mon beau-père.

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4. mon beau-père.

Les retrouvailles avec les filles ont été encore plus éprouvantes que je ne l'imaginais. Agréables bien entendu parce qu'elles m'ont vraiment manqué. Je faisais tout pour oublier ce fait parce que penser à elles me faisaient penser à mon père et c'était trop douloureux. Mais aujourd'hui, alors que je joue avec Ali dans le jardin pendant que Noah nous regarde depuis un transat de la terrasse, je me dis que je suis heureux d'être ici. Au moins pour elles.

Ali tape une nouvelle fois dans le ballon de football devant elle et je n'ai pas le temps de l'arrêter qu'il est déjà dans nos cages imaginaires. Cette gamine est aveugle de naissance mais elle réussit malgré tout à me marquer des buts. Mais comment fait-elle ?

— Tu m'as encore eu ! m'exclamé-je en allant chercher la balle entre les arbres.

Elle saute sur place en s'extasiant de sa énième victoire.

— Je suis trop forte pour toi, Hugo !

Quand je reviens, je m'apprête à lui répondre mais je vois mon père debout à la droite de Noah.

— Désolé de casser l'ambiance les enfants mais Hugo, ça serait peut-être bien que tu ranges ta valise dans ta chambre avant qu'on ne mange.

— Mais on joue, papa ! intervient Ali, boudeuse.

— Toi, tu n'as pas encore fait tes gammes alors si j'étais toi, je ne dirais rien.

Elle lève les mains au ciel tout en s'avançant vers lui. Noah l'aide à rentrer dans la maison, nous laissant seuls mon père et moi. Il me sourit et m'assène naturellement :

— Ça me fait tellement plaisir de t'avoir à la maison.

Il n'en dit pas plus et retourne à l'intérieur lui aussi. Je ferme les paupières et prends une profonde inspiration. Comment peut-il être un si bon menteur ? Comment peut-il me dire ça alors... Alors... Je suis en train de bouillir de l'intérieur tellement la colère est présente en moi. Je tourne sur moi-même pour tenter de me calmer mais c'est peine perdue, je me connais alors je jette le ballon sans faire attention où il atterrit et rentre presque en furie dans la maison.

Ali est installée sur le banc devant le piano du petit salon. Ses petits doigts volent sur les touches avec légèreté et ça me calme dans la seconde. Ne reste qu'un sanglot que j'éloigne avec un grognement. Un bruit de casseroles me parvient. Je tourne la tête et aperçois George debout dans la cuisine à préparer le déjeuner. Quand il relève les yeux, nos regards se croisent et il me sourit aimablement.

J'ai toujours apprécié George. Je ne saurais dire pourquoi. Peut-être parce que j'ai l'impression de le connaître depuis aussi longtemps que mon propre père, qu'il a toujours été là, auprès de moi. Il n'a jamais remplacé mon père dans son rôle mais il a toujours été cet ami adulte mais cool. Mais souvent, je me demande comment mon père a pu être avec ma mère avant d'être avec George parce qu'ils sont à des années-lumière l'un de l'autre, c'est le moins que l'on puisse dire.

Je devrais bouger. Aller le saluer. Lui dire quelque chose. Carrément le remercier de m'accueillir chez lui. Ou lui tourner le dos pour au moins ne plus ressembler à une statue de bas étage. Mais rien. Et c'est finalement lui qui contourne le comptoir pour venir me saluer. Enfin c'est peut-être vite dit parce qu'il s'approche et me prend dans ses bras sans un mot. Alors au lieu de lui rendre son accolade qui me met mal à l'aise plus qu'autre chose, je réussis à lui sortir :

— Bonjour.

Il se recule, me tapote le haut de l'épaule et me dit :

— Bon retour à la maison, Hugo !

problem child. - idy 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant