XV- Pouvoirs (réécrit)

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Cela faisait à présent cinq heures que Danaël et Helder arpentaient la Forêt noire avec la vigilance caractérisant les Marcheurs de rêves. Néanmoins, malgré l'entraînement qu'il avait suivi avec son compagnon de route, Danaël sentait ses jambes s'affaiblir et la fatigue s'abattre peu à peu sur son corps et son esprit. Le paysage semblait à la fois changeant et toujours le même, quant à l'atmosphère, c'était comme si elle les oppressait et que l'air qui les entourait était différent, lourd, malsain. Ce n'était pas pour rien que cette forêt était crainte et que rares étaient ceux osant s'y aventurer. Il y avait bien un homme qui y avait élu domicile mais en tant que grand magicien, il avait plus de chance de survivre à ses pièges et à ses créatures fourbes et dangereuses.

Clignant plusieurs fois ses paupières, Danaël s'efforça de regarder devant lui et de chasser la fatigue qui s'emparait de ses muscles.

- On ne devrait pas faire une pause ? S'enquit Helder derrière lui. Ce n'est pas en marchant des heures durant qu'on sera plus efficace contre les créatures qui rodent.

Son ton sarcastique irrita le jeune blond. Ils avaient marché en silence pendant plusieurs heures ce qui avait été un répit bienvenu, mais il semblait que c'était à présent terminé.

- Pas encore. Nous devons avancer le plus possible, la vie d'Elena peut en dépendre.

Danaël entendit son coéquipier soupirer et s'arrêta pour se tourner vers lui.

- Qu'est-ce que tu as ? On dirait que tu n'en as rien à faire !

Helder lui lança un regard dédaigneux.

- Tu te trompes. Mais nous ne pourrons pas l'aider si on se fait tuer par une bête guettant chez nous la moindre trace de faiblesse. Et si nous ne dormons pas un minimum, c'est ce qui va arriver, dit-il en braquant sa lumière sur les traits tirés de Danaël.

Ébloui, celui-ci fit tomber la boule de lumière que tenait Helder entre ses doigts en signe de désapprobation. Mais ce dernier en fit réapparaître naturellement une autre, d'une clarté douce mais efficace.

- Je ne suis pas si fatigué, répliqua Danaël en se remettant en marche. Et puis on en serait pas là si tu avais suivi Elena jusque chez elle comme on avait convenu, je te rappelle.

Son ami lâcha un soupir plein d'amertume.

- Tu vas sérieusement me mettre ça sur le dos ? C'est tellement ton genre d'accuser les autres, hein Danaël ?

Ce dernier fit volte-face, la colère et la culpabilité déformant son jugement. Helder s'approcha de lui et leva un doigt menaçant dans sa direction.

- Je te signale que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour la protéger ! Dit-il non sans une pointe de regret dans la voix. J'ai aperçu un des sbires de Mendrac près du lycée alors je l'ai suivi puis éliminé en la pensant à présent hors de danger ! Tu ne comprends pas ? C'était une diversion ! Ils ne sont pas idiots, ils savaient qu'on ne la quitterait pas des yeux alors ils ont tout fait pour nous éloigner d'elle. Tu t'es fait avoir tout comme moi.

Danaël savait qu'il avait raison et cela ne faisait qu'attiser sa culpabilité et sa rancœur envers Helder. Il n'avait qu'une mission : ramener Elena à Aragon pour mettre fin aux menaces de Mendrac et éviter une guerre. Mais il avait échoué. Et puis, cela allait bien plus loin que ça : il craignait pour sa vie et ne pouvait imaginer ce que ce monstre de Mendrac comptait lui faire endurer. Rien qu'y penser le mettait dans une telle rage, qu'il aurait bien frappé n'importe qui. Particulièrement son ancien meilleur ami.

- Qui me dit que ce que tu dis est vrai ? Lança le blond soudain méfiant. Peut-être que tu es redevenu une girouette et que tu t'es empressé de nous trahir pour la deuxième fois !

La Marcheuse de rêves - TOME 1Where stories live. Discover now