problem child. - idy 2

mon paradis.

20. mon Paradis.

Ma révélation laisse un grand blanc entre nous. Tandis que son regard semble me passer aux rayons X, je me passe les mains sur le visage. Je n'aurais pas dû lui dire ça même si c'est la vérité. Cela fait presque deux ans que je garde ça pour moi, je n'en ai jamais parlé à qui que ce soit... Et en même temps, à qui l'aurais-je raconté ? Je n'avais plus personne dans ma vie avant la semaine dernière.

— Ton père ? Te protéger de ton père ? s'exclame-t-il enfin, abasourdi par cette idée. Mais il t'a fait quoi ?

— Il...

J'hésite. Je sais que je peux avoir confiance en Elliott. Il ne m'a jamais trahi et malgré le fait que j'ai coupé les ponts avec lui pendant des années, il est toujours là pour moi. Peu de personnes peuvent se vanter d'avoir un tel ami dans leur entourage. Mais si je lui dis... ça deviendra vrai, réel et je ne sais pas si je suis capable d'y faire face.

— Quoi ? Il... Il t'a fait quelque chose de mal ?

Je vois dans son regard toutes les idées qui lui passent à l'esprit. Toutes plus horribles les unes que les autres. Je secoue rapidement la tête et lui dis :

— Rien de mal, ne t'inquiète pas. C'est juste... J'ai appris par hasard qu'il n'avait jamais voulu de moi en fait.

— Louis n'aurait pas voulu de toi ? Impossible !

— Et pourtant !

— Mais ça n'a aucun sens ! me contredit-il encore.

— J'ai écouté ma mère le dire au téléphone.

Il se recule un peu, le haut de son corps est secoué un peu dans tous les sens comme si lui-même rejetait les mots que je venais de prononcer.

— Je venais de partir de l'appartement et je ne devais pas y revenir mais j'avais oublié ma carte de transport. J'ai écouté ma mère s'énerver au téléphone. Elle criait et disait que malgré le fait qu'il soit mon père, c'était elle et seulement elle qui décidait de ce qui était le mieux pour moi. Qu'il n'avait pas son mot à dire puisqu'il n'avait pas voulu de moi.

Je soupire. J'ai l'impression que la voix de ma mère est encore dans les airs. C'était la première et dernière fois que je l'ai entendu parler ainsi à mon père. Je ne sais pas ce qui s'était passé mais elle était réellement hors d'elle.

— Ton père n'aurait pas son mot à dire ? C'est ridicule !

Moi aussi, j'ai mis du temps à l'accepter parce que je le revoyais s'occuper de moi ou j'entendais à nouveau ses belles paroles mais après, j'ai fait attention aux détails. Au fait qu'il ait annulé plusieurs weekends où je devais me rendre chez lui. Qu'il soit parti en vacances avec George et ses filles sans moi. Qu'il ait arrêté de me faire des journées entre mecs où nous partions à l'aventure. Qu'il allait à la Cookie Factory avec les filles. Qu'il ne m'appelait plus que les dimanches soir...

A ces pensées, je sens les larmes me monter aux yeux. Je me recule sur le canapé, m'éloignant volontairement d'Elliott. J'essaie de m'installer le plus confortablement possible contre l'accoudoir, de manière à ne pas me faire mal à la cheville et plie l'autre jambe contre moi, passant le sweat autour. Je pose mes bras sur mon genou puis mon front. Ainsi Elliott ne verra pas mes yeux rouges et humides.

— Tu en as parlé avec lui ? Pour avoir sa version.

— Je n'ai pas besoin de sa version, murmuré-je, peu désireux de discuter de ce sujet que ce soit avec mon père ou Elliott. Pas besoin de l'entendre de sa bouche qu'il aurait préféré que je ne sois pas là.