La Marcheuse de rêves - TOME 1

XLII- Compromis

Revoir Amanda avait été ce qui pouvait arriver de mieux à Aiden, et de pire à la fois. L'avoir rencontré l'avait fait se sentir à nouveau vivant, mais avait également remis en question tout ce en quoi il croyait. À la seconde où il l'avait vu poser sur lui son regard mordoré, une vague de chaleur s'était propagée en lui. Mais la seconde d'après, la réalité l'avait de nouveau frappé de plein fouet. Elle le détestait. Après tout ce qu'il lui avait fait, à elle et à Elena, il était impossible qu'elle ressente autre chose. Pourtant elle venait de lui avouer le contraire.

Cependant, en ce moment toutes ses pensées n'étaient plus tournées vers Amanda, mais vers l'énorme dragon que chevauchait son père. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Fut tout ce qui vint à l'esprit d'Aiden. Il vit la bête ouvrir son immense gueule et en quelques secondes, griller entièrement un bataillon du camp adverse. Le Marcheur de rêves resta paralysé, il n'avait jamais été au courant de cette partie du plan. Comment était-ce seulement possible ? Mendrac chevauchait ce dragon aussi aisément qu'un cheval.

Soudain, le chaos s'abattit d'un seul coup sur le champ de bataille. Tous se mirent à courir dans toutes les directions et c'est à ce moment qu'Aiden sortit de sa torpeur. Il chercha instantanément Amanda du regard et la trouva enfin, happée par la foule, plusieurs mètres plus loin. Sans réfléchir une seconde de plus, il courut dans sa direction aussi rapidement que lui permettaient ses jambes et les centaines de soldats fuyant à contre courant.

Au même moment, il entendit Mendrac ordonner à son dragon apprivoisé de pulvériser tout ce qui se trouvait en face de lui. Le jeune Marcheur de rêves dévisagea son père en comprenant ce qu'il avait en tête. En face de lui se trouvait Amanda, prisonnière de la vague de panique provenant aussi bien de leur soldats que de l'adversaire. Aiden le vit esquisser un sourire sadique et son sang se mit à bouillir dans ses veines.

Non. Il n'allait pas faire ça. Pas ça. Comprenant que sa promesse allait d'un instant à l'autre voler en éclat, le garçon dégaina son arme et se téléporta au plus proche d'Amanda. Pas elle. Pas maintenant. Aiden apparut devant elle et sans qu'elle ne puisse comprendre ce qui se passait, il attrapa son bras pendant que le dragon se mettait à cracher son feu destructeur. Grâce à ses pouvoirs, ils atterrirent par terre à peine une trentaine de mètres plus loin.

Aiden sentit la chaleur cuisante lécher jusqu'ici son visage et il protégea instinctivement Amanda positionnée sous son corps. L'odeur de la chair brûlée parvint sans mal à ses narines au même titre que les cris alentours provenant des corps en train de s'embraser. C'était un véritable carnage. C'était trop d'horreur. Son père venait d'essayer de tuer Amanda après lui avoir promis qu'il l'a laisserait en vie. Jamais Aiden n'aurait dû lui faire confiance, jamais il n'aurait dû lui obéir. Malheureusement il ne se rendait compte de tout cela bien trop tard.

Il entendit Amanda tousser et se dégagea pour qu'elle puisse respirer. Son visage était salit par la terre et ses yeux faisaient un aller-retour entre lui et le paysage de feu et de mort qui les entourait. Mais elle allait bien. Elle était en vie. Une vague de soulagement s'empara du jeune Marcheur de rêves et un sourire s'étira sur sa figure. Il approcha une main de sa joue pour s'assurer que c'était bien le cas.

- Tu vas bien ? Finit-il par demander afin d'en être sûr.

Amanda avait toujours un air stupéfait et empli d'incompréhension mais hocha tout de même la tête.

- Oui, dit-elle dans un souffle. Tu m'as... tu m'as sauvé la vie.

Aiden passa une main sur son visage et poussa un soupir de soulagement. Elle était en vie. C'était tout ce qui comptait. Il la dévisagea un instant en pensant à ce qui se serait passé s'il n'était pas arrivé à temps. Elle aurait brûlée elle aussi. Mendrac l'avait trahi. Lui, son propre fils. Il regarda une fois de plus le magnifique visage d'Amanda, et comprit qu'il avait fait son choix. Et il était plus sûr de lui qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie. Il prit sa main et la posa sur son cœur pour qu'elle ne doute pas un instant de sa sincérité.