Livre n°10

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Je ne sais pas ce qui me mets le plus malaise : le regard d'Hugo qui ne me lâche pas ou le cliquetis de la pendule se trouvant juste au dessus de ma tête. Un silence omniprésent tandis que l'on attend tous les deux que le sèche-linge ait fini son oeuvre pour que je puisse quitter mon déguisement de dieu grec.

- Vous pouvez arrêter de me regarder comme vous le faites ?

- Je ne fais rien de particulier.

- Justement. Arrêtez. C'est gênant et très malaisant.

- Ce n'est pas comme si je pouvais me tourner non plus. Je risque d'avoir un torticolis et étrangement, tu es assis là, en face de moi.

- Dans ce cas, je m'en vais dans la chambre.

- Tu ne veux pas récupérer tes vêtements Léon?

- Si, j'y tiens même.

- Je crois que le programme a bientôt fini de tourner.

- Niquel je pourrais me rhabiller et me sentir à l'abri de votre regard...pervers.

- Je ne fais qu'admirer ta silhouette. Tu fais du sport ?

- Aucun.

- Pas même en chambre ?

- Si je vous dis que non ?

- Donc tu m'as menti quand tu as dit que tu avais une vie sexuelle active ?

- Quoi ?! Mais non ! Je...

Bon, peut-être un peu. Mon dernier coup remonte à quelques mois maintenant, je le reconnais. En même temps cette dernière relation ne m'a pas fait spécialement du bien non plus.

- Vous l'avez dit vous-même, non ? Ne mélangeons pas le privé et le travail. Donc je ne vais certainement pas vous détailler ma vie privée et encore moins ma vie sexuelle.

- Et moi qui pensais apprendre quelques détails sur la vie de débauche de ce brave Léon !

- On ne s'appelle pas tous "Hugo".

- Est-ce un compliment ou un reproche ? Personnellement je le prends comme un compliment.

- Prenez le comme vous voulez, je m'en fiche.

Au même moment, le bip du sèche-linge nous avertit tous les deux que ce dernier a fini de tourner et que donc, je peux enfin me rhabiller.

- Sauvé par le gong comme on dit.

- Pour être sauvé, il faudrait se sentir menacé.

- N'est-ce pas le cas ?

- Nullement.

- C'est pour ça que tu t'empresses de courir dans la buanderie. Et tu oses me dire que tu ne me fuis pas ?

- Ce n'est pas vous que je fuis, mais cette conversation vraiment très gênante.

Et lui également par la même occasion, c'est vrai. Mais peut-on m'en vouloir ? J'ai l'impression qu'à force, Hugo serait capable, par je ne sais quel procédé, de me tirer les vers du nez. Je pourrais très bien m'allonger sur son canapé et lui avouer toute ma vie tant qu'on y est, mais ce n'est pas le cas. Je n'ai pas envie qu'il sache qui je suis et d'où je viens. Ce n'est pas un secret, mais je pense que c'est un peu pareil pour tout le monde : personne n'aime voir sa vie privée étalée devant tout le monde. Je n'ai rien à cacher, mais rien n'a dévoiler non plus.

- Au fait Léon ?

- Hmm ? Quoi ?

- Tu n'aurais pas besoin de ça pour t'habiller par hasard ?

Alors dans la buanderie pour récupérer mes affaires, je me penche en avant dans le couloir pour voir Hugo jouant du bout du doigt à faire tourner mon caleçon avec un large sourire.

- Et on fait tourner les caleçons !

- Arrêtez de jouer avec ça ! Vous avez sérieusement un problème.

- Je ne sais pas ce qui est le plus inquiétant tout à fait entre nous : Qu'à mon âge je m'éclate encore comme un dingue ou qu'à ton âge tu sois totalement coincé.

- Je ne suis PAS coincé.

- Si tu l'es. Regarde, tu rougis comme un poivron.

- En même temps vous jouez avec mes sous-vêtements !

- Roh ! On est entre hommes, détends-toi. Ce n'est pas comme si je jouais avec ta petite culotte quand même !

- Pour moi, ça revient au même. Donnez-moi ça d'ailleurs.

Je lui arrache des doigts tandis qu'il éclate de rire et que je repars vexé en bougonnant quelques mots.

- Gamin !

Sous ta plume (BxB)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora