mon remplaçant.

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9. mon remplaçant.

J'ai eu tellement de premier jour que je ne les compte même plus. C'est presque devenu une habitude pour moi d'arriver dans un nouvel établissement. Je connais chaque étape de ce genre de journée...

Passer le portail, la porte ou traverser la cour sous le regard des autres élèves qui donnent l'impression qu'une armée d'extraterrestres viennent d'envahir leur lycée.

Me rendre au secrétariat pour avoir ma classe, mon emploi du temps et mon casier sous le regard des autres et des employés de l'administration.

Promettre que je suivrai le règlement intérieur tout en sachant que je ne tiendrai pas cette promesse sous le regard suspicieux du proviseur.

Devoir donner mon nom à tous les nouveaux professeurs sous le regard curieux de mes camarades de classe.

Faire semblant d'écouter leurs cours sans que quiconque s'occupe de moi au fond de la salle.

Manger au self en évitant toutes les personnes qui voudraient me parler parce qu'ils pensent que c'est de leur devoir de ne pas laisser le petit nouveau seul dans son coin.

Eviter les garçons.

Eviter les filles.

Eviter tout être semblant humain...

Voilà des rentrées comme je les aime. Mais c'était avant que je me rende au lycée de Barnard Castle. Avec Elliott Doggers... En dehors du fait qu'il ne me lâche pas une seule seconde depuis que nous sommes sortis de la voiture de sa mère, je dois à présent faire face à la popularité d'Elliott. Il n'y a pas grand-chose d'étonnant à ce qu'il soit apprécié voire même aimé par la majorité du lycée.

Elliott est gentil, doux, attentionné, drôle, intelligent et sportif – j'avais appris dans la voiture qu'il ne faisait pas de la natation mais du rugby ce qui n'a rien d'original dans notre pays. Oui, il était le mec parfait que nous voyons toujours dans tous les films pour pré-adolescentes et il semblait assez évident après seulement quelques minutes dans cet établissement, que toutes les filles voulaient réellement sortir avec lui.

— T'as une copine ? l'interrogé-je.

Je me souviens de lui comme d'un gamin assez timide avec les filles que nous pouvions croiser lors de nos petites balades en vélo ou au cinéma. Je n'ai d'ailleurs aucun souvenir de lui sortant avec l'une d'elles... Je lui avais d'ailleurs demandé un jour, alors que nous devions avoir treize ou quatorze ans, s'il préférait les garçons – un père bisexuel, ça ouvre vite les œillères – et il m'avait simplement répondu : « Je ne crois pas ».

— Pour quoi faire ?

Il fait un nouveau signe de main pour saluer une quelconque connaissance alors que nous nous dirigeons vers mon casier. Je m'arrête dans les escaliers, abasourdi par sa réponse. Je ricane même un peu. En m'entendant, il m'imite entre deux marches et me jette un regard attendant réellement que je développe ma question.

— Tu te moques de moi, c'est ça ?

Il secoue la tête avec sérieux. Il laisse son regard glisser sur mon corps et quand il le reporte sur mon visage, il me lance :

— Tu as une copine, toi ?

Je souris et à mon tour, dis :

— Pour quoi faire ?

Il me tend le bras et nous nous serrons la main comme si nous étions mis d'accord sur un moyen d'éradiquer la faim dans le monde. Nous reprenons notre chemin et il m'annonce :

problem child. - idy 2Donde viven las historias. Descúbrelo ahora