La Marcheuse de rêves - TOME 1

XIX- Apparences trompeuses (réécrit)

Helder jeta un dernier regard sur la cabane du vieux magicien puis se mit à suivre ses deux compagnons de route. Après deux jours de repos afin que Danaël puisse guérir et reprendre des forces, ils pouvaient enfin continuer leur mission et secourir Elena. Même si cette attente avait failli le rendre fou, Helder savait que c'était nécessaire. Pour une fois, il avait été le plus raisonnable des deux, ce qui l'avait autant étonné que Danaël. Il fallait dire que détenir ce rôle n'était pas dans les habitudes d'Helder. Au contraire, celui-ci préférait laisser les plus grosses responsabilités à son ami qui semblait d'ailleurs se complaire à jouer les chefs et à le rabrouer quand il dépassait les bornes. Il en avait toujours été ainsi et Helder ne voyait pas pourquoi aujourd'hui les rôles s'étaient inversés.

Tout en marchant en silence, le jeune Marcheur de rêves se mit à se remémorer un temps où de grandes responsabilités lui avait été confiées et dont il n'avait pas su être à la hauteur. Sa mission était des plus dangereuses : infiltrer le réseau de Mendrac afin d'espionner l'ennemi et mieux contrecarrer ses plans. En tant que meilleur espion de la garde, la tâche lui avait été évidemment attribuée, ce qui était tout à l'honneur d'Helder. Il allait enfin pouvoir être utile au royaume en attendant le retour la future reine et le début de son rôle de protecteur. Il en avait rêvé toute sa vie. Alors c'est avec une détermination sans pareille qu'il avait rejoint les rangs de Mendrac. Au début il s'attela à faire profile bas, puis les mois passèrent et il prit peu à peu de l'importance aux yeux de Mendrac. À ce moment là, Helder ne se doutait pas une seconde que leur ennemi pouvait être au courant de la supercherie. Au contraire, Mendrac l'avait pris sous son aile et semblait vouloir faire de lui un de ses proches conseillers. En réalité, il avait su au premier regard qu'Helder n'était pas celui qu'il prétendait être mais il avait préféré se rapprocher de lui et utiliser ses faiblesses pour le rendre vulnérable et exploiter son potentiel.

En regardant à présent en arrière, le jeune homme ne pouvait que regretter sa naïveté et la facilité avec laquelle Mendrac avait réussi à le manipuler. Ce dernier n'avait pas tardé à se rendre compte du besoin que ressentait Helder d'être admiré et de se sentir spécial, et il avait exploité cette faiblesse jusqu'à ce que le garçon arrête progressivement d'envoyer ses rapports journaliers et commence à suivre aveuglément ses ordres. Helder continuait chaque jour de se convaincre qu'il ne faisait ça que pour gagner la confiance de Mendrac, mais en réalité il avait depuis longtemps franchi la limite séparant l'espion du traître. Le déclic se fit lorsqu'il entendit une conversation entre Mendrac et sa protégée Lydia à propos d'Elena. Il était question d'envoyer quelqu'un pour la tuer et du projet de raser la capitale d'Aragon une fois le danger de son retour écarté. C'est là qu'Helder comprit son erreur et la manière dont son égoïsme l'avait aveuglé.

Le lendemain il s'enfuyait du château de Mendrac et retournait à Eledor pour les avertir du danger. Il réussit à les convaincre qu'il avait été forcé de couper tout contact avec eux mais Danaël ne fut pas aussi dupe. Il connaissait Helder et après lui avoir posé certaines questions, il avait su la vérité et s'était senti profondément trahi par son meilleur ami. Pour lui, peu importait qu'il ait essayé de se racheter en les prévenant du danger que courait Elena, il avait faibli face à l'ennemi et avait été assez bête pour croire en ses mensonges. Helder savait qu'il serait difficile de regagner totalement sa confiance, mais il ne cesserait d'essayer.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite que Danaël et Atlas venaient de s'arrêter devant lui et percuta le jeune Marcheur de rêves de plein fouet.

- Qu'est-ce qui te prend de t'arrêter sans prévenir ? Lança Helder en jetant un regard exaspéré à son ami.

- Tu pourrais d'abord faire attention où tu marches avant de m'accuser ! Rétorqua ce dernier en vérifiant sa blessure presque cicatrisée.