Puzzling

Chapitre 5 ~ The Blank Page Syndrome

Ça doit bien faire dix minutes que je suis planté devant l'écran de mon ordinateur et à part avoir intitulé mon document « Article pour stage », je n'ai rien fait. Ma page est complétement blanche. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il pense que je m'appelle Dylan. D'accord c'est un prénom mixte et Wen' sonne plutôt comme un nom masculin. Mais honnêtement je n'ai absolument pas le profil pour écrire la rubrique mode. Encore aujourd'hui je suis vêtue d'un simple t-shirt large et d'un short en jean clair. Je suis loin d'être à la pointe de la mode. Mes tenues sont tout ce qu'il y a de plus banales. Et puis Dylan déteste le sport, comment a-t-il pu nous confondre. Je sais qu'on est ce à qui il parle le moins ici, mais je pensais qu'il connaissait au moins nos prénoms respectifs. Il faut croire que je me suis trompée. Et encore une fois je passe au second plan.

« Le syndrome de la page blanche ? » Chante à moitié une voix.

Celle de Roy pour être plus précise. Je ne sais pas pourquoi il s'intéresse soudainement à moi - surement parce que Peter lui a dit de le faire- mais je trouve ça plutôt culoté quand il ne connaît même pas mon prénom. En plus ça main est posée sur mon épaule. Je n'ai qu'une envie c'est de la claquer en lui hurlant qu'il ne peut pas me toucher ou faire comme si on était ami alors qu'il ne connait pas mon prénom après trois ans. Mais je me contiens et lui lance juste un regard noir après avoir observé ses doigts sur mon épaule, légèrement dénudée.

Comprenant où je voulais en venir il la retire et m'offre un regard d'excuse. Je n'en veux pas moi de son regard d'excuse, je veux qu'il me dise que c'était une blague et qu'il sait que je m'appelle Wendy. « Désolé » Souffle-t-il, trop près de mon oreille. Son souffle chaud fait écho avec sa voix et je me surprends à retenir un frisson.

« Tu veux participer au concours pour le stage ? » Il continue à parler seul en regardant mon écran. « Je vais y participer aussi. Je n'écris pas autant que je le voudrais en étant rédacteur en chef, alors ce stage est une bonne excuse pour le faire. Je pense que je vais mettre un article pour chacun d'entre nous. Histoire qu'on est tous notre chance. Et si ensuite il y en a qui veulent se désister et bien... »

« Je ne comprends pas pourquoi tu me parles. » Je le coupe surement beaucoup plus froidement qu'il ne l'aurait jamais imaginé. « Je te connais depuis que je dois avoir six ans, je suis ici depuis trois ans et ça doit bien être la première fois que tu me parles. » Je continue sans haine apparente dans ma voix. On ne distingue que l'incompréhension et une légère trace de mépris.

« Excuse-moi, je ne savais pas qu'on se connaissait depuis autant de temps. » Il semble encore plus gêner que tout à l'heure néanmoins il ne perd pas son assurance.

« On ne se connait pas depuis aussi longtemps. Je te connais, Roy. Toi tu ne sais pas qui je suis. Pourtant tu avais l'occasion de le faire durant les trois dernières années. Tu sais très bien que j'étais au journal durant tout ce temps. Alors je te repose ma question, pourquoi tu me parles ? »

Je sais que ma façon de lui parler peut sembler mesquine mais d'un je ne l'aime pas et je ne l'ai jamais aimé et de deux il ne connaît pas mon nom. Et même si je voudrais savoir passer outre, je n'y arrive pas. La pensée qu'il ne connaisse pas mon nom après toutes ses années me dérange fortement.

« Tu fais partie du journal ... » Commence-t-il

« Depuis trois ans ! » Je le coupe à nouveau mais il fait abstraction et reprends l'air de rien.

« ... Et tu es une amie de Peter. »

« Je ne suis pas son amie. »

« Il semble penser le contraire. »