mes avions.

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52. mes avions.

Aucune larme. Aucun cri. Aucune étreinte. Aucun geste. Aucun regard. Rien.

Je n'ai rien fait avant de rejoindre ma chambre pour me changer.

Je n'ai rien fait non plus quand je suis parti de la maison.

Je n'en avais pas le courage. Il fallait absolument que je m'éloigne d'eux pour que je réalise ce qu'ils venaient de m'apprendre.

Mon père n'est pas mon père.

J'ai un léger ricanement nerveux. Je n'aurais jamais pu le découvrir seul. Ces deux dernières années, j'ai passé tellement de temps à me maudire, me détester par moment parce que je me reconnaissais tellement dans mon père. Mes yeux, ma taille, mes goûts, mon mauvais caractère, mon tout. J'avais toujours cette impression, en me regardant dans un miroir, de voir mon père. Ou Louis ? Comme je dois l'appeler en fait ?

J'enfouis mon visage dans mes mains et grogne de mécontentement. À cet instant, les bras d'Elliott m'entourent et me serrent comme pour m'empêcher de me noyer dans mes pensées. Il embrasse la peau fine de mon cou, en dessous de mon oreille à plusieurs reprises puis me murmure au creux de l'oreille :

— Je suis là pour toi...

Je ferme les yeux. Oui, il est là et je me rends alors compte qu'il a su à chaque fois ce dont j'avais besoin. Je n'ai rien eu à lui demander, rien eu à dire. Il m'a laissé du temps, seul, dans ma chambre, puis il m'a suivi ici. Sur cette colline, en face de l'aéroport. Il n'avait pas ouvert la bouche jusqu'à présent me laissant digérer l'information.

Mon père n'est pas mon père.

Je ramène mes jambes contre moi alors qu'Elliott enfouit son visage dans mon cou. Son souffle m'apaise et me fait même un peu frissonner. Son corps me réchauffe, me bloquant aussi le froid de mars. Mon regard s'évade au loin et suit le décollage d'un avion. Un pincement au cœur, je regrette de ne pas me trouver dedans. M'envoler, m'éloigner, m'évader... Oublier.

— Il va faire nuit, m'annonce-t-il.

Je lève les yeux vers le ciel et je remarque alors qu'en effet, le ciel commence à s'obscurcir. J'étais tellement pris dans mes pensées que je n'ai pas vu les minutes passer. Combien de temps sommes-nous restés assis sur cette colline ? Et pourtant, malgré ces heures, je suis toujours aussi perdu avec mes incertitudes et mes peurs.

Mon père n'est pas mon père.

Je sais que nous ne pouvons pas subsister ici mais je ne veux pas rentrer. Je ne m'en sens pas le courage. Ma lèvre tremble légèrement. Au-delà de leur mensonge qui fait mal, c'est l'idée que mon... Géniteur n'est pas voulu de moi qui tourne aussi en boucle dans mon cerveau. Finalement, j'avais raison. Je n'aurais jamais dû exister. Je ne devrais pas être là dans les bras de mon petit-ami. Je ne devrais pas penser au cadeau que je vais faire à Noah pour son anniversaire. Je ne devrais pas jouer au foot avec Ali.

— Je ne devrais pas être là, déclaré-je soudainement.

— Oui, on de...

— Non, je ne devrais pas bouger, manger, respirer, penser... Vivre, ajouté-je après un instant de silence.

Cette simple constatation me brise de l'intérieur. Me broie le cœur. Écrase ma poitrine. Disloque mon crâne. Inonde mes yeux.

— Ne raconte pas n'importe quoi ! Tu n'es pas vivant parce que les gens n'ont pas eu le choix, commence-t-il doucement. Mais parce que ta mère t'a désiré. Parce que ton père t'a aimé au premier regard. C'est la définition même des parents, tu sais. C'est beau, je trouve...

problem child. - idy 2Where stories live. Discover now