La Marcheuse de rêves - TOME 1

XLIV- Retournement de situation

- Donc tout ce qu'on a à faire, c'est trouver ce dragon ? Demandai-je dubitative, après que Azilyn nous ait exposé le plan.

- Oui. Me répondit celle-ci d'une voix sûre.

Je dévisageai tour à tour tous mes amis, guettant leur réaction. Ce plan me semblait bancal mais c'était le seul que nous ayons.

- De toute façon on a pas le choix. Lança Helder en s'agitant. On manque de temps et...

La fin de sa phrase fut coupée par un rugissement et nous tournâmes tous la tête au même moment vers l'armée de Mendrac. Avec stupéfaction, j'aperçus sur le dos de Thanatos deux silhouettes en train de se battre et que j'identifiai immédiatement : Mendrac et Aiden. Je ne compris pas sur le moment. Pourquoi se battraient-ils alors qu'ils étaient dans le même camp ? Mais les paroles d'Amanda tout à l'heure me revinrent en mémoire et je compris que je m'étais trompée. Apparemment, Aiden avait changé de camp. Cependant je n'arrivais toujours pas à le croire.

Je sentis soudain la main d'Amanda se glisser dans la mienne et la serrer avec force. Elle y croyait. Elle croyait avec conviction qu'Aiden pouvait changer et se retourner contre son père malgré tout ce qu'il avait fait. J'avais du mal à comprendre cela, seulement, l'amour pouvait pousser les gens à faire des choses terribles mais aussi extraordinaires. Je serrai à mon tour la main de ma meilleure amie et pris une grande inspiration.

- Écoutez moi tous !! Criai-je à mes soldats par dessus le vacarme qui régnait. Nous n'avons pas encore perdus et nous ne sommes certainement pas encore vaincus ! Alors je veux que vous donniez tous ce que vous avez pour vous défendre et vous battre ! Ensemble ! Pour en finir une bonne fois pour toute ! Je sais que vous...

Cette fois ce fut moi qui fut coupée, cependant pas par un rugissement monstrueux, mais par ce qui ressembla à la mélodie d'un cor de chasse. Nous ne fûmes pas les seuls à l'entendre car je vis au loin, le combat entre Aiden et Mendrac cesser momentanément. Je regardais dans la direction de la forêt là où le son puissant venait de retentir, avec expectation et terreur. Qu'est-ce qu'il se passait encore ?!

Soudain, le sol se mit à trembler comme si un troupeau d'éléphants s'apprêtait à nous foncer droit dessus. Puis des cavaliers et créatures de toutes sortes d'espèces encore inconnues à moi même il y a peu, commencèrent à se déverser en masse dans la plaine où se déroulait le combat. J'écarquillai de grands yeux et me mis à suivre du regard cette immense armée venue de nulle part. Elle était constituée de nombreux cavaliers Marcheurs de rêves à en juger par leur armure, similaire à la notre, mais également d'elfes, de centaures, de chimères, de griffons et même de nymphes.

Je ne mis pas longtemps à comprendre d'où ils venaient, en apercevant l'étendard brandit haut et fier. Il représentait un griffon d'or tenant dans ses serres une grande épée sur un fond bleu roi. Je l'avais déjà vu. Et j'avais désespéré de l'apercevoir à nos côtés. Il s'agissait du royaume de Zeldaar qui venait nous apporter son aide. Je ressentis un immense soulagement se propager en moi et qui augmenta encore à la vue de l'armée fonçant droit sur celle de Mendrac, les prenant par surprise.

Néanmoins, un petit groupe, dont celui qui tenait l'étendard du royaume, se détacha de la mêlée et se dirigea vers nous. Les quelques soldats restés à mes côtés, non en train de se battre mais toujours alertes, resserrèrent les rangs pour me protéger. Je parvins tout de même à me frayer un chemin parmi eux, et, toujours suivie de près par mes deux swolïs, je leur fis signe de se calmer. Lorsque les cavaliers arrivèrent à notre hauteur, je compris immédiatement lequel était le chef. Il montait un grand étalon noir, ce qui contrastait avec ceux de ses généraux et soldats qui étaient tous d'un blanc éclatant. Mais c'est surtout le fait qu'il détonnait totalement des autres personnes autour de lui qui me mis la puce à l'oreille. Il portait une armure blanche incrustée de pierreries -ce qui me rappela la richesse démesurée des rois comme Louis XIV- et un casque qui ne laissait entrevoir que ses yeux.