La Marcheuse de rêves - TOME 1

XVIII- La proposition (réécrit)

Je retournai dans ma chambre et refermai la porte derrière moi. Ma respiration était saccadée après avoir marché le plus vite possible jusqu'ici et je dus prendre quelques minutes pour retrouver mon calme. Il fallait que je me détende sinon tout mon plan tomberait à l'eau. Je m'allongeai sur le lit et croisai mes mains sur mon ventre en fixant le plafond. Je pris plusieurs grandes inspirations et tentai de faire le vide dans mon esprit. Je ne savais pas vraiment comment cela fonctionnait alors j'essayais du mieux que je pouvais. Je concentrai toutes mes pensées sur Amanda, visualisai son visage, ses cheveux bruns et ses yeux bleus, son sourire si chaleureux et me rappelais son rire enjôleur. Au bout de longues minutes, rien ne s'était produit.

Je poussai un soupir de fatigue en voyant que ça ne marchait pas. Qu'est-ce que j'espérais au fond ? Réussir une chose que je n'avais jamais faite de ma vie du premier coup ? Je n'étais même pas au courant que je possédais des pouvoirs avant la semaine dernière. Je désengourdis mes doigts et réajustai le coussin sous ma tête avant de me concentrer à nouveau. Je pouvais le faire. Cette fois-ci, je ne visualisai pas Amanda mais les cachots. L'endroit humide et sombre où j'avais été enfermé me revint en mémoire et je m'efforçai de ne penser qu'à ça. Tous mes sens furent sollicités : je me rappelai l'odeur d'humidité et de renfermé que j'avais sentie en me réveillant, le goût métallique de mon propre sang dans ma bouche lorsque Lydia m'avait conduite hors de ma cellule et me représentai les dizaines d'autres geôles que j'avais furtivement aperçues.

Lentement, je sentis mon corps peser de moins en moins lourd à mesure que mon esprit se persuadait d'être dans cet endroit, et bientôt, je rouvris les yeux sur un corps allongé à même le sol dans une cellule de moins de 7 mètres carrés. Je clignai plusieurs fois des paupières pour être sûre de ce que je voyais mais pas de doute, je me trouvais bien dans les cachots. Enfin, mon esprit l'était. Mon corps, lui, se trouvait toujours sur le lit où je venais de réussir à m'endormir. J'espérais seulement avoir assez de temps pour parler à Amanda avant de devoir retrouver ma chambre et le choix cornélien que je devais faire.

Je m'accroupis auprès de la jeune fille endormie que j'avais immédiatement reconnu comme étant Amanda. Elle dormait. Ses cheveux d'ordinaire si soignés étaient à présent emmêlés et salis par la poussière des lieux. La pâleur de sa peau m'inquiéta et mon regard s'attarda sur son abdomen, là où elle avait reçu le coup qui aurait pu lui être fatal. Je devinai un large bandage qui protégeait sa blessure sous sa blouse d'hôpital mais celle-ci avait dû se rouvrir car du sang tâchait à présent le blanc immaculé. Elle devait geler ici. J'avalais difficilement ma salive et prononçai son prénom à voix haute afin qu'elle se réveille. Elle ne sembla pas m'entendre alors je réitérai l'opération plusieurs fois en gardant un niveau sonore minimum. Je voulais pas risquer d'ameuter le geôlier et son loup terrifiant.

Finalement, les paupières de ma meilleure amie se soulevèrent et je laissai échapper un soupir de soulagement.

- Elena ? Dit-elle d'une voix faible et peinant à croire à ma présence.

Un sourire se forma sur mes lèvres et la joie qui m'emplit me poussa à la prendre dans mes bras. Elle laissa échapper une exclamation de surprise mais me rendit bientôt mon étreinte.

- Oh Amanda, je suis tellement désolé, m'excusai-je mon visage dans ses cheveux.

Elle se détacha de moi et son regard translucide rencontra le mien. J'y lus de l'incompréhension et de la peur.

- Qu'est-ce qui se passe Elena ? Où sommes-nous ?

Je fermai un instant les yeux. Elle devait se sentir complètement perdue et terrifiée, ce que je comprenais. Moi-même j'avais du mal à garder la tête froide et à ne pas devenir folle après tout ce que j'avais appris. Mais je n'avais pas le choix, il fallait que je lui explique tout.