Livre n°8

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Quand j'étais petit, j'ai toujours rêvé d'être policier. Je crois que je pourrais me servir de ça pour justifier mon achat du jour. Il ne me croira certainement pas, moi-même je ne me trouve pas très convaincant. Comment justifier que je vienne d'acheter une paire de menottes si ce n'est par un vieux fantasme d'un gamin de cinq ans ? Je pourrais très bien me mettre à table et balancer la vérité en admettant que ce soit pour en savoir plus sur lui, mais cela lui ferait bien trop plaisir que j'éprouve un besoin quelconque d'en savoir plus que ce qu'il ne veut bien montrer. Je suis même pratiquement certain qu'il s'y attend, sinon, pourquoi m'aurait-il emmené jusqu'ici si c'est pour me faire attendre au milieu de la boutique ? Il se doute forcément de quelque chose et je ne peux me permettre de le sous-estimer. Hugo est un homme intelligent. Peut-être même bien plus que je ne veux bien l'admettre et à côté, je fais pâle figure. Je dois avoir le cerveau d'un vers de terre.

- Donc ? En quel honneur ce petit achat ? Envie de pimenter tes nuits ?

- Combien même ce serait le cas, cela ne vous regarde en rien. Contrairement à certains, je n'étale pas ma vie sexuelle au premier venu.

- Encore faudrait-il en avoir une.

Alors, je ne sais pas si je dois le prendre personnellement ou pas.

- J'en ai une, insisté-je

Et pourquoi est-ce que je me sens l'envie de lui prouver ? C'est vraiment stupide. Tout ceci est stupide.

- C'est bon à savoir.

En quoi ? Hein ? Qu'est-ce que ça change ? Je dois le rajouter sur mon CV comme talent particulier, c'est ça ?

- Donc tu vas pouvoir rentabiliser ça.

- J'en ferais ce que j'en veux. Il pourrait me prendre l'envie de vous attacher dans un coin aussi.

Je me rends subitement compte de ce que je viens de dire et la gêne et la honte me monte directement au nez tandis que je meurs d'envie de me cacher sous le siège de la voiture alors qu'Hugo regarde droit devant lui, l'air détendu, mais ayant un léger sourire satisfait dans le coin de ses lèvres.

- Pour me débarrasser de vous ! Ne vous méprenez pas.

- Oh, mais je n'ai rien dit. C'est toi qui t'es lancé tout seul sur le sujet.

- C'est à cause de vous tout ça. Vous savez quoi ? Posez moi au prochain arrêt de bus, je vais rentrer.

- Et on peut savoir de quel droit tu t'octroies une journée de congé ? Tu as du boulot qui t'attend cette après-midi.

- Oui, mais ce soir j'ai une soirée je ne compte pas m'y rendre en ressemblant à un zombie.

- Les fameuses soirées étudiantes qui font de l'homme le plus respectable, le pire des déchets. Je connais, tu sais ?

- Vous dites ça alors que je suis certain que vous êtes le premier à boire comme un trou et à rentrer avec n'importe quelle femme sous votre bras. Hier déjà vous l'avez mentionné et je cite "soirée de débauche".

- Tu as à peine vingt ans, j'en ai pratiquement trente. À mon âge, je peux bien faire ce que je veux.

- Moi aussi. Je suis majeur et vacciné. Puis, pour info...Vous n'êtes pas mon père.

***********************

Je me sens minable. J'ai envie d'oublier toute cette histoire. Est-ce qu'il est trop tard pour commencer à construire une machine à remonter le temps ? J'en ai sérieusement besoin. Du genre vraiment, vraiment besoin.

- Bah alors mec ? T'es pas en forme ce soir ? T'es toujours à ta première bière.

- Ce n'est peut-être pas ma soirée.

Sous ta plume (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant