problem child. - idy 2

mon dérapage.

28. mon dérapage.

Je m'installe sur la chaise de mon bureau et soupire en apercevant la dernière note que j'ai eue. Une catastrophe. Je bascule la tête en arrière. Je ne sais même pas pourquoi je continue d'aller au lycée alors que je sais que je ne comprends pas un traître mot de ce que peuvent raconter les professeurs et que je n'aurais jamais le bac. Je vais redoubler... Mais ça fera la même chose, j'en suis certain.

Parfois, je me demande vraiment si je ne suis pas stupide, demeuré, con... Peu importe la manière de dire, le résultat reste le même. C'est la seule chose qui expliquerait que je n'arrive pas à retenir deux dates en Histoire ou que les analyses de textes en Littérature soient du charabia pour moi alors que je vois les autres s'en sortir haut la main.

Partir quand j'aurais mes dix-huit ans ne sera pas seulement une façon de m'éloigner de mon père et de ma mère. Ça sera aussi mon moyen de mettre fin à cette débâcle scolaire. Je ne serai pas le premier homme à ne pas avoir de diplôme pour vivre. Le travail ne me fait pas peur tant que je n'ai pas à écrire de dissertation sur Shakespeare ou un autre truc du genre.

Un calepin à la main, je fais mes comptes. Avec ce que je gagne à la Cookie Factory, combien j'aurais en juin ? Aurais-je assez pour partir et m'installer quelque part ? Je pense que si je fais quelques heures supplémentaires de temps en temps et si je travaille pendant les vacances, ça pourrait me faire une jolie somme sans être pour autant importante. Juste assez pour les premières semaines.

Je tapote mon carnet avec la pointe de mon stylo à plusieurs reprises. Il doit me rester quelques économies dans la vieille tirelire qui se trouve dans ma chambre à Londres. Mais ça ne doit pas voler très haut. Je regrette alors aussitôt tous ces achats impulsifs que j'ai pu faire. Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise et soupire.

Je tourne la tête et observe longuement ma basse qui n'a pas bougé de place. Toujours bien installé sur son support, elle me nargue. Je suis allé dans la salle de musique que George m'a mise à disposition dans son école. J'y suis allé et je n'ai rien pu faire. Je suis resté une heure, une basse entre les mains sans pouvoir en jouer. J'étais comme tétanisé. C'était ridicule à voir. J'ai finalement fui l'immeuble sans dire le moindre mot à George pour rejoindre comme convenu Elliott pour voir Dae danser.

Je pourrais peut-être la vendre...

Une basse comme ça doit valoir une sacrée somme, non ? Je n'y connais rien. J'en ai joué pendant des années mais je ne m'occupais pas de tout ça. George et mon père se chargeaient de tout. De me faire plaisir avec la musique. Et maintenant, je me demande s'ils... S'ils n'ont pas fait tout ça pour que je rentre dans leur petit moule. Quitte à se coltiner le bâtard autant qu'il sache faire de la musique, que ça fasse bien auprès des voisins.

C'est peut-être ça qui me bloque aujourd'hui. Je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus qui je dois être. Je ne sais plus qui j'ai le droit d'être. Je grogne et mécontent par mes propres pensées, prends toutes les feuilles qui trainent sur mon bureau et les jette par terre. J'allume mon vieil ordinateur et attends. Il met une éternité pour finalement afficher un écran bleu avec plein d'icônes. Je clique sur le navigateur internet et je commence mes recherches.

Où voudrais-je aller ? Je ricane parce que à ce niveau, est-ce que mes goûts et mes envies entrent en jeu ? Vu mes finances, je vais sûrement rester en Europe, ça sera plus sûr. De plus, mes talents linguistiques sont malheureusement plutôt limités alors... Mes choix sont plutôt limités aussi. Je vais devoir rester au Royaume-Uni pour ne pas me compliquer plus la vie. Alors je vais sur Mappy et clique sur plusieurs villes au hasard. Deux en Écosse, une en Irlande et trois au Royaume-Uni. Et me voilà parti à les découvrir via les sites touristiques.