ma victoire.

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46. ma victoire.

J'avale une gorgée de jus de pomme et jette un coup d'œil autour de moi. Je fronce les sourcils ne reconnaissant absolument pas cet endroit. Pourtant, mon père ne cesse de m'affirmer que c'est le même café où nous avions l'habitude d'aller avant mais rien à faire ces murs ne me disent rien.

— Tu es sûr de toi ? lui demandé-je à nouveau.

— Sûr et certain ! Je ne peux pas oublier La douce baguette !

Il boit un peu de son thé tout en regardant les lieux et poursuit :

— Mais c'est vrai que ça a bien changé !

— Tu m'étonnes ! Je reconnais rien, moi !

— La toute première fois que je suis venu ici, c'était avec toi et George. Tu devais avoir cinq ans et tu voulais absolument t'asseoir sur les tabourets, là-bas.

Il me montre du doigt les hautes tables qui se trouvent dans un coin de la salle de restauration.

— Quoiqu'on te dise, tu refusais de nous écouter. Déjà à l'époque, tu avais un caractère bien affirmé...

Cette affirmation le fait sourire comme si c'était un bon souvenir que j'ai été un gamin capricieux. Je reprends un morceau de saucisse et l'écoute avec attention.

— G avait tellement peur que tu tombes qu'il a passé tout le repas debout derrière toi et nous, on se moquait de lui.

Je ne rappelle pas de ça. En même temps, ce n'est pas étonnant si j'avais cinq ans.

— Il était déjà très... papa poule. C'était mignon à voir.

Comme à chaque fois que mon père parle de George, j'ai comme l'impression que des cœurs vont lui sortir des yeux. C'est quand même impressionnant de les voir être encore si amoureux après autant de temps ensemble.

— Ca a toujours été facile entre George et toi ? l'interrogé-je, curieux.

Il baisse la tête comme si son assiette était soudain plus intéressante que le monde l'entourant. Il finit son toast et sans savoir pourquoi, j'en fais de même, lui laissant le temps de me répondre. Une ou deux minutes plus tard, il entoure sa tasse de ses mains et soupire doucement.

— Rien n'est jamais facile en amour, déclare-t-il, sérieux.

Je pique ma fourchette dans quelques champignons et me fige à l'écoute de cette phrase qui résonne comme une vérité en moi.

— Et encore moins quand... la fierté et la peur s'en mêlent.

— Tu avais peur ?

— J'étais... Comment dire ? Un homme à femmes ? Ouais, c'est ça. J'avais toujours été attiré par des femmes. Grande, petite, mince ou non, brune ou blonde... J'aimais toutes les femmes puis George est arrivé dans ma vie. J'ai eu peur parce que... C'était loin de tout ce que j'avais connu avant. C'était l'inconnu et l'inconnu fait peur.

— Et avec ma mère ? l'interrogé-je automatiquement, sans même réfléchir.

— Poppy... C'est une autre histoire.

— C'était un de tes coups d'un soir ?

Je ne suis même pas énervé ou déçu en posant cette question. J'ai toujours su que mes parents étaient différents des autres parents. De plus, je sais déjà que mon père ne voulait pas de moi alors c'est comme la suite logique des choses.

— Non.

J'ouvre de grands yeux, surpris.

— On ne t'a jamais raconté comment on s'était rencontrés, ta mère et moi ?

problem child. - idy 2Where stories live. Discover now