Livre n°19

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Comme convenu, j'ai rejoint Georges une heure plus tard devant son immeuble. À son visage et à l'air interrogateur gravé sur ce dernier, je me doute qu'il a mille et une questions à me poser sur le pourquoi du comment je me retrouve dans une telle situation et honnêtement, si ça ne tenait qu'à moi, je pense que je lui balancerais tout. Toute l'histoire. Je lui dirais ce qui m'est arrivé, comment tous ces événements me rendent complètement dingue, combien c'est lourd de devoir garder un secret.

- Je sais que tu as des questions, je le comprends et je ne...

- J'en ai, c'est vrai, mais je ne te demanderais rien, m'interrompt-il. Et tu sais pourquoi ? Parce que je sens que tu t'es mis dans une galère pas possible, que si on doit en parler ça va être l'une de ces conversations qui dure toute la nuit et très honnêtement, je t'aime bien Léon, mais j'ai une préférence platonique pour mon sommeil et j'y tiens. Alors, on va juste rentrer, s'affaler, se doucher, boire une bière ou deux et se coucher. Ça te vas comme programme ?

Aussi, oui, on peut faire ça. Moins on me posera de questions sur ce qu'il s'est passé, plus je serais susceptible d'oublier que j'ai littéralement pété un câble devant mon employeur, mon tuteur de stage et cette étrange femme. On dit que l'alcool aide à "oublier", même si c'est temporaire, je pense que je vais tenter ma chance.

- Tu devrais aller te doucher, je vais te sortir des affaires et te les poser sur l'évier à côté de la douche. De nous deux, t'es celui qu'à la gueule la plus éreintée.

- Je vais tâcher de prendre ça pour un compliment, merci.

Je laisse donc mes affaires dans un coin, vers le canapé tandis que je m'enferme dans la salle de bain.

Je pense à m'excuser pour ce que j'ai dit, mais encore faudrait-il que je sois sincère, or même si j'ai dérapé, je n'ai pas une once de regret. Sur le moment ça m'a fait du bien, ça m'a soulagé et je pense qu'une fois par mois, les gens devraient être habilités à hurler comme ça sur tout ce qui les embête. Crier tout ce que l'on retient depuis trop longtemps. On devrait tous avoir une autorisation spéciale à faire-valoir.

Quand je sors de la salle de bain avec les fringues de Georges sur les fesses, je retrouve ce dernier installé par terre, deux bières posées sur la table basse et me regardant avec un grand sourire.

- Comme quoi ! L'habit fait l'homme. Maintenant t'as une tête d'homme nouveau.

- Je suis étonné qu'on fasse encore la même taille...c'est dingue.

- Pourquoi tu dis ça ? T'as grossi ? T'es enfin passé au XL ?

- Je suis toujours au L, mais c'est juste que déjà avant on s'échangeait nos fringues en cas de besoin. Tu venais souvent chez moi pour me piquer des chemises avant de sortir en soirée.

- Mais maintenant, je suis clairement celui qui s'habille le mieux de nous deux. Bon, je viens de remarquer qu'on a plus de chips, alors je vais en chercher à l'épicerie en bas de la rue. Je reviens.

- Tu veux que je vienne ?

Il me regarde avant de secouer la tête

- Léon, suis-je une fille pour que tu aies à m'accompagner partout ?

- Non, mais je...

- Alors, pose ton cul et profite. Je n'en ai pas pour longtemps. Je reviens.

Refermant la porte de l'appartement derrière lui, le calme et le silence envahissent la pièce tandis que je me retrouve seul. Son appart' est clairement mieux rangé que le mien. Il n'y a rien qui traîne, tout est sur des étagères, ses bouquins sont même par ordre de taille. C'est fou. Parfois je me rends compte que Georges est plus que le type un peu chiant qui vous colle à longueur de journée quand il veut quelque chose. Il est méticuleux, soigné, attentionné et surtout très obstiné. Je crois que c'est cette obstination qui m'effraie un peu chez lui, car j'ai peur qu'un jour, Georges devine qui est "H-Ley" et qu'il m'en veuille pour ne pas lui avoir dit la vérité. Ce n'est pas un secret d'État non plus, mais il serait capable de m'en vouloir.

Sous ta plume (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant