l'alchimiste

23.

«  Rita.  »

À bord de sa voiture je me sens faussement privilégiée. J'évite de le regarder un minimum même si mes yeux ne parviennent pas à contrôler leur rotation. Ce type m'impressionne dans tous les sens du terme. Son instabilité me perturbe autant qu'elle me plaît.

Malgré qu'il est capable de me déstabiliser avec un rien j'essaye de paraître la plus rassurée possible.

- Tu dis n'importe quoi wesh c'est ma petite sœur puis déjà personne n'a besoin d'être au courant. Nous sommes les seuls et uniques concernés point, dit-il confiant

J'hausse légèrement les sourcils.

-   D'accord et si j'dis autant n'importe quoi, dis-moi pourquoi tout à l'heure tu n'as pas assumé devant elle? j'ajoute avant qu'il ne me toise avec insistance.

Il semble être piégé ou blessé dans son estime j'n'en sens rien, il est sûrement incapable de répondre à cette colle.
Il recule et pivote son siège de sorte à ce qu'il soit tranquillement allongé, la main tout naturellement posée sur sa nuque.

- T'es une petite maligne toi en fait.

- Comment ça?

- Tu crois vraiment pouvoir me la mettre en me posant cette question là hein?

- Tu comptes au moins y répondre?

- Non.

- Et pou...

- Ça n'a pas d'importance!

-   Très bien, ça confirme c'que j'disais.

Il se redresse pour me fixer sévèrement.

- Écoute moi bien. Retire tous ces trucs merdiques auxquels tu penses d'ta tête! J'vais pas me répéter la dessus, Mimi
est la sœur que j'ai pas eu et c'est tout.
Si t'insinues encore un bail chelou entre elle et moi tu vas le regretter, c'est clair?

- C'est une menace?

- Une prévention mais ouais t'peux appeler ça comme tu veux, j'm'en balec.

Enfin prête à m'en aller, je me tourne face à la portière pour tenter de l'ouvrir. Mais cette dernière est fermée... mes yeux s'orientent vers l'Alchimiste, qui lui ne me prête pas attention. J'éclaircis ma voix.

- La portière est fermée.

- Et après?

- Ouvre là, j'me barre.

- Ah et donc tu penses que dit comme ça, j'vais réellement t'ouvrir? Vielle folle.

Je me redresse sans y ajouter un mot.

- T'as perdu ta langue? dit-il tout détendu en allumant son troisième splif.

- Laisse-moi y aller, l'Alchimiste!

Il attrape mon visage, je prie pour que mes yeux ne me trahissent pas une nouvelle fois. Je prends avec soin l'une de ses mains afin de la retirer de ma figure.