Chapitre 10 ~ Groupie Mania

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Assise sur une chaise en plastique disposée au premier rang je ne peux m'empêcher de soupirer. Cette journée n'a vraiment pas été la mienne et j'espère de tout cœur pour que Carter la rende un peu meilleur. Je crois que le fait qu'il gagne ce combat n'est plus simplement une envie mais un besoin. J'ai besoin qu'il gagne, autrement je crois que je vais finir par ne plus avoir de cheveux sur la tête à force de tirer dessus.

« Wendy ?! Je croyais que tu t'appelais Dylan. »

Cette phrase n'arrive pas à sortir de mon esprit. Je ne sais pas pourquoi ça me préoccupe autant, après tout ce n'est qu'un prénom. Seulement l'air qu'il a utilisé pour la prononcer me donne la sensation que c'est bien plus dramatique que je ne l'aurais pensé. Je crois que je l'ai déçu et quelque part ça me blesse de l'avoir fait. Comme si je m'étais attaché à lui. Et je crois que je l'ai fait.

L'humour de Peter a beau être le pire auquel je n'ai jamais fait face, il resté attachant malgré tout. Alors j'espère qu'il ne prendra pas cette histoire trop à cœur. Après tout je n'ai jamais menti, je n'ai jamais dit mon nom ou oser me prétendre être Dylan. Ils sont arrivés à ces conclusions seuls. J'ai simplement oublié de leur dire qu'ils avaient torts. Je me suis contenter de ne pas les contre dire quand il le fallait.

Je ne suis pas complètement innocente dans ce qui s'est passé. Mais j'espère qu'il sera se rappeler que je ne suis pas non plus la seule coupable et qu'il a comme moi une part de responsabilité. Parce que je pense qu'il est très rare qu'une unique personne soit prise dans une quelconque responsabilité. Après tout en tant qu'homme nous sommes censés être conscient. Et bien qu'on ne puisse tout connaître, j'ai dans l'idée qu'une part de nous sait toujours. Et qu'il suffit de savoir la révéler pour découvrir ce qu'il se passe autour de nous comme dans notre propre vie.

Je ne dis pas que Peter est responsable de mon omission. Simplement qu'il aurait pu me demander à nouveau mon prénom quand on s'est recroiser au lieu de se baser sur des suppositions. Comme il aurait pu me demander si elles étaient vraies.

C'est vrai qu'avec ma première réaction face à cette question je ne l'ai pas vraiment invité à le faire. Et que mon comportement ne l'a pas encouragé non plus. Mais c'est parce qu'il est l'ami de Roy. Et qu'à chaque fois que j'ai été amené à le voir je l'ai également vu. J'aurais pu essayer d'en faire abstraction mais je sais que je ne serais parvenue à aucun résultat.

Je ne suis pas du genre à cacher ses émotions. La vérité c'est que la plupart du temps je ne serais pas même capable d'en faire état. Je n'ai jamais dû dire à un instant précis si j'étais triste ou seulement fatiguée, ni si j'étais heureuse ou simplement existée. Alors j'ai évacué ! J'ai choisi l'option qui m'a semblé la plus simple : Exprimer à la vue de tous ce que je ressens à l'instant présent pour qu'ils puissent en faire état eux même. Certain pourrais malgré tout vous dire que je suis sarcastique et que c'est la meilleure façon de cacher ce que l'on ressent mais je crois que c'est faux. Le sarcasme est une simple marque d'agressivité adoucie et mélange à un petit peu d'attachement. Pour moi ça ne cache rien.

Tout ça pour dire que je ne pouvais pas faire semblant d'être heureuse et amicale avec Peter. Parce qu'au fond de moi il y avait toujours cette voix pour me rappeler qu'ils étaient liés. Et qu'ils le sont toujours. La seule différence c'est que maintenant je prends conscient qu'il était maladroit et inopportun d'agir comme je l'ai fait avec Peter simplement parce qu'il est ami avec quelqu'un que je n'aime pas.

Les cris autour de moi augmente alors je réalise que le temps a passé et que le combat risque de commencer. Je suis probablement la seule fille présente mais ça ne me gêne pas. Je sais que ce combat est légal et qu'il est très rare qu'une femme aime voir deux hommes se taper dessus même si ce n'est pas impossible et que c'est probablement de plus en plus courant. Je ne fais pas parti de ces femmes. Le fait que deux hommes se battent ne me gêne pas. Particulièrement quand c'est organisé comme ce soir. Mais je ne raffole pas pour autant de ce genre de spectacle. A dire vrai, j'ai fait de la boxe française. Ça n'avait probablement rien à voir avec celle qu'on exécute en club, étant donné que c'était dans le cadre d'un de mes semestres, mais ça n'empêche pas que j'aie aimé ça. Aussi sauvage que je puisse paraître en affirmant ça j'ai aimé frapper quelqu'un d'autre en étant consciente qu'il n'y avait aucune haine et que c'était sécurisé. Ça m'a permis d'évacuer un peu mes peines. Et je pense que c'est également ce que ça peut apporter a des professionnels comme Carter. Bien qu'avec eux ça doit être beaucoup plus douloureux et moins sécurisé.

PuzzlingWhere stories live. Discover now