XXIX- La fin ? (réécrit)

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(Musique : Where's my love de SYML)


Pourquoi ? Pourquoi avait-il de nouveau échoué ? Cette question asphyxiait Danaël, infestant les recoins de son esprit jusqu'à le paralyser et qu'il ne ressente rien d'autre que de la haine envers lui-même. N'était-il donc pas capable de protéger les personnes qu'il aimait ?

À cet instant il voulait mourir. Mourir pour ce qu'il avait été incapable de faire, et mourir car celle qui avait donné un sens à sa vie n'était plus de ce monde.

Elena. Est. Morte.

Ces mots résonnaient en lui tandis qu'il tenait son corps sans vie dans ses bras tout en pleurant silencieusement. Que pouvait-il faire d'autre ? Il était arrivé trop tard pour changer son destin. Après avoir combattu les soldats de Mendrac qui s'étaient lancés aux trousses de la future reine d'Aragon et qui gisaient à présent aux alentours de la clairière, il n'avait rien pu faire d'autre que la regarder avec impuissance s'éteindre dans ses bras. Il lui avait promis qu'il serait toujours là pour la protéger, mais il avait une nouvelle fois failli à sa mission.

Il poussa alors un rugissement mêlant rage et douleur, ne parvenant plus à retenir toute cette tristesse qui menaçait de l'engloutir tout entier. Il reporta ensuite son regard sur Elena. Les yeux du garçon étaient embués et ne cessaient de déverser de ce liquide salé dévalant ses joues. Il avait l'impression de se noyer, de couler lentement tandis que la surface ne devenait progressivement rien de plus qu'un mirage.

Danaël essuya ses larmes du dos de la main puis déplaça une mèche de cheveux qui barrait le visage de la jeune fille d'un doigt tremblant. Elle paraissait sereine. Comme si elle était à présent libérée de toutes ses peurs, de tous ses cauchemars. Ses yeux étaient fermés, ses muscles relâchés, son cœur avait cessé de battre il y a plusieurs minutes déjà mais sa peau était toujours aussi colorée, pleine de vitalité malgré l'énorme tache rouge au niveau de son abdomen. Elle était magnifique. Mais elle n'était plus. Bientôt son corps le comprendrait, bientôt elle ne semblerait plus aussi paisible mais bien morte, sans plus aucun filtre pour tromper les sens.

Le jour commençait seulement à se lever, une faible lueur baignait la clairière et les oiseaux se mirent gazouiller. Le Marcheur de rêves sentit ses yeux s'humidifier à nouveau mais ne détourna pas le regard de sa reine endormie. Il ne saurait jamais pourquoi elle s'était enfuie au départ ; n'apprendrait jamais ce qu'elle aurait pu devenir une fois sur le trône d'Aragon ; ne découvrirait jamais ce qu'ils seraient devenus tous les deux. Il y avait tant de choses qu'il aurait voulu vivre avec elle, découvrir avec elle. Les remords lui nouèrent la gorge et il sentit la nausée s'emparer de lui.

Soudain, il entendit des pas rapides s'approcher de sa position. Il craignit que ce ne soit encore les gardes de Mendrac alors il fit apparaître son épée et la serra fort dans sa main droite tandis que de son bras gauche, il tenait fermement le corps d'Elena. Cette fois-ci il n'avait plus rien à perdre. C'était eux qui lui avaient pris Elena et il comptait les tuer et leur faire payer leur geste. Danaël ne ressentait plus seulement du désespoir mais également de la haine et une envie irrépressible de vengeance. Ils allaient le payer de leur vie.

Mais contre toute attente, ce ne fut pas les assassins d'Elena qui débouchèrent dans la clairière, mais ses amis. Ils arrivèrent essoufflés et pour certains blessés, mais heureusement aucun ne semblaient gravement amoché. Ils étaient tous là, sains et saufs : Helder, Amanda, Azilyn, Atlas et Aiden. Il se sentit brusquement rassuré : au moins il n'avait perdu personne d'autre cette nuit.

Lorsqu'ils remarquèrent Danaël, tous soufflèrent d'abord de soulagement et Helder fut le premier à se précipiter vers lui. Mais lorsqu'il aperçut le visage de son frère d'arme, et qui il tenait dans ses bras, le Marcheur de rêves s'arrêta net, comme frappé par la foudre. Son regard resta fixé sur Elena et mille émotions traversèrent son visage, passant du choc à une tristesse profonde, pour finir par se concentrer sur la colère qui montait progressivement en lui. Danaël comprenait parfaitement ce qu'il ressentait. Malgré la douleur qui ne le quittait pas, une rage sourde faisait vibrer son être, lui permettant quelque part de ne pas s'écrouler. À voir le regard qu'Helder lui jeta, son ami comprit qu'il tenait également à Elena et que sa perte le ravageait tout autant.

La Marcheuse de rêves - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant