La Marcheuse de rêves - TOME 1

VIII- Le mystère s'épaissit (réécrit)

Le cours était intéressant, mais je ne parvenais pas à me concentrer pleinement. Le fait qu'Helder eut intégré notre classe me tracassait. Il semblait y avoir tant de mystère autour de lui ! Premièrement, son timing. Quelques jours après le meurtre de Marc et après que je fusse tombée sur lui -littéralement- le jour de l'interrogatoire, c'était seulement aujourd'hui qu'il intégrait notre classe. Deuxièmement, je ne savais toujours pas si ce que j'avais vu lors de mon rêve était vrai. Avait-il réellement tué Marc ou bien mon esprit me jouait des tours ? Soudain, un souvenir de ce que le docteur André m'avait dit me revint en mémoire. « Notre cerveau ne peut pas inventer de visages, Elena. C'est la seule chose qui est impossible dans les rêves. Si tu rêves d'une certaine personne mais que tu es persuadée de n'avoir jamais rencontrée, tu as tort. Peu importe si tu en es consciente ou non, ton inconscient, lui, s'en rappelle.»

Cela voulait forcément dire que je l'avais déjà vu quelque part auparavant. Mais où ? Incapable de mettre le doigt dessus, la frustration se fit ressentir et mon attention sur le cours de Madame Merceur également. Nous n'étions qu'au début de l'année scolaire et déjà, je n'écoutais plus. Je me mis une gifle invisible et me forçai à faire abstraction de mes pensées bouillonnantes et des chuchotements circulants dans la salle à propos du « nouveau ultra canon ». Plusieurs fois, la professeure l'interrogea pour tester ses compétences et étonnamment, il s'y connaissait plutôt bien alors que j'aurais parié qu'il n'avait pas lu le livre. Ou bien il rattrapait très vite les choses, soit il trichait.

N'y tenant plus, je me retournai pour pouvoir jeter un coup d'œil au nouveau « beau gosse » dont les réponses étaient bien trop pertinentes à mon goût. Mon regard croisa le sien et il me répondit par un autre sourire arrogant. Il n'avait rien sorti sur sa table, ce que je trouvais complètement stupide. Fatiguée de son cirque, je lui jetai un regard aussi noir que ses cheveux avant de reporter mon attention sur notre professeure. Du coin de l'œil, je remarquai qu'Amanda ne cessait de le dévisager par intermittences. Je n'en croyais pas mes yeux. Pas elle, pitié.

À présent en colère, je lui donnai un coup de coude pour quelle arrête de le regarder et elle me considéra avec de grands yeux innocents, les sourcils arqués. Je mimai un « stop » avec mes lèvres mais qu'elle ne prit pas en compte le moins du monde. Elle paraissait à la fois curieuse et intéressée. Cela me rendais malade. Je ne faisais absolument pas confiance à Helder. Quelques secondes plus tard, je la vis reprendre sa contemplation. Je soufflai bruyamment en signe de capitulation puis saisis ma tête entre mes mains. Calme-toi, m'intimai-je.

Lorsque je relevai la tête, je m'aperçus avec étonnement qu'un morceau de papier venait d'apparaître sur ma table. Qui est l'abruti qui a déposé ça là ? Fut ma première pensée. Je n'avais pas reçu de mot de la sorte depuis la primaire et cela ne m'avait pas manqué. Je fixai la chose avec méfiance. Néanmoins, ma curiosité était piquée et je ne tardai pas à m'en emparer. Je le dépliai prudemment et constatai que quelques mots avaient été écrit d'une écriture soignée et plutôt jolie.

Elena,

Retrouve-moi sous le grand arbre au coin de la cour

une fois tout le monde parti du lycée.

Il y a quelque chose d'important que je dois te dire.

Danaël.

Je tournai la tête dans tout les sens en cherchant ce Danaël du regard mais tout le monde était à sa place, soit en train d'écouter le cours de la professeure, soit quasiment assoupi, la tête plongée dans son classeur. Brusquement, l'idée que ce ne soit qu'une mauvaise blague me traversa l'esprit. Et je ne voyais qu'une seule personne qui me paraissait assez dérangée pour faire ça : Helder. Mais alors que je me tournais vers lui, bien décidée à lui faire avouer, je le vis nonchalamment allongé sur sa table en train de dormir tranquillement. J'étais si stupéfaite que je restai à le dévisager longuement. Je n'avais jamais vu ça.