Chapitre 38 ~ Clochette

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Je suis étonnée par la vitesse à laquelle la routine peut s'installer. Qui aurait cru qu'en l'espace de même pas quelques heures, j'aurais repris mon quotidien ?! Pas moi, en tous cas !

Pour être honnête, j'avais imaginé un accueil extraordinaire de la part de ma famille. Je m'attendais à ce qu'ils me sautent dans les bras, heureux de me voir. Mais il faut croire que je m'étais trompée et que je regarde beaucoup trop de séries américaines où tout est amplifié.

Mes parents ne m'ont pas serrée dans leurs bras, ils étaient heureux de me voir mais ça ne les a pas empêchés de ne le pas le faire. Si j'en crois leurs explications, je ne méritais aucune marque d'affection de leur part pour deux bonnes raisons. La première, je leur ai menti sur l'heure de mon départ en Australie et les ai par conséquent privés de toutes chances de pourvoir me serrer dans leurs bras une dernière fois avant que mon avion ne décolle. Et la seconde, je me suis fait virer de mon stage de journalistes pour avoir saccagé un hôtel. Et bien, je dois avouer que j'ai un peu mérité leur punition. Pour ne pas dire complétement ! Je crois qu'à leur place j'aurais été beaucoup plus dure. Alors on va dire que c'était simplement de bonne guerre.

Erin aussi, a décidé de ne pas m'accueillir chaleureusement. Mais ses raisons étaient évidement différentes puisque contrairement à mes parents elle a pu m'accompagner jusqu'à l'aéroport et elle se fiche complétement que j'ai saccagé un hôtel. A vrai dire, elle avait l'air plutôt amusée par cette anecdote et à tout de suite voulu savoir comment je m'y étais prise. Je crois même que mes explications l'ont rendue un peu plus douce à mon égard. Parce que, ça lui a redonné espoir. D'après elle, ça prouve que je ne suis peut-être pas un cas désespéré. Oui, parce que c'était sa raison pour m'en vouloir. Et si vous vous demandez pourquoi elle me voit comme tel, c'est simple ! Je suis revenue célibataire !

Je crois que ça l'a déçue parce qu'elle me voyait déjà revenir mariée avec Roy et enceinte de triplet. Plus sérieusement, je crois vraiment qu'elle imaginait qu'il se passerait quelque chose avec Roy. Et je dis bien Roy, parce que quand j'ai voulu l'attendrir pour qu'elle me fasse un câlin de bienvenue et que je lui ai laissé croire que j'avais eu une petite histoire avec un autre garçon, elle m'a clairement dit qu'elle s'en fichait puisque ce garçon n'était pas Roy. Je crois même qu'elle a, à un moment donné, fusionné nos deux noms. Elle a dit quelque chose comme Rendy. Ce qui est terrible, si vous voulez mon avis.

Enfin, peu importe ! Ce n'est pas la chose la plus terrible que j'ai entendu finalement. Non, je crois que la pire chose que j'ai pu entendre depuis mon retour, c'est le bip strident de mon réveil. Parce que, pour être complétement honnête, je n'avais vraiment pas envie d'aller en cours ce matin. Non pas parce que je considère le lycée comme un calvaire, ça n'en a jamais était un pour moi. J'ai toujours aimé apprendre. Seulement, je préférerais être encore en Australie. Je ressens encore le décalage horaire et j'ai la sensation de me réveiller en pleine nuit. En plus de ça, me rendre en classe va simplement me rappeler que je ne sais pas me tenir. Et puis je suppose que la plupart des élèves sont au courant de notre retour. Enfin de celui de Roy, parce que je doute que le fait que je sois revenue intéresse vraiment quelqu'un.

Les gens ne s'intéressaient pas à moi avant, je ne vois pas pourquoi ils le feraient maintenant !

C'est malgré tout avec la tête haute - et avec un peu plus de maquillage que d'habitude, il faut l'avouer - que j'ai franchis les portes de mon établissement et que je me suis dirigée vers mon sanctuaire. Ou pour être plus claire, vers la salle de rédaction. Parce que, soyons claire, je savais parfaitement que si je ne passais pas par cette salle avant de reprendre les cours, cette journée allait me paraitre interminable.

Comme je m'y attendais, la salle était complétement vide quand j'y suis entrée et j'ai pu m'assoir à ma place habituelle, derrière l'ordinateur en recul. Depuis je n'ai toujours pas bougé, me contentant d'observer la page blanche ouverte. Et je tiens à préciser que si elle est encore vide, ce n'est pas parce que je suis en manque d'inspiration. Je n'ai tout simplement rien à écrire, du moins rien qui pourrait être utile pour le journal. Après tout, je m'occupe de la rubrique sport et je n'ai évidemment pas pu voir de match durant mon séjour en Australie, si on omet celui de Carter dont j'éviterais de parler.

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