floues et cette douleur dans un bras entouré d'une attelle.

- Tu ne te souviens absolument de rien ? M'interrogea-t-elle, ses cernes se creusant un peu plus sous ses yeux.

- Pas vraiment... La dernière chose dont je me rappelle c'est que j'étais dans le car et qu'ensuite...

Tout me revins d'un seul coup. La fatigue que j'avais ressentie ; mon rêve ou plutôt ma vision ; cet homme au milieu de la route et la façon dont il avait fait basculer le car comme par magie ; la fumée oppressante dans l'habitacle... Et cette dernière image : celle de Danaël penché au-dessus de mon visage et son regard d'un bleu profond et électrique rempli d'inquiétude. Il m'avait sauvé la vie. Mais comment ? Pourquoi ?

Ma mère dut remarquer mon expression affolée car elle reprit en resserrant un peu plus sa main autour de la mienne.

- Ça te reviens, ça y est ? (Puis elle ajouta d'une voix douce :) Le car dans lequel tu te trouvais a fait une embardée sur le côté. La police pense que le chauffeur a tenté d'éviter quelque chose au milieu de la route, peut-être un animal. On attend toujours d'en savoir plus et qu'il se réveille. Ton père est en train de parler avec les médecins, tu n'as qu'une entorse et quelques contusions, tu devrais vite t'en remettre.

Elle ponctua son explication d'un sourire réconfortant mais je ne l'écoutais plus. Je me souvenais parfaitement de ce qui s'était passé. Ce n'était pas la faute d'un animal, pas plus que celle du pauvre chauffeur. Quelqu'un avait essayé de me tuer, j'en étais persuadée. Je ne savais pas comment ce que j'avais vu était possible mais j'en étais à présent certaine. J'étais en danger. Comme je réfléchissais toujours à vive allure, sans réagir à ce qu'elle venait de me dire, ma mère s'adressa à nouveau à moi.

- Tu as vu quelque chose Elena ?

Je reportai mon attention sur elle, revenant brusquement à la réalité. Ma gorge s'assécha à nouveau et j'ouvris lentement la bouche pour lui répondre.

La Marcheuse de rêves - TOME 1Where stories live. Discover now